Publicité
L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

Pierre Poilievre: un post-populiste

Pierre Poilievre donne l’impression de s’intéresser fort peu au Québec.
Pierre Poilievre donne l’impression de s’intéresser fort peu au Québec. Photo d'archives, Stevens LeBlanc
Partager
Photo portrait de Guillaume Rousseau

Guillaume Rousseau

2024-09-03T19:30:00Z
Partager

La série d’articles de votre Journal sur le chef conservateur continue de faire jaser, tant Pierre Poilievre est un mystère qui risque d’influencer fortement le Québec. Et si on pouvait mieux le comprendre en l’associant au post-populisme?

À la fin des années 90, la gauche et la droite sont devenues difficiles à distinguer, les deux prônant des politiques libérales. Au tournant des années 2010, est survenue une montée du populisme, d’abord à droite puis à gauche, afin de diversifier l’offre politique. Toutefois, ce populisme se traduisait davantage par un style, plus agressif et opposant le peuple aux élites, que par des politiques de fond donnant réellement des résultats. Cela a laissé les électeurs sur leur faim, d’où l’émergence du post-populisme, notamment en Italie, qui débouche sur un retour du clivage gauche-droite et l’application d’idées politiques à la fois moins modérées que celles des années 90 et plus réalistes que celles des années 2010. Le tout, dans un contexte où la rhétorique est aussi plus forte que dans les années 90 mais moins que dans les années 2010.

Où se situe Pierre Poilievre dans ce contexte? Sur le fond, il peut être associé au post-populisme, car il a des idées vraiment de droite en matière de finances et de fiscalité ou, dans une moindre mesure, d’immigration. Sur la forme, autant son ton rappelle celui des populistes, autant il serait exagéré de prétendre qu’il a le monopole sur les insultes, considérant que Justin Trudeau a associé ses adversaires aux ségrégationnistes américains ou à l’extrême droite, en plus de traiter un ministre conservateur de «morceau de m...» en pleine Chambre des communes.

Ce n’est donc pas son ton qui explique la popularité relativement faible de M. Poilievre au Québec, révélée par un sondage récent fort crédible. C’est plutôt qu’un ingrédient du succès du post-populisme lui manque: le patriotisme... du moins celui du Québec.

Publicité
Publicité