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L'article provient de Le Journal de Montréal
Affaires

Petit bémol sur la performance de la Caisse

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Photo portrait de Michel Girard

Michel Girard

2022-02-25T10:00:00Z
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Un rendement de 13,5 % pour l’année 2021, ça mérite de toute évidence nos plus sincères félicitations. Bravo au PDG de la Caisse de dépôt et placement du Québec, Charles Émond, et à ses gestionnaires de portefeuille pour cette belle performance.  

La Caisse a solidement battu la performance de 10,7 % de « son » portefeuille de référence qui lui sert de comparaison en tant que grand gestionnaire de portefeuille institutionnel.  

« Ce qui s’en dégage, de dire le grand patron de la Caisse, c’est que nos stratégies fonctionnent et prennent bien en compte les grands défis d’aujourd’hui : la transition climatique, la numérisation de l’économie et les changements continus à l’échelle internationale. » 

UN PEU D’HUMILITÉ

Maintenant, est-ce que les gestionnaires de portefeuille de la Caisse ont bouclé l’année 2021 avec une performance si extraordinaire ?  

Loin de moi de vouloir minimiser leur performance, mais il faut savoir qu’avec ce rendement de 13,5 %, la Caisse arrive juste en dessous de la médiane du rendement des gestionnaires de fonds communs diversifiés.  

Selon l’étude Univers de performance des fonds communs des gestionnaires de caisses de retraite, du groupe LifeWorks, la médiane des fonds diversifiés s’élève à 13,83 % en 2021.  

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Ainsi, l’équipe de gestionnaires de la Caisse fait donc partie du groupe de gestionnaires de portefeuille qui a enregistré une performance inférieure au rendement médian, le rendement médian séparant en deux les gestionnaires les plus performants et les moins performants. Les meilleurs gestionnaires (5e centile) ont obtenu un rendement de 21,86 % et les moins bons (95e centile) un rendement de 9,46 %.  

Autre comparaison invitant les gestionnaires de portefeuille de la Caisse à rester « humbles » avec la performance de 13,5 % en 2021 ? C’est celle portant sur le rendement de 14 % qu’un « petit investisseur » aurait obtenu en se contentant d’investir ses avoirs dans seulement trois fonds indiciels, soit 35 % dans les obligations (indice FTSE Canada univers), 32,5 % dans les actions canadiennes (indice S&P/TSX) et 32,5 % dans les actions mondiales (indice MSCI monde).  

Et en passant, sachez que le rendement annualisé de 8,9 % sur cinq ans que la Caisse a obtenu avec sa vaste équipe de gestionnaires et leurs milliers de placements est identique à celui que notre « petit investisseur » aurait obtenu avec son simpliste portefeuille des trois fonds indiciels précédents.  

  • Écoutez l'édito économique de Michel Girard diffusé chaque jour en direct 6 h 50 à QUB radio : 

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SURPRENANTS PLACEMENTS PRIVÉS  

La relative bonne performance de la Caisse est due en partie à la « performance exceptionnelle » de son portefeuille de Placements privés, soit un rendement de 39,2 %.  

Cette performance exceptionnelle, explique la Caisse, est attribuable au bon positionnement sectoriel dans les secteurs des technologies, de la finance, de la santé et de la consommation.  

L’actif net du portefeuille de placements privés s’élève à 80 milliards $, soit 19,1 % de l’actif net total de 420 milliards $ de la Caisse.  

Parenthèse : je me demande comment font les grandes caisses de retraite pour évaluer judicieusement le rendement de leurs placements privés. Ça demeure mystérieux à mes yeux. Mais bon !  

DÉBUT D’ANNÉE DIFFICILE 

À l’instar de toutes les grandes caisses de retraite et des grands fonds d’investissement dans le monde, j’imagine que le gigantesque portefeuille de la Caisse mange lui aussi une claque en ce début de 2022 alors que les indices boursiers accusent de forts reculs. En plus des pressions inflationnistes, une hausse des taux d’intérêt, une forte augmentation des prix de l’essence à la pompe... voilà que la Russie envahit l’Ukraine et que l’Occident est sur le pied d’alerte.  

J’ai l’impression que la Réserve fédérale américaine et la Banque du Canada vont reporter à plus tard leurs hausses de taux directeurs...

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