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L'article provient de TVA Nouvelles
Politique

Pierre Poilievre réussira-t-il à garder la main sur les troupes conservatrices dans la défaite?

Le torchon brûle déjà dans les rangs des bleus, qui pourraient choisir de se doter d’un nouveau chef

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Photo portrait de Anne Caroline Desplanques

Anne Caroline Desplanques

2025-04-29T22:30:00Z
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Les élections de lundi vont forcer un rebrassage des cartes à Ottawa qui soulèvent plusieurs questions.


Pierre Poilievre peut-il demeurer chef de l’opposition officielle?

Défait dans son comté de Carleton, il peut rester chef de l’opposition sans avoir de siège à la Chambre des communes jusqu’à ce qu’une circonscription se libère. Un député conservateur pourrait aussi lui céder rapidement sa place dans le cadre d’une élection partielle. Mais Mark Carney a le loisir de laisser couler jusqu’à 180 jours (six mois) entre l’avis de vacance et la date de l’élection partielle, laissant ainsi le temps aux troupes conservatrices de dévorer leur chef.

Moins de 24h après la défaite et malgré une nette progression du parti dans les urnes, en particulier en Ontario, «le torchon brûle déjà» dans les rangs conservateurs, souligne Daniel Béland, directeur de l’Institut d’études canadiennes de McGill. Il indique que la frange plus modérée du parti pourrait bien pousser M. Poilievre vers la sortie pour le remplacer par quelqu’un comme Tim Houston, le premier ministre progressiste-conservateur de la Nouvelle-Écosse. Le nom de Doug Ford, le premier ministre de l’Ontario qui a ouvertement critiqué la campagne de Pierre Poilievre, est aussi dans les esprits.

Les règles internes du parti obligent à tenir un vote de confiance au prochain congrès suivant une défaite. Un vote pourrait même avoir lieu avant, si 20% des députés demandent par écrit une révision du leadership.

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Le chef conservateur Pierre Poilievre et sa femme Anaida hier à Ottawa.
Le chef conservateur Pierre Poilievre et sa femme Anaida hier à Ottawa. Photo AFP


Qu’adviendra-t-il du NPD?

Avec moins de 10 députés en chambre et seulement 6% des votes, le NPD a réalisé le pire score de son histoire.

Le NPD perd ainsi son rang de parti officiel à Ottawa, ce qui signifie que son prochain chef et son leader parlementaire n’auront pas de bureau au parlement, ni le budget.

Selon Karl Bélanger, président de Traxxion Stratégie et ex-directeur national du parti, le député de Rosemont Alexandre Boulerice pourrait succéder à Jagmeet Singh. Il mentionne également la cheffe des néodémocrates de l’Alberta, Rachel Notley, la mairesse de Montréal, Valérie Plante et le premier ministre du Manitoba, Rob Kinew.

Le chef néodémocrate Jagmeet Singh à Burnaby, en Colombie-Britannique hier.
Le chef néodémocrate Jagmeet Singh à Burnaby, en Colombie-Britannique hier. photo REUTERS


Qui sera l’allié du gouvernement minoritaire en Chambre?

Avec 169 sièges en chambre, le gouvernement devra obtenir l’appui de trois députés d’opposition pour faire avancer son programme législatif.

Une alliance formelle avec le Bloc Québécois serait mal perçue dans le reste du Canada.

M. Béland n’exclut pas que le Parti libéral réussisse à pousser des députés d’opposition, même conservateurs, à passer dans ses rangs.

La Chambre des communes à Ottawa.
La Chambre des communes à Ottawa. Photo d'archives


Doit-on prendre les menaces de sécession de l’Ouest au sérieux?

Le dernier sondage Léger indique qu’un tiers de la population de l’Alberta et de la Saskatchewan voudrait que sa province sorte de la fédération. Pendant la campagne, Preston Manning, fondateur du défunt Parti réformiste du Canada, a prévenu qu’«un vote pour les libéraux de [Mark] Carney est un vote pour la sécession de l’Ouest».

Et encore une fois, les libéraux n’ont pas réussi à séduire les Prairies, alors qu’ils ont augmenté leurs gains au Québec, faisant même mieux qu’en 2015, lorsqu’il avait obtenu un gouvernement majoritaire.

Dans ce contexte, M. Béland prévient que Mark Carney devra tenir compte du sentiment d’aliénation de l’Ouest pour calmer les tensions régionales nocives pour l’unité du pays. Ceci implique des concessions au secteur énergétique, comme l’exige la première ministre de l’Alberta, Danielle Smith.

Danielle Smith après avoir remporté la chefferie du United Conservative Party, en 2022.
Danielle Smith après avoir remporté la chefferie du United Conservative Party, en 2022. Photo d’archives The Canadian Press


Sommes-nous en voie d’établir un bipartisme à l’américaine au Canada?

Pour MM. Béland et Bélanger, ce phénomène est pour le moment essentiellement conjoncturel, mais pourrait se cristalliser avec le temps. Selon eux, beaucoup de choses dépendront de l’avenir du NPD à ce chapitre: se convertira-t-il en parti de pouvoir compétitif à l’échelle nationale ou demeurera-t-il dans le rôle de conscience morale du gouvernement au risque de se marginaliser davantage?

Le président des États-Unis, Donald Trump
Le président des États-Unis, Donald Trump Photo AFP

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