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L'article provient de Le Journal de Montréal
Monde

[PHOTOS] Il y a 50 ans éclatait le scandale du Watergate

Sur cette photo prise en 1970, le président américain Richard Nixon, rend visite aux troupes américaines au Vietnam. Cinquante ans après avoir enflammé Washington, l'affaire du Watergate reste un récit édifiant sur la menace d'un pouvoir présidentiel.
Sur cette photo prise en 1970, le président américain Richard Nixon, rend visite aux troupes américaines au Vietnam. Cinquante ans après avoir enflammé Washington, l'affaire du Watergate reste un récit édifiant sur la menace d'un pouvoir présidentiel. AFP
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par Raphaëlle PICARD

2022-06-16T13:49:43Z
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Le 17 juin 1972 marque le début de l’affaire du Watergate, l’un des scandales politiques les plus retentissants de l’histoire des États-Unis qui se soldera, deux ans plus tard, par la démission du président Richard Nixon.  

Cinq cambrioleurs en gants chirurgicaux

Dans la nuit du 16 au 17 juin 1972, cinq hommes sont arrêtés au siège du Parti démocrate, au 6e étage de l’immeuble du Watergate à Washington. 

AFP
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Les « faux plombiers », portant des gants chirurgicaux, sont équipés d’appareils photo et de matériel d’écoute. 

Cette image, gracieuseté de la US National Archives and Records Administration, prise en 1972, montre la pièce 2 du gouvernement américain contre Liddy, qui est une photo d'une vue aérienne des immeubles de bureaux Watergate East et Watergate West à Washington, DC.
Cette image, gracieuseté de la US National Archives and Records Administration, prise en 1972, montre la pièce 2 du gouvernement américain contre Liddy, qui est une photo d'une vue aérienne des immeubles de bureaux Watergate East et Watergate West à Washington, DC. AFP

Le lendemain, le Washington Post fait sa Une sur cette étrange intrusion survenue en pleine campagne de réélection du président républicain Richard Nixon. 

Deux jeunes journalistes, Bob Woodward et Carl Bernstein, insistent sur la présence de James McCord, membre du Comité pour la réélection du président Nixon, parmi les cinq intrus. L’homme est également un ancien de la CIA. 

Sur cette photo d'archive prise le 13 juin 2012, le rédacteur en chef adjoint du Washington Post, Bob Woodward.
Sur cette photo d'archive prise le 13 juin 2012, le rédacteur en chef adjoint du Washington Post, Bob Woodward. AFP

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Pour les reporters, le lien avec la Maison-Blanche est évident. 

Le 22 juin, Richard Nixon dément toute implication de son administration. Bizarrement, l’affaire intéresse peu l’opinion publique.

« Gorge profonde »

Bientôt, les deux reporters apprennent que deux hommes qui ont travaillé pour Nixon et son conseiller spécial Charles Colson ont guidé les « cambrioleurs » avec des talkies-walkies depuis un hôtel proche du Watergate. 

Leur source : « Gorge profonde » (« Deep throat »), surnom emprunté à un film pornographique populaire alors. 

On apprendra en 2005 qu’il s’agit de Mark Felt, directeur adjoint du FBI. 

Mark Felt (Deep Throat) : l'homme qui a fait tomber la Maison Blanche.
Mark Felt (Deep Throat) : l'homme qui a fait tomber la Maison Blanche. Nicky Nelson/WENN.com

Entre octobre 1972 et novembre 1973, il rencontre Bob Woodward six fois dans un stationnement près de Washington. 

Le 10 octobre 1972, les deux journalistes révèlent un gigantesque scandale d’espionnage et de sabotage politiques menés par la Maison-Blanche pour la réélection de Nixon. 

Des centaines de milliers de dollars de dons faits à la campagne de Nixon ont été détournés pour financer des opérations de déstabilisation des démocrates. 

Malgré la polémique, Richard Nixon est triomphalement réélu le 6 novembre face au démocrate George McGovern. 

Les sénateurs démocrates ouvrent une enquête

Le 8 janvier 1973, le procès des « cambrioleurs » du Watergate s’ouvre dans une quasi-indifférence. 

Le 7 février, la majorité démocrate du Sénat crée une Commission d’enquête sur la campagne électorale de 1972. 

Retransmises à la télévision, les audiences passionnent vite les Américains. 

Peu après, James McCord reconnaît avoir menti devant le tribunal sous la pression de la Maison-Blanche. 

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Le 30 avril, le ministre de la Justice Richard Kleindienst et deux conseillers du président — Bob Haldeman, John Ehrlichman — démissionnent. 

Un troisième conseiller — John W. Dean — est limogé. 

Le 25 juin, ce dernier affirme devant la Commission que le président était au courant dès le 15 septembre 1972 des dispositions prises pour étouffer l’affaire du cambriolage. 

Il affirme aussi que le président était prêt à acheter le silence des cambrioleurs pour près d’un million de dollars. 

C’est le premier témoin à mettre directement en cause M. Nixon.

Sur cette photo d'archive prise le 13 juin 2002, un photographe prend une photo des preuves de l'infâme cambriolage du Watergate au siège du Comité national démocrate (DNC) au Watergate Office Building à Washington, le 17 juin 1972.
Sur cette photo d'archive prise le 13 juin 2002, un photographe prend une photo des preuves de l'infâme cambriolage du Watergate au siège du Comité national démocrate (DNC) au Watergate Office Building à Washington, le 17 juin 1972. AFP

Le Bureau ovale sur écoute

Coup de tonnerre le 16 juillet : un collaborateur de la Maison-Blanche affirme devant la Commission que le Bureau ovale est truffé de micros. 

Ce dispositif secret d’écoutes a été installé en 1970 dans un but historique. C’est le début d’un nouveau scandale. 

Le 23 juillet, Nixon refuse de transmettre ces enregistrements à la Commission. 

Acculé par la justice, il finit le 20 octobre par remettre neuf bandes. Mais il manque deux bandes et une conversation entre Nixon et son conseiller Dean du 20 juin 1972, soit trois jours après l’effraction au Watergate, est inaudible. 

La démission avant la destitution

Le 9 mai 1974, la Commission judiciaire de la Chambre des représentants débute son enquête sur l’opportunité de destituer le président. 

Le 24 juillet, après un an d’âpre bataille, la Cour suprême ordonne au président de remettre la totalité des bandes. Dos au mur, Nixon obtempérera le 5 août. 

Le 30 juillet, la Commission retient trois chefs d’inculpation contre lui : obstruction à la justice, abus de pouvoir et refus de se soumettre aux assignations. La procédure de destitution est irrémédiable.  

Sur cette photo d'archive prise le 9 août 1974 le 37e président des États-Unis, Richard Nixon, fait ses adieux au personnel de la Maison Blanche. À gauche se trouve son gendre David Eisenhower (petit-fils du président américain Dwight Eisenhower) qui est marié à sa fille Julie.
Sur cette photo d'archive prise le 9 août 1974 le 37e président des États-Unis, Richard Nixon, fait ses adieux au personnel de la Maison Blanche. À gauche se trouve son gendre David Eisenhower (petit-fils du président américain Dwight Eisenhower) qui est marié à sa fille Julie. AFP

Pour éviter l’affront, Richard Nixon annonce sa démission le 8 août, une première aux États-Unis. 

Sur cette photo d'archive prise en août 1974, le président républicain américain Richard Nixon prononce un discours à la Maison Blanche après sa démission de la présidence après le scandale du Watergate. Richard Nixon avait été élu en 1968 et réélu en 1972.
Sur cette photo d'archive prise en août 1974, le président républicain américain Richard Nixon prononce un discours à la Maison Blanche après sa démission de la présidence après le scandale du Watergate. Richard Nixon avait été élu en 1968 et réélu en 1972. AFP

Le 8 septembre, son successeur Gerald Ford le gracie. 

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