[PHOTOS] Des robots à la rescousse des chirurgiens dans les salles d’opération: voici le labo sur la chirurgie du futur unique au Canada
Des robots vont aider à obtenir une précision inédite pendant des opérations au CUSM


Mathieu-Robert Sauvé
De nombreuses chirurgies extrêmement minutieuses et moins invasives seront bientôt pratiquées à Montréal grâce à l’intelligence artificielle et à la robotique d’un nouveau laboratoire du futur unique au Canada.
«Je peux vous dire que d’ici cinq ans, la chirurgie connaîtra un développement fulgurant», explique le Dr Ahmed Aoude, un chirurgien spécialisé dans les interventions délicates le long de la colonne vertébrale.

Quand il doit scier un os près de la moelle épinière ou retirer une masse cancéreuse près du cœur, une fausse manœuvre d’à peine 1 mm peut entraîner une paralysie incurable ou même un décès. Il accueille donc avec enthousiasme les nouveaux robots chirurgicaux capables d’augmenter la précision du geste.

«Le chirurgien demeure essentiel pour prendre les décisions, mais on gagne sur tous les fronts», illustre-t-il en montrant un dispositif capable de s’ajuster aux mouvements de la poitrine d’un patient mannequin.
Unique au Canada
Au quatrième étage d’un pavillon de l’hôpital général de Montréal, Le Journal a été convié à l’inauguration d’un laboratoire spécialisé dans la «chirurgie du futur».


Ici, robotique, intelligence artificielle et imagerie médicale convergent dans des appareils de haute technologie qui seront développés par des dizaines de chercheurs et leurs étudiants à la maîtrise et au doctorat.
«Nous avons investi 11M$ dans ces installations, qui sont les plus avancées au Canada», précise au Journal la présidente de la Fondation de l’Hôpital général de Montréal, Stéphanie Riddell. Un des avantages de ce centre unique au pays est d’être installé à l’intérieur même d’un hôpital et non dans un centre industriel à des kilomètres des patients.
Robotique chirurgicale
Pour le chirurgien orthopédique Gregory Berry, qui pratique sa spécialité depuis près de 30 ans, les cinq ou six dernières années ont vu s’accélérer la robotique chirurgicale comme jamais auparavant. «Quand je dois scier un os pour insérer une prothèse de genou ou de hanche, la précision de la coupe est excessivement importante. Le robot va nous aider à obtenir cette précision millimétrique», explique-t-il en manipulant un bras mécanique.



En plus du gain de temps, car le robot calcule instantanément des mesures qu’il faut normalement effectuer manuellement, le nouveau dispositif intelligent accumule des connaissances «comme un bon assistant qui apprend d’une opération à l’autre».
Cela permet d’envisager des interventions moins invasives. En chirurgie, il faut souvent ouvrir le membre des deux côtés pour mener une intervention sur un os. Les outils robotisés pousseront plus loin la laparoscopie, cette technologie qui remplace les longues incisions au scalpel par de minuscules ouvertures.
Mais toutes ces merveilles ne sont pas disponibles encore dans les salles d’opération, nuance le médecin. Les innovations développées ici devront être approuvées par les autorités de régulation, comme Santé Canada, avant de passer aux étages des patients.
«On est vraiment dans la chirurgie du futur, mais le futur c’est bientôt», conclut le Dr Amoud.