Petit truc pour baisser les impôts

Mario Dumont
Les baisses d’impôt sont soudainement à la mode dans cette campagne. Tant mieux, les Québécois sont imposés à des taux prohibitifs depuis trop longtemps. Du centre à la droite, les partis semblent d’accord sur le fait que la réduction du fardeau fiscal doit être inscrite à l’ordre du jour pour les prochaines années.
Les partis ont inscrit la réduction des impôts dans le contexte de l’inflation et de la crise du pouvoir d’achat. J’ajouterai que dans le contexte de la pénurie de main-d’œuvre, l’impôt élevé empire la situation.
Des taux d’impôt trop hauts privent chaque travailleur d’une grosse tranche du revenu gagné. Pour inciter les employés à faire plus d’heures supplémentaires, pour inciter des aînés à reprendre le collier, c’est une excellente idée de leur laisser une plus grosse portion des revenus gagnés.
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Les deux colonnes du budget
Tout le monde connaît une réalité simple : le budget du gouvernement compte deux colonnes qu’il faut tenter d’équilibrer, soit les revenus et les dépenses. Une baisse d’impôt consiste à se priver de certains revenus. Une logique d’administration simple et saine voudrait qu’on se tourne vers l’autre colonne et qu’on aille réduire les dépenses.
Voilà le pas que François Legault et Dominique Anglade n’ont pas franchi. Réduire les dépenses est devenu un sujet tabou. Comme si maintenir le robinet serré pour mieux utiliser chaque dollar d’impôt n’était plus un devoir.
J’ai toujours pensé qu’une campagne électorale devait servir à énoncer les priorités des partis. Pourquoi est-ce devenu interdit d’annoncer que ce qui est moins prioritaire recevra moins de ressources dans le prochain mandat ?
Pourquoi est-ce aussi devenu interdit d’annoncer que, grâce au progrès technologique, tel ou tel service pourra être fourni à moindre coût ? Dans les entreprises, on réduit radicalement certains coûts d’opération grâce aux nouveaux outils technos. Au gouvernement, on a l’impression qu’on ne peut rien faire d’autre que de dépenser toujours davantage.
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L’État grossit
Pourtant, la CAQ avait promis de réduire la taille de l’État en abolissant 5000 postes, une économie qui devait être générée par des gains d’efficacité. Voilà une façon de dégager une économie récurrente pour financer des baisses d’impôt. Non seulement cet engagement ne fut pas rempli, mais plus personne n’en parle aujourd’hui.
D’ailleurs, la pandémie a justifié bien des choses, notamment un gonflement du nombre de fonctionnaires. François Legault l’explique par l’urgence de former et d’embaucher des préposés aux bénéficiaires dans les CHSLD. Dans les faits, l’enflure de l’État est survenue aussi au niveau de l’administration.
Selon le dernier rapport, l’effectif de la fonction publique s’est accru de 12 % en quatre ans. On ne parle pas ici des réseaux de la santé ou de l’éducation. Et je pose la question : avez-vous l’impression d’avoir bénéficié de 12 % de plus de services efficaces entre 2017 et 2021 ?
Seul le Parti conservateur d’Éric Duhaime ose maintenant parler de réduction des dépenses publiques. Cela donne aux promesses conservatrices en matière de baisses d’impôt un luisant particulier. Un terrain qu’il occupe vraiment seul.