Pénitencier réclamé pour une alcoolique qui a provoqué deux accidents avec blessés en six mois
La vidéo troublante de l'une des deux collisions a été déposée en preuve et on y voit Camille Chalifour fuir les lieux à pied

Pierre-Paul Biron
Les victimes d’une femme alcoolique qui a provoqué deux accidents avec blessés en l’espace de six mois alors qu’elle était complètement saoule au volant ont témoigné des «ravages» sur leur vie de la conduite imprudente de l’accusée, que l’un d’eux a qualifiée de «crime grave» et «d’agression armée».
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Camille Chalifour avait plaidé coupable en décembre dernier de plusieurs chefs d’accusation pour les deux événements survenus en avril et en octobre 2023.
Au volant de son véhicule, en état d’ébriété les deux fois, la femme a provoqué deux collisions qui ont causé de sérieuses blessures aux occupants des autres véhicules impliqués.

Le deuxième événement, survenu sur l’île d’Orléans, a été capté par les caméras du ministère des Transports. On y voit la voiture de la chauffarde tenter le dépassement d’un VUS où se trouvaient quatre personnes, dont un adolescent de 12 ans, avant de se rabattre rapidement sur le véhicule, le poussant directement vers le champ à sa droite.
Après avoir violemment percuté le fossé, l’imposant VUS fait un tonneau avant de retomber sur ses roues.
Séquelles graves
Étienne Béliveau était au volant, accompagné de sa conjointe, son frère et son neveu. Il ne décolère pas des risques que l’accusée a pris ce jour-là, surtout six mois après sa première conduite avec les facultés affaiblies causant des lésions alors que son permis était suspendu pour des contraventions impayées.
«Entendons-nous sur le vocabulaire, je définis l’événement comme une agression armée», a confié l’homme qui vient tout juste de reprendre le travail un an et demi après l’embardée.
Problèmes lombaires, commotions cérébrales, traumatisme crânien, les séquelles que gardent les occupants sont graves.
«Dans cet événement-là, j’ai tout perdu et là, j’essaie juste de retrouver une vie normale», a témoigné Charles Béliveau qui dit n’avoir jamais retrouvé entièrement ses capacités après sa commotion cérébrale. «Je ne sais pas si ça va revenir. Je n’y crois plus on dirait.»
Camille Chalifour avait deux fois la limite permise d’alcool dans le sang alors qu’elle revenait d’une sortie aux pommes. La femme de 35 ans avait pris la fuite à pied avant de revenir sur les lieux de l’accident plus d’une heure plus tard pour se livrer.
«Je me sens très mal. C’était très irresponsable de ma part. [...] J’étais à mon plus bas», a témoigné la conductrice, admettant vivre avec un problème d’alcoolisme.
Bouteille de vin
Six mois avant l’événement de l’automne 2023, l’accusée avait causé une première collision sur l’autoroute 40, dans Portneuf. Elle se rendait à une fête tenue pour son anniversaire à Trois-Rivières et avait bu une bouteille de vin avant de prendre la route.
Elle a percuté de plein fouet l’arrière de la voiture de deux travailleurs guatémaltèques, blessés dans la collision. L’un d’eux, Paolino Dias, a dû subir une chirurgie reconstructrice de la vessie en plus de souffrir d’une hémorragie crânienne.

«C’est inhumain ce qu’il a vécu», a témoigné son ancien employeur, Jessica Marcoux, parlant de son hospitalisation dans un pays étranger, loin des siens.
Positions à l’opposé
L’avocate de Camille Chalifour a soumis au juge Frank D’Amours l’imposition d’une peine de deux ans à purger dans la collectivité.
Me Carole Anne Gagnon a souligné le cheminement de sa cliente depuis les événements, elle qui a témoigné être abstinente et s’être impliquée auprès des Alcooliques anonymes.

L’accusée a témoigné souffrir d’alcoolisme en lien avec des problèmes de gestion de ses émotions, notamment de deuils qui se sont accumulés dans sa vie.
La procureure de la Couronne au dossier, Me Camille Dubé a quant à elle réclamé l’imposition d’une peine de quatre ans et trois mois de pénitencier. «Le crime, ce n’est pas de souffrir d’alcoolisme, le crime c’est d’avoir fait le choix de boire et de prendre le volant les deux fois.»
Le juge D’Amours a pris la cause en délibéré et doit rendre la peine en novembre prochain.
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