Pilule contraceptive et fausses informations: il faut «lire les petits caractères et parler à son médecin»
Agence QMI
Une jeune femme victime d’un AVC possiblement lié à un composant de sa pilule contraceptive met en lumière un enjeu important: comment bien s’informer lorsque l’information médicale est à la fois «complexe, multiple», comme le souligne une médecin?
Le 17 avril dernier, Alexandra Voizard, 21 ans, a fait un AVC alors qu’elle était en cours au cégep. «J’ai commencé à être étourdi. Je me suis levée, je perdais l'équilibre. [...] Je suis sortie pour essayer de prendre de l'air. [...] J’avais de la misère à parler, je commençais à perdre un peu la vision [...] je pouvais plus marcher parce que mon côté gauche commençait à être paralysé», a-t-elle raconté au micro d’Isabelle Perron à QUB radio et télé, diffusé simultanément sur les ondes du 99,5 FM Montréal, mardi.
«J’ai dit à mon amie ‘’appelle mon chum pour qu'il vienne me chercher’’. Finalement, c'est l'ambulance qui est venue.»
La jeune femme se réveille quelques heures plus tard, aux soins intensifs de l’hôpital de Châteauguay où elle apprend qu’elle a fait un AVC. Les médecins auraient alors émis l’hypothèse d’un lien possible entre sa pilule contraceptive contenant de l’œstrogène, l’AVC et ses antécédents cardiaques.
Sur les réseaux sociaux, Alexandra encourage les jeunes à discuter avec leur médecin et à bien s’informer sur les effets secondaires possibles en fonction de leur état de santé ou de leurs antécédents médicaux.
«Je veux vraiment qu'on prenne le temps de lire les effets négatifs. Comme moi, avec mon cas, je ne pouvais pas prendre avec l' œstrogène.»
Un moyen de contraception «complexe»
Depuis dix ans, l’utilisation de la pilule contraceptive est en baisse, tandis que les fausses informations sur ses effets se multiplient sur les réseaux sociaux.
La Dre Michelle Houde, médecin spécialiste en santé publique et médecine préventive, souligne que bien que les contraceptifs hormonaux comportent de faibles risques, ils contribuent également à réduire le risque de certains types de cancer.
«L'information est tellement complexe, multiple», a-t-elle admis en entrevue à Qub.
«La contraception avec œstrogène, oui c'est vrai, elle augmente légèrement le risque de cancer du sein. Par contre, c'est quelque chose qui est très léger et la majorité des cas de cancer du sein se présente après 50 ans, c'est-à-dire après la fin de la période fertile. [...]. La contraception avec œstrogène diminue aussi le risque de certains cancers, comme le cancer de l'ovaire, le cancer de l'endomètre. Alors, ça fait partie des risques, mais qui sont considérés comme étant très petits», a-t-elle déclaré, soulignant d’ailleurs que la dose d'œstrogène dans la contraception a diminué «grandement avec les années.»
Pour elle, la désinformation sur les réseaux sociaux mène à des comparaisons erronées, comme dire que la pilule est aussi nocive que le tabac ou l’amiante. «C'est faux, faux, faux, faux», martèle la Dre Houde.
«Je trouve ça beau d'entendre le discours d’[Alexandra Voizard], [qui dit]: ‘’Prenez votre santé entre vos mains’’, lisez les petits caractères, mais parlez à votre médecin, à votre infirmière praticienne, pharmacienne, à votre professionnelle de la santé, posez des questions, regardez l'ensemble des possibilités avec les plus et les moins. Il ne faut pas se mentir, c'est complexe la contraception.»
La médecin spécialiste rappelle que la contraception demeure un outil de santé publique essentiel et «très positif».
«Son accessibilité est extrêmement importante pour la santé des gens en général et pour l’égalité des genres.»
Écoutez les deux entrevues complètes ci-dessus.