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L'article provient de TVA Nouvelles

Pierre Poilievre rend la vie de plus en plus difficile aux journalistes

Photo d'archives, AFP
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Zachary Piché est étudiant à la maîtrise en affaires publiques et internationales à l’UdeM

2022-11-08T13:10:47Z
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En ce début de 21e siècle, les médias traditionnels traversent une crise de confiance. Au cours des dernières années, Donald Trump a ébranlé les colonnes du temple du journalisme et Pierre Poilievre poursuit maintenant l’œuvre de destruction. 

L’attaque frontale de Donald Trump contre les médias traditionnels a laissé une tache indélébile sur la démocratie américaine. Le président déchu a fait pleuvoir «feu et furie» sur les journalistes. Il les a qualifiés «d’ennemis du peuple», a réduit leur travail à de «fausses nouvelles» et n’a cessé de les mépriser et de les insulter sur les réseaux sociaux.

Ne vous inquiétez pas, cela ne se produira jamais au Canada! C’est ce que vous pensez? Détrompez-vous! C’est exactement ce qui se passe actuellement avec l’ascension politique de Pierre Poilievre.

Comparé à Trump

Plusieurs observateurs comparent le nouveau chef du Parti conservateur à Donald Trump. Ils font partie de la même droite radicale et populiste, et partagent la même hostilité pour la presse.

Pierre Poilievre sollicite l’aide de la population pour financer sa lutte contre les libéraux et les médias canadiens. Il renfloue la trésorerie du PCC par un appel à l’action: «Nous ne pouvons pas compter sur les médias pour transmettre nos messages aux Canadiens. Nous devons les contourner, eux et leur couverture biaisée».

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Monsieur Poilievre adopte souvent la même posture victimaire sur Twitter qui a marqué la présidence de Trump. Dans ses publications, il se présente comme la victime d’une alliance secrète entre CBC/Radio-Canada et le gouvernement libéral. Il accuse la société d’État d’être à la solde du pouvoir et de disséminer une propagande favorable à Justin Trudeau.

Cela lui permet de revendiquer son droit à la légitime défense et d’attaquer à répétition le diffuseur public. CBC devient ainsi «un grand gaspillage d’argent» qu’il faut définancer et privatiser.

On reconnaît cette rhétorique. Elle provient directement des États-Unis et elle est dangereuse pour la liberté d’expression.

Cette attaque contre CBC/Radio-Canada est à dénoncer. Elle repose sur une théorie du complot qui vise à affaiblir la crédibilité des médias et à plaire à une frange de fidèles. L’homme qui aspire à gouverner le pays sombre dans la démagogie.

Désinformation

Sa désinformation dénigre le rôle essentiel des médias dans la société. Le journalisme constitue un quatrième pouvoir dont la principale mission est de surveiller les pouvoirs exécutifs, législatif et judiciaire. Les médias renseignent la population et donnent vie aux débats. Ils vérifient les faits, et exposent les abus, les mensonges et les informations sensibles. Ils facilitent la mobilisation, donnent une voix aux populations discriminées et responsabilisent le gouvernement.

Les journalistes sont ainsi les chiens de garde de la démocratie. Ils n’épargnent personne de leurs crocs, pas même le premier ministre. C’est par leurs interventions qu’ont été dénoncés les manquements à l’éthique de Justin Trudeau dans l’affaire SNC-Lavalin et qu’a été démontrée son incompétence chronique à résoudre les crises que traverse son pays.

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En tant que citoyens, nous devons reconnaître que les journalistes œuvrent sans relâche pour renverser la tendance au secret des dirigeants. Nous leur devons beaucoup. Ils ont une importance fondamentale pour le maintien de la démocratie et pour la protection de nos droits et libertés. Comme disait René Lévesque: « Être informé, c’est être libre».

Or, Pierre Poilievre rend la vie de plus en plus difficile aux journalistes.

D’une part, il accorde peu d’entrevues aux médias. Il les a évités durant sa course à la chefferie du PCC et décline la quasi-totalité des interviews depuis sa victoire. Lorsqu’il parle aux journalistes, il prend quelques questions et quitte rapidement la tribune.

Pourtant, les périodes de questions sont des moments clés pour les journalistes pour contester les prises de position des politiciens. Le manque d’entrevues nuit à la qualité du travail des journalistes et les oblige à prendre leurs informations auprès de sources secondaires que le chef du PCC s’empresse de discréditer sur les réseaux sociaux.

D’autre part, il brise d’importantes traditions démocratiques. Il vient par exemple de sauter le dîner de la Tribune de la presse à Ottawa. La coutume veut pourtant que les élites politiques du pays se réunissent pour trinquer et rire ensemble. Ce rendez-vous manqué contribue à détériorer sa relation avec les médias.

En un mot, si Pierre Poilievre devient notre prochain premier ministre, au revoir, les journalistes!

Photo courtoisie
Photo courtoisie

Zachary Piché, Étudiant à la maîtrise en affaires publiques et internationales (MAPI) – UdeM, Montréal

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