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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

Pierre Poilievre. Lâchez-moi avec le Trump canadien!

Photo Agence QMI, MARIO BEAUREGARD
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Photo portrait de Emmanuelle Latraverse

Emmanuelle Latraverse

2024-08-31T04:00:00Z
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Pierre Poilievre ne manque jamais une occasion d’alimenter le refrain selon lequel il serait un Donald Trump canadien.

Après avoir traité le premier ministre de «wacko», il vient de traiter Jagmeet Singh de «vendu» qui appuierait le gouvernement Trudeau pour protéger sa généreuse pension du fédéral.

Les médecins qui défendent les sites d’injection supervisés, les économistes pro-taxe sur le carbone y sont aussi passés cet été.

S’il est si violent à vouloir faire taire ceux qui le critiquent, qu’en sera-t-il une fois au pouvoir?

En effet, la comparaison avec Trump est attrayante. Sauf qu’il y a une marge.

En politique, il y a la forme et le fond. Et on oserait croire qu’en 2024, le fond devrait compter davantage.

Valeurs

Contrairement à Donald Trump dont les valeurs changent au gré de l’humeur de l’électorat, Pierre Poilievre a de la suite dans les idées.

Son penchant libertarien, son mépris des élites, sa fibre populiste, il les cultive depuis l’adolescence.

Surtout, il évite les débats qu’affectionne la droite religieuse.

«Je vais mener un petit gouvernement qui s’occupe de ses affaires, laissant les gens prendre leurs propres décisions au sujet de leur vie amoureuse, leurs familles, leur corps, leur discours, leurs croyances et leur argent», affirmait-il récemment.

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On croirait entendre Tim Walz qui, lors de la convention démocrate, encensait les vertus de la liberté et d’un gouvernement qui s’occupe de ses affaires.

On est à mille lieues de Donald Trump qui se vante d’avoir nommé une Cour suprême qui a invalidé le droit à l’avortement. Aux antipodes, surtout, d’un pseudo-républicain si peu préoccupé par la rigueur budgétaire qu’il a permis à la dette américaine de grimper de 33%.

Les principes conservateurs, Pierre Poilievre ne fait pas que les défendre, il les embrasse.

Combat

Faut-il pour autant qu’il cultive les travers du milliardaire MAGA?

La question est posée de travers. La méthode assassine de Pierre Poilievre date de bien avant le phénomène Trump.

Il avait à peine 21 ans qu’il traitait Joe Clark de Jurassic Clark.

Il venait d’être élu qu’il avait envoyé se faire foutre des députés libéraux et fait un bras d’honneur aux Communes.

Il était ministre sous Stephen Harper qu’il vilipendait le directeur général des élections.

Loin d’être un imitateur, Pierre Poilievre est un précurseur du populisme de droite qui balaie nos démocraties.

Il a toujours cru qu’humilier et démolir ses adversaires est aussi important que convaincre l’électorat.

Ses partisans vous diront qu’il sert ainsi une leçon d’humilité aux donneurs de leçon progressistes qui démonisent toute dissidence comme preuve de racisme, de l’intolérance et de l’ignorance.

Vrai enjeu

Pierre Poilievre s’assume, conscient que 40% des gens qui l’appuient le font pour se débarrasser de Justin Trudeau plutôt que par enthousiasme pour son option.

Et donc, plutôt que de s’éterniser sur son style clivant, on devrait s’attarder davantage à son projet politique.

Car c’est bien beau, réclamer une élection dès cet automne. Il faudra bien savoir un jour comment il compte baisser les taxes et impôts tout en «réparant le budget».

Il est là le vrai débat.

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