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L'article provient de Le Journal de Montréal
Société

Pénurie de logements: besoin de 110 000 logis de plus et de toute urgence

Beaucoup de Québécois doivent renoncer à leur rêve de devenir propriétaire

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Photo portrait de Francis Halin

Francis Halin

2022-06-20T04:00:00Z
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Il faut d’urgence un bon 110 149 habitations de plus aux quatre coins du Québec, révèle une nouvelle compilation de l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec, qui a identifié les coins les plus touchés.

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«Certains ménages renoncent présentement à devenir propriétaires en raison du manque de propriétés à vendre, de la surenchère que cela entraîne et de la progression effrénée des prix», prévient Paul Cardinal, directeur du service économique de l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ).

Alors que l’on savait qu’il manquait plus de 110 149 habitations à la grandeur du Québec, l’association a estimé les besoins dans les différentes régions métropolitaines et dans certaines agglomérations clés (voir tableau plus bas).

Sur les 110 149, plus de 15 000 sont des logements locatifs privés et 58 000 des propriétés manquantes à vendre. Quelque 37 149 ménages sont aussi en attente d’un HLM (habitation à loyer modique) ou d’un supplément au loyer régulier.

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Au total, plus de 52 % des 58 000 propriétés à vendre manquantes se trouvent dans la région de Montréal, soit 30 300, évalue l’APCHQ. Il y a un déficit de 4600 propriétés dans la région de Québec et de 3800 dans celle de Gatineau.   

  • Écoutez Véronique Laflamme, porte-parole du FRAPRU, au micro d'Alexandre Dubé sur QUB radio :   

Au moins 10 000 de plus par an

D’après l’APCHQ, si l’on se met en mode rattrapage, il faudra bâtir 10 000 logements de plus par an ces dix prochaines années, d’où l’urgence d’agir.

«La pénurie actuelle de logements est responsable de l’envolée des prix sur le marché de la revente ainsi que des pressions à la hausse sur les loyers des logements locatifs. La seule manière de réduire de façon durable la surchauffe immobilière est d’augmenter l’offre», analyse Paul Cardinal de l’APCHQ.

Trois gros obstacles

D’après l’association, trois obstacles empêchent de développer l’offre: le manque de main-d’œuvre, les problèmes d’approvisionnement liés à la pandémie, qui fait bondir les coûts, et les taux d’intérêt.

Début juin, Le Journal soulignait que l’on construit 24 % moins de bungalows qu’avant et que leur prix explose tellement que certains entrevoient même la fin de la banlieue québécoise telle qu’on la connaît.

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En même temps, la densification s’avère souvent encore laborieuse dans plusieurs municipalités.

Des méfaits du «pas dans ma cour» 

Au pays du Suroît, à Beauharnois, l’ex-maire Bruno Tremblay raconte avoir parfois vécu l’expérience de la densification à la dure.

«Quand j’étais en poste, on a essayé très fort de développer notre offre résidentielle en faisant de la densification. Ça ne plaît pas toujours à la population», concède-t-il avec un pas de recul.

«Je crois fermement à la densification pour des raisons environnementales et pour organiser le transport en commun, mais on a toujours le syndrome du pas dans ma cour. C’est difficile», souffle-t-il.

Bruno Tremblay
Bruno Tremblay Francis Halin

À 90 kilomètres de là, à Farnham, en Estrie, le manque de logements est un enjeu criant, qui a été exacerbé avec la crise sanitaire, selon la mairie.

«On a un promoteur qui a commencé avec un programme de logements abordables, mais la pandémie a fait exploser les coûts des matériaux, alors au lieu d’avoir une trentaine de logements abordables, il peut juste en faire neuf», illustre son maire, Patrick Melchior.

Selon lui, les villes devraient avoir plus de latitude pour gérer elles-mêmes les projets résidentiels, vu leur meilleure connaissance du territoire.

«On a l’expertise terrain. Que le gouvernement nous fasse confiance et l’on s’arrangera avec les promoteurs et les projets», conclut celui qui porte aussi le chapeau de préfet de la MRC Brome-Missisquoi.


♦ En mai dernier, les mises en chantier résidentielles ont dépassé les 5525, ce qui correspond à un bond de 9 % par rapport à mai 2021. C’est la première hausse après cinq baisses mensuelles consécutives.

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37 149 MÉNAGES EN ATTENTE D’UN HLM OU D’UN SUPPLÉMENT AU LOYER RÉGULIER  

  • Bas-Saint-Laurent : 446  
  • Saguenay-Lac-Saint-Jean : 402  
  • Capitale-Nationale : 1955  
  • Mauricie : 335  
  • Estrie : 536  
  • Montréal : 23 529  
  • Outaouais : 1052  
  • Abitibi-Témiscamingue : 324  
  • Côte-Nord : 84  
  • Nord-du-Québec : 1165  
  • Gaspésie-Iles-de-la-Madeleine : 337  
  • Chaudière-Appalaches : 441  
  • Laval : 1244  
  • Lanaudière : 623  
  • Laurentides : 709  
  • Montérégie : 3676  
  • Centre-du-Québec : 291   

UN DÉFICIT DE 15 000 LOGEMENTS LOCATIFS PRIVÉS  

  • Région Montréal : 9900  
  • Région Québec : 1100  
  • Région Gatineau : 600  
  • Région Sherbrooke : 800  
  • Région Trois-Rivières : 100  
  • Région Saguenay : 200  
  • Drummondville : 300  
  • Granby : 280  
  • Rimouski : 200  
  • Saint-Hyacinthe : 150  
  • Alma : 50  
  • Joliette : 170  
  • Rivière-du-Loup : 80  
  • Rouyn-Noranda : 90  
  • Saint-Georges : 80  
  • Sorel-Tracy : 70  
  • Salaberry-de-Valleyfield : 140  
  • Victoriaville : 120  
  • Reste du Québec : 570   

UN DÉFICIT DE 58 000 PROPRIÉTÉS À VENDRE   

  •  Région Montréal : 30 300  
  • Région Québec : 4600  
  • Région Gatineau : 3800  
  • Région Sherbrooke : 1500  
  • Région Trois-Rivières : 1000  
  • Région Saguenay : 700  
  • Drummondville : 500  
  • Granby : 800  
  • Rimouski : 400  
  • Saint-Hyacinthe : 500  
  • Alma : 200  
  • Joliette 400  
  • Rivière-du-Loup : 200  
  • Rouyn-Noranda : 300  
  • Saint-Georges : 200  
  • Sorel-Tracy : 500  
  • Salaberry-de-Valleyfield : 500  
  • Victoriaville : 300  
  • Reste du Québec : 11 300   

Source : Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec

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