«Personnalité narcissique»: en prison depuis plus de deux ans, le pasteur Claude Guillot n’a pas de regrets

Même après plus de deux ans et demi à réfléchir au pénitencier, le pasteur Claude Guillot persiste à dire qu’il a simplement agi selon les principes de «la parole de Dieu».

L’homme de 74 ans a subi sa première audience vendredi devant la Commission des libérations conditionnelles du Canada, puisqu’il souhaite purger sa peine sous surveillance dans la collectivité.

Le septuagénaire, qui a fait subir des sévices psychologiques et physiques à cinq enfants qu’il a eus sous sa garde entre 1983 et 2014, aimerait retourner vivre dans sa résidence familiale.

Or, il a candidement expliqué aux commissaires qu’il estime avoir toujours agi «selon les principes de la parole de Dieu» et qu’il rejette la version retenue lors de son procès criminel.

«C’est la raison pour laquelle je ne me sens pas coupable de rien devant Dieu, parce que je sais que j’ai été intègre», a-t-il signalé.

Aucun regret

Regrette-t-il ce qu’il a fait? «Non, du tout. Je referais la même chose dans le contexte où j’étais dans ce temps-là», a-t-il soutenu.

Les commissaires ont tenté d’en savoir plus sur ce qu’il pense des conséquences de ses actions sur les victimes.

«Bien, qu’est-ce que vous voulez dire? Les conséquences... s’ils vivent les choses à leur manière...», a offert l’homme en guise de réponse.

Deux de ses victimes ont témoigné des nombreuses séquelles qu’elles conservent et de leurs craintes qu’il «détruise» encore des vies, s’il retourne dans la société.

Selon le compte rendu d’une agente de libération conditionnelle, le risque de récidive de Guillot, à moyen et long terme en matière de violence, est évalué à «modéré».

Une évaluation psychologique a mis en évidence «qu’il présente une personnalité narcissique marquée par un besoin excessif d’admiration».

Sa vision n’a pas changé depuis le procès: «il tend ainsi toujours à minimiser la gravité et la fréquence des gestes reprochés», a indiqué l’agente.

Toujours pasteur

L’ensemble de sa famille continue de croire en son innocence, a-t-on pu apprendre.

Malgré son incarcération, il maintient son rôle de pasteur auprès de son église, qu’il évalue à 13 personnes.

Guillot a plutôt insisté sur le fait qu’il a toujours respecté ses conditions pendant les procédures judiciaires et qu’il n’a eu aucun manquement disciplinaire en prison.

Il a ajouté qu’il ne compte plus héberger d’enfants ou donner des conseils à des parents et s’est dit prêt à aller passer du temps en maison de transition.

Le délinquant a admis continuer à percevoir un salaire de son église et a nié que son comportement puisse faire penser à celui d’un leader d’une secte.

Claude Guillot purge une peine de huit ans de détention depuis décembre 2022.

Il a été reconnu coupable de 18 chefs d’accusation, principalement de voies de fait, de séquestration et de harcèlement, sur cinq victimes entre 1983 et 2014, à Victoriaville et à Québec.

En avril, une maison de transition a refusé sa candidature, «notamment puisqu’il fait preuve d’un faible niveau de responsabilisation et de motivation».

Les commissaires ont pris leur décision en délibéré.