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L'article provient de Le Journal de Québec
Culture

Perrine Leblanc, Audrée Wilhelmy et plusieurs autres autrices parlent de tricot et de dentelle dans un nouveau livre

Perrine Leblanc tricote des châles et des histoires... elle parle de cet art textile dans le collectif Tricoteuses et dentellières, publié chez Marchand de feuilles.
Perrine Leblanc tricote des châles et des histoires... elle parle de cet art textile dans le collectif Tricoteuses et dentellières, publié chez Marchand de feuilles. © Justine Latour / Éditions Marchand de feuilles
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Photo portrait de Marie-France Bornais

Marie-France Bornais

2024-03-16T07:30:00Z
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Unies par une passion pour les fibres, les fils, la laine, la dentelle, les étoffes, des écrivaines de talent ont tricoté de magnifiques textes pour décrire ce que leur apporte le tricot et la dentelle. Ces formes d’art ancestrales qui reviennent en force sont mises en lumières dans un magnifique recueil collectif, Tricoteuses et dentellières. On y apprend que le tricot n’est pas tout à fait un «passe-temps de grand-mère»: les tricoteuses sont aussi – ou ont été - des espionnes, des militantes... et de formidables créatrices.

Des autrices de talent, inspirées et inspirantes, ont participé à ce collectif magnifiquement illustré par la photographe Justine Latour. On y lit les textes de Perrine Leblanc, Audrée Wilhelmy, Pattie O’Green, entre autres.

Les tricoteuses, depuis des siècles, ont utilisé leur travail pour vêtir la maisonnée, enjoliver le quotidien, mais aussi encoder des messages secrets pendant la Seconde Guerre mondiale ou défier la société pendant des manifestations.

Perrine Leblanc tricote

Perrine Leblanc, en entrevue téléphonique depuis sa maison gaspésienne, raconte comment le tricot est entré dans sa vie, peu de temps avant la pandémie. Et tous les bienfaits qu’il lui apporte.

«Pour une génération de femmes, le tricot, la couture, la cuisine, ça a été associé aux arts ménagers, à une vie que les femmes ont refusé à un moment donné, parce qu’on était confinées à cette réalité-là: la vie domestique.»

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«Je comprends tout à fait ce rejet-là. Moi, je n’ai pas connu ça. Ce qui fait que quand j’ai découvert le tricot, je ne l’avais pas associé à cette vie. Le tricot, je ne le percevais pas négativement: il ne m’avait juste jamais intéressé avant 2019.»

Un «vortex»!

Un jour, le déclic s’est produit. Et Perrine a plongé dans le «vortex»... à fond! Son premier projet, un châle de couleur pourpre, très réussi, dit-elle. Mais qui n’a pas été facile à faire. «J’ai sacré comme un charretier en le faisant. J’ai appris à tricoter en regardant des vidéos sur YouTube... Ce châle, je le voulais... et la seule manière de l’avoir, c’était de le faire! Il y a une satisfaction, à la fin du processus.»

Perrine Leblanc intègre maintenant le tricot à son processus créatif pour l’écriture de son prochain roman. Elle utilise d’abord le tricot pour la gestion du stress. «C’est un puissant anxiolytique. C’est répétitif. Quand je fais un point jersey ou un point mousse, je peux regarder un film, des vidéos. Quand je fais de la dentelle, c’est autre chose. C’est une forme de yoga mental.»

«L’esprit peut partir loin»

Le deuxième aspect concerne le roman sur lequel elle travaille. «C’est un moteur de l’imaginaire. Puisque les mains sont occupées à travailler, l’esprit peut partir loin. Ça me permet d’être en immersion dans une autre époque. Une époque où le tricot et le tissage faisaient partie de la vie, du quotidien. Il y a une satisfaction rapide, par rapport à la réalisation d’un roman: en 10-15 heures, j’ai un châle. En 20-25 heures, j’ai un pull alors que ça me prend 4-5 ans à faire un roman.»

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C’est addictif, observe-t-elle. «Il y a quelque chose de grisant dans le fait d’enfiler une paire de chaussettes, une tuque, des gants, un pull qu’on a fait de ses mains.»

L’Acadie historique

«J’ai envie d’être au plus près de la matière et j’ai envie de filer, ou de tisser avec le fil historique de mes ancêtres. J’ai comme projet un roman qui se passe autour du Grand Dérangement. Je suis une Leblanc, donc j’appartiens à l’Acadie historique.»

Le tricot la fait donc voyager dans le temps. «Ça me permet d’entrer en relation, avec mes mains, à travers une pratique artistique, avec ces femmes que je n’ai pas connues, mais dont je suis absolument issue. Il y a quelque chose de très puissant là-dedans.»

L'écrivaine Audrée Wilhelmy participe aussi au collectif Tricoteuses et dentellières, magnifiquement illustré par la photographe Justine Latour.
L'écrivaine Audrée Wilhelmy participe aussi au collectif Tricoteuses et dentellières, magnifiquement illustré par la photographe Justine Latour. © Justine Latour / Éditions Marchand de feuilles

Tricoteuses et dentellières

Collectif incluant des textes de Perrine Leblanc, Audrée Wilhelmy.

Photographies de Justine Latour

Éditions Marchand de feuilles

Environ 206 pages

  • Perrine Leblanc s’est fait connaître dès la publication de son roman L’homme blanc, qui a obtenu de nombreux prix et a été publié l’année suivante dans la collection Blanche des éditions Gallimard sous le titre Kolia.
  • Elle a aussi publié Malabourg et Gens du Nord.
  • Elle vient de publier Petite nature, un livre à tirage limité, comprenant 23 illustrations réalisées par Geneviève Godbout.
  • Son site web: perrineleblanc.com

«Chaque matin, qu’il neige à plein ciel, qu’il tombe des cordes, qu’on crève de chaleur ou qu’il fasse juste beau et doux, je m’installe près de la fenêtre de mon bureau qui donne sur un triangle de mer et je fais des boucles, des nœuds, des liens avec des aiguilles à tricot circulaires ou mes petites plumes allemandes bon marché. Je transforme avec un fil de laine ou de récit une idée en étoffe. Le tricot, c’est un travail manuel, comme l’écriture.»

- Perrine Leblanc, Tricoteuses et dentellières, Éditions Marchand de feuilles

• À lire aussi: «Gens du Nord» de Perrine Leblanc: troubles et secrets en Irlande

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