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L'article provient de Le Journal de Montréal
Affaires

Perte d’emploi et endettement: un cocktail explosif

Marc-André, 45 ans, a perdu son emploi d’agent en ressources humaines

mangpor2004 - stock.adobe.com
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Emmanuelle Gril

2024-07-10T23:00:00Z
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Il y a quelques mois, Marc-André, 45 ans, a perdu son emploi d’agent en ressources humaines. L’importante baisse de revenus qui a suivi va avoir raison de son budget déjà serré.

Marc-André a reçu des prestations d’assurance-emploi et une indemnité de licenciement. «J’ai entièrement utilisé celle-ci pour équilibrer mon budget, car mes revenus étaient nettement insuffisants», explique-t-il.

Il a par la suite eu recours à ses cartes de crédit pour subvenir à ses besoins de base et s’est rapidement retrouvé dans une spirale d’endettement. Incapable de rembourser le solde complet de ses cartes, et avec les intérêts élevés qui s’accumulent, la situation est rapidement devenue intenable. «J’ai même dû mettre ma fierté de côté et demander de l’aide à ma famille... Heureusement, j’ai réussi à trouver un autre emploi, mais mon salaire est beaucoup plus bas que ce que je touchais auparavant. Cela ne suffira pas pour éliminer mon endettement et je me retrouve aujourd’hui dans une impasse», se désole Marc-André.

Une voiture trop coûteuse

En effet, même si Marc-André gagne actuellement 4500$ net par mois, il ne peut faire face à ses dépenses mensuelles de 4900$, incluant le remboursement de ses dettes. Il est également père d’un adolescent, en garde partagée avec la mère.

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Son Toyota RAV4 2021 lui coûte aussi très cher et gruge 890$ par mois. Il lui reste encore trois ans à payer sur le contrat de vente à tempérament et il affiche deux mois de retard sur ses versements. Or, il ne peut se passer d’un véhicule puisqu’il en a besoin pour se rendre à son travail qui n’est pas desservi par le transport en commun. À cela s’ajoutent des dettes de cartes de crédit d’un montant de 24 800$.

Avec un budget déficitaire et peu de solutions à sa disposition, Marc-André s’est résolu à aller consulter Jean Fortin et Associés, syndic autorisé en insolvabilité.

«Après examen de sa situation, nous en sommes arrivés à la conclusion que sa voiture est trop onéreuse et qu’il devrait la remettre au créancier pour réduire ses dépenses mensuelles et souffler un peu», mentionne Pierre Fortin, président de Jean Fortin et Associés. Ainsi, il pourrait utiliser ces 890$ mensuels pour rembourser ses dettes.

L’achat initial du véhicule s’élève à près de 63 100$, plus les intérêts pour un total d’environ de 80 000$ sur sept ans. «C’est énorme compte tenu de ses revenus et de ses charges familiales. Avec son ancien emploi, il pouvait se le permettre, mais plus maintenant», explique Pierre Fortin.

Par chance, le père de Marc-André a proposé de lui acheter une automobile d'occasion à 5000$ pour qu’il puisse se déplacer, ce qui constitue un excellent compromis.

Extinction de la dette du véhicule

Puisqu’il s’agit d’un contrat de vente à tempérament, Marc-André pourrait contacter l’institution financière pour lui demander de reprendre le véhicule. Auquel cas, la dette serait éteinte. «Lors du dépôt d’une faillite ou d’une proposition de consommateur, c’est le syndic qui effectue la démarche. Le véhicule sera remis au créancier et la dette incluse dans la faillite ou la proposition», précise Pierre Fortin.

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Après réflexion, Marc-André a décidé de remettre le véhicule par l’entremise du syndic. Il a aussi opté pour une proposition de consommateur à raison de versements de 300$ sur une période de 60 mois, pour un total de 18 000$, afin de rembourser ses dettes.

«Les années postpandémies ont été difficiles et le sont encore pour bien des gens. L’augmentation des coûts de crédit a aussi rendu les contrats de financement très onéreux, comme pour Marc-André, et ce pendant une longue période de paiement. Cela pèse lourd sur des budgets déjà serrés et un événement peut faire basculer un équilibre précaire. Il ne faut pas hésiter à consulter des conseillers en finances personnelles pour explorer des pistes de solution», conclut Pierre Fortin.

CONSEILS:

· Marc-André craignait de ne pas pouvoir conserver la voiture offerte par son père en cas de faillite ou de proposition de consommateur. Or, il peut invoquer une exemption prévue dans la loi permettant de garder son véhicule s’il s’agit d’un outil nécessaire pour son emploi, lorsque certaines circonstances sont réunies, par exemple s’il n’y a pas de transport en commun.

· Attention: l’extinction de la dette prévue par la Loi sur la protection du consommateur lorsque le bien est remis au créancier n’est valide que dans le cadre d’une vente à tempérament (achat auto). Cela ne s’applique pas lorsqu’il s’agit d’un bail relié à la location d’une automobile, car les règles ne sont pas les mêmes.

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