Pénurie et inabordabilité: des investissements massifs en logement social réclamés par des manifestants à Québec

Nicolas St-Pierre
Une centaine de personnes se sont mobilisées samedi après-midi, à Québec dans le cadre d’une manifestation régionale organisée par les membres du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) afin de réclamer des investissements massifs dans le logement social.
Cette protestation qui avait lieu dans le cadre de la semaine d’actions de ce même organisme visait principalement à sonner l’alarme concernant la «crise d’inabordabilité qui frappe les locataires de la région».

«Le marché privé occupe une trop grande place et les prix exorbitants contribuent à rendre précaire la situation d’un nombre grandissant de locataires», s’inquiète Gabrielle Verret, porte-parole des membres du FRAPRU à Québec.
Cette dernière estime d’ailleurs que cette crise ne fera qu’empirer si le développement du logement social n’est pas mieux financé et planifié par les différents gouvernements.

«Dans nos quartiers, le logement social est déjà un rempart contre la gentrification et la spéculation immobilière, mais il en manque cruellement. Ça ne devrait pas être un privilège d’y avoir accès. C’est urgent d’augmenter la trop maigre part qu’il occupe actuellement.»
Le budget vivement critiqué
Le nouveau budget du ministre Eric Girard a également été vivement critiqué par l’organisme, qui dénonce un abandon complet des locataires par Québec.
«On n’a ni prévisibilité, ni aucune garantie pour l’avenir et à mesure que les annonces se succèdent, la ministre de l’Habitation relève les seuils de loyers admissibles des projets financés afin de diminuer au maximum la contribution de Québec», dénonce Véronique Laflamme, la porte-parole du FRAPRU.

«Il est urgent de se doter d’un vrai plan de match et de se donner des objectifs chiffrés de réalisation de logements réellement abordables immédiatement pour les milliers de locataires qui en ont besoin. Ne pas le faire nous coûte très cher collectivement», ajoute-t-elle.
Le FRAPRU, qui réclame des investissements immédiats des deux paliers de gouvernements, estime d’ailleurs qu’il faudrait au minimum doubler le parc de logements sociaux en quinze ans. Concrètement, cela signifie au moins 10 000 nouvelles unités par année.

Pas seul
Le Collectif pour un Québec sans pauvreté a également joint sa voix à celle du FRAPRU pour dénoncer «l’absence de mesures structurantes» en matière de logement social dans le dernier budget.
L’organisme déplore d’ailleurs le manque de financement pour la réalisation de ces logements, qualifiant la situation de recul majeur pour le droit au logement des ménages à faible revenu.
«Il est aujourd’hui impossible de prétendre lutter contre la pauvreté sans s’attaquer à la question du logement. Ce que nous constatons à cet égard, c’est un désengagement inquiétant de l’État», regrette Serge Petitclerc, porte-parole du Collectif.
«Pendant que les plus pauvres peinent à garder un toit au-dessus de leur tête, le gouvernement fait le choix de ne pas investir dans la construction de nouveaux logements sociaux. [...] Le logement social est un levier de justice sociale. Il est urgent de le remettre au cœur des politiques publiques», a-t-il conclu.
Poursuivre la collaboration
Le cabinet de la ministre de l’Habitation du Québec, France-Élaine Duranceau, indique pour sa part que 7 milliards de dollars ont été investis depuis 2018 pour développer plus de 80 000 logements sociaux ou abordables au Québec.
Dans un courriel transmis à TVA Nouvelles, le ministère a également manifesté sa volonté de poursuivre la collaboration avec les intervenants sur le terrain afin d’offrir de meilleurs services aux citoyens.