[PHOTOS] Des dizaines de milliers d’artéfacts découverts autour du futur pôle d’échanges du tramway à Saint-Roch


Dominique Lelièvre
Des fondations datant du régime français, les vestiges d’un moulin, des objets racontant la vie dans un ancien hôpital... des archéologues ont déterré des dizaines de milliers d’artéfacts remontant jusqu’aux années 1700, là où on construira le pôle d’échanges du tramway de Québec dans le quartier Saint-Roch.
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Voyage dans le temps
Le chantier au coin des rues des Embarcations et de la Pointe-aux-Lièvres, en bordure de Laurentienne, offre un véritable voyage dans le temps.

Théâtre de plusieurs interventions archéologiques dans les dernières années, il n’avait pas terminé de livrer ses secrets.
En prévision de la construction de conduites municipales, dans les prochaines semaines, une équipe d’une vingtaine de personnes s’est attelée tout l’été à fouiller les lieux, couche par couche et à la main.

À terme, cet endroit sera occupé par le futur pôle d’échanges et par un stationnement pour les résidents du secteur.
Lointain passé agricole
Les archéologues ont trouvé les traces d’une occupation par des fermiers, qui aurait duré 200 ans, notamment les restes d’un moulin à vent dont la construction remonterait à 1717.

Stéphane Noël, chef d’équipe et archéologue au bureau de projet du tramway de Québec, raconte que plusieurs agriculteurs du coin allaient sûrement y moudre leurs grains.
Il parle d’une trouvaille «assez exceptionnelle», car «il n’y a pas énormément de moulins qui ont été fouillés à Québec», dit-il.

Les fondations en pierre de différents bâtiments et habitations ont également été exposées. «Le plus ancien date du régime français. On n’est pas sûrs encore s’il date de la fin des années 1600 ou du début des années 1700», précise M. Noël, stupéfait par la quantité et le degré de préservation des vestiges qui proviennent «de différentes époques».
«C’est un peu difficile à s’imaginer, mais si vous retournez en 1690, 1680, c’était champêtre, il y avait des vaches qui broutaient sur la Pointe-aux-Lièvres où maintenant il y a l’écoquartier», lance-t-il.

Des objets variés, dont des chaussures, de la terre cuite venant de France et des balles de mousquet ont été dénichés.

Une fenêtre sur nos ancêtres
À proximité, on a découvert ce qui était probablement les latrines ou une fosse à déchets de l’hôpital de la Marine, qui a été construit sur ces terres dans les années 1830.
Une foule d’objets ont été récupérés et seront analysés en laboratoire.

Des pots de chambre, des cruches, des bouteilles à bière en grès, des pipes à fumée, des ossements d’animaux, des fioles de médicament et des assiettes donnent un aperçu unique de la vie des patients et des soignants de cette époque.

L’hôpital était fréquenté par des marins et des immigrants et a été témoin de plusieurs épidémies, dont celle du choléra. C’est aussi un des premiers endroits où on a enseigné la médecine à Québec.

Pas d’impact sur le tramway
Selon Audrey de Champlain, porte-parole à la Ville de Québec, les recherches archéologiques sont intégrées à la planification du projet de tramway et on ne prévoit donc pas de retard sur l’échéancier. Les dépenses sont prévues dans l’enveloppe budgétaire des travaux préparatoires.

C’est d’ailleurs pour éviter d’avoir des surprises pendant la construction du tramway que les interventions archéologiques sont faites en amont, affirme Stéphane Noël. Avec son tracé de 19,3 km, «le tramway est une opportunité pour avoir plus d’information sur notre histoire collective», dit-il.
En 2019 et 2020, des fouilles sur une autre partie de ce terrain avaient révélé la présence de 227 sépultures.
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