[PHOTOS] «C’est pire qu’avant, je n’ai jamais vu ça»: la saleté décourage même les cols bleus à Montréal
Des cols bleus sont découragés par le manque de savoir-vivre des citoyens qui ne ramassent pas devant chez eux


Anouk Lebel
Sacs éventrés, excréments humains et animaliers, déchets qui s’envolent... Montréal prend des allures de soue à cochons après chaque fonte des neiges et, cette année, la métropole s’est surpassée.
«C’est pire qu’avant, je n’ai jamais vu ça», lance Isabelle, col bleu de la Ville de Montréal, croisée en plein nettoyage dans un parc de l’arrondissement de Rosemont–La-Petite Patrie.
«Les excréments... C’est fou! C’est hallucinant, la quantité. Les gens ne ramassent pas du tout les excréments de leur chien», dit celle qui a préféré ne pas dévoiler son nom de famille.

En près de 10 ans à ramasser les parcs de la métropole, elle en a vu, des détritus. Pourquoi serait-ce pire cette année?
L’explosion de l’itinérance est un facteur.
«Il y a de tout, des seringues, de la nourriture. J’ai même dû ramasser des excréments humains. Il y a un itinérant là-bas, il allait déféquer dans le parc», souligne l’employée de la Ville.
«Il y a aussi le fait qu’ils coupent dans la collecte. Les déchets des résidences s’envolent dans les parcs.»
• Écoutez aussi cet épisode balado tiré de l'émission de Benoit Dutrizac, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :
Des déchets qui s’envolent
Dans les rues du Plateau-Mont-Royal et de Centre-Sud, la fonte de la neige révèle les multiples sacs d’excréments de chien aux abords des parcs, a pu constater Le Journal jeudi.

Le contenu des poubelles et du recyclage au chemin s’envole, laissant les trottoirs et les pistes cyclables jonchés de vieux morceaux de carton.
«J’imagine que c’est normal après la grosse tempête qu’on a eue. Ce n’est pas ça qui m’énerve, c’est plus les tags. C’est dur à enlever», a mentionné le bédéiste Michel Rabagliati, rencontré par hasard sur la rue Saint-Denis.

Dans cette mer de déchets, quelqu’un n’a pas hésité à laisser le reste de son lunch dans les escaliers d’un immeuble.

«Les parcs, on va s’en occuper, mais les devantures de maison, de restaurant ça serait aux gens de le faire. À un moment donné, c’est une question de fierté», croit un autre col bleu croisé par Le Journal, qui a requis l’anonymat.
Pas juste la faute de la Ville
Souvent critiquée pour sa gestion des déchets, la mairesse, Valérie Plante, a promis d’agir mercredi.
La Ville investira 6,2 millions de dollars dans le ménage du printemps, devancé en raison des températures clémentes.
«Ce n’est quand même pas Valérie Plante qui laisse ses déchets sur les bancs de parc ou le gazon. [...] tout le monde est un peu responsable», croit Karel Ménard, directeur du Front commun québécois pour une gestion écologique des déchets.
Il estime qu’il faudrait repenser la gestion des poubelles publiques.
«Il faudrait en mettre plus, augmenter la fréquence des collectes, il faudrait peut-être donner des amendes à ceux qui jettent n’importe quoi n’importe où», dit-il.
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