[PHOTOS] «J’arrache tout»: un Québécois parvient à acheter une maison abandonnée après un long processus de six mois

Félix Desjardins
Amateur de projets de rénovation d’envergure, un Québécois a acheté une maison abandonnée à Saint-Hyacinthe avec l’intention d’y habiter. Il ne se doutait toutefois pas que le processus d’acquisition allait être si laborieux.
Bon an, mal an, Pierre Couture achète une maison délabrée par année et la rénove. Un fameux flip comme on les connaît, dans une optique de rentabilité.


Il a voulu utiliser cette vaste expérience pour un projet particulièrement important: l’achat et la remise à neuf d’une demeure abandonnée à Saint-Hyacinthe, qui deviendrait son nouveau chez lui.

Même si presque tout est à refaire dans cette maison unifamiliale, M. Couture avait un bon sentiment au moment de visiter les lieux. Le genre d’instinct qu’on peut seulement avoir développé lorsqu’il ne s’agit pas de notre premier rodéo.

«Je me sentais bien dans la maison», raconte-t-il. «C’est bâti solidement. C’est sur le bord de la 137 qui est très passante, mais tu n’entends rien dans la maison. Je voyais qu’il y avait quelque chose de bien à faire [là].»
Malgré les qualités de la maison, M. Couture ne se leurrait pas: des investissements excédant les 100 000$ étaient nécessaires après l’achat. Il a donc soumis, en novembre, une offre de 200 000$, soit 50 000$ de moins que le prix demandé, qui a été acceptée à sa grande surprise.
Un (très) long processus

Précédemment occupée par une femme seule, la propriété est restée inoccupée et non entretenue à partir du moment où cette première a dû recevoir des soins de longue durée. Après quelques années, les nièces de la propriétaire se sont finalement manifestées et ont été nommées tutrices de ses biens.
Ce que leur courtière immobilière ne savait pas, toutefois, c’est que dans un tel cas, une autorisation de la Cour supérieure du Québec est nécessaire pour vendre un immeuble dont la valeur dépasse 40 000$. Grâce à la vigilance de son notaire, M. Couture n’a pas conclu de transaction illégale, mais a dû patienter six mois avant de pouvoir signer l’acte de vente.

«Un paquet de personnes s’étaient fermé les yeux», estime-t-il. «J’aurais peut-être dû poser plus de questions avant d’aller de l’avant. Si ç’avait été strictement pour un investissement, j’aurais décroché au moment d’entendre le mot “tutelle”.»

Aujourd’hui propriétaire de cette coquette maison bleue dotée de quatre chambres à coucher et recouverte de tapisserie, Pierre Couture peut désormais mettre la main à la pâte. Une tâche imposante l’attend.

«J’arrache tout», confirme-t-il. «Il n’y a presque rien à préserver, sauf la coquille extérieure et la division des chambres au rez-de-chaussée. À l’étage, je refais tout. La maison était vraiment abandonnée; elle était même affichée comme un terrain à vendre!»
La vente sous tutelle

Aux yeux de Me Marie Madelin, avocate spécialisée en droit de la famille, le cas de M. Couture n’est pas isolé, loin de là.
«Dans les cas où un propriétaire n’avait pas de mandat de protection, on est obligé d’ouvrir un régime de protection et une personne va être nommée tutrice aux biens pour les pouvoirs de la simple administration», explique-t-elle. «Pour toute grosse décision qui doit être prise, un jugement de la cour est nécessaire.»
Ce processus, qu’elle qualifie de «très administratif», n’est pas laborieux et permet de protéger le patrimoine des personnes vulnérables.
«C’est peut-être contraignant, mais ç’a 100% raison d’être», complète-t-elle. «Il y a tellement de fraudes et de malversations avec les personnes âgées et vulnérables. Ça arrive souvent qu’on voie des aînés qui n’étaient même pas au courant que leur maison était en vente.»
Selon Me Madelin, un travail de sensibilisation accru auprès des courtiers immobiliers pourrait aider à limiter ce genre de situation.