Pendant son séjour à McGill, Mathieu Darche a failli abandonner le hockey pour se concentrer sur le football


Jonathan Bernier
On se doutait depuis quelques saisons que ce n’était qu’une question de temps avant que Mathieu Darche, qui fourbissait ses armes auprès de Julien Brisebois chez le Lightning, se voie confier le poste de directeur général d’une équipe de la LNH.
Mais il y a 30 ans, personne n’aurait gagé sa maison là-dessus. Martin Raymond, son entraîneur de l’époque chez les Redmen de McGill peut en témoigner.
Et ça n’a rien à voir avec ses qualités intellectuelles ou ses habitudes de vie.

«Il aurait pu jouer dans la NCAA, en première division, mais il était venu à McGill parce que l’université permettait à un athlète de faire partie, à la fois, de l’équipe de hockey et de l’équipe de football», a raconté Raymond, joint au téléphone.
Une bonne idée en théorie, mais une moins bonne dans la réalité. Entraînements de football le matin, entraînement de hockey le soir. Puis, entre les deux, évidemment, une journée sur les bancs d’école.
Brûlé par ces journées éreintantes et ralenti par sa musculature et son poids de joueurs de football, le Montréalais avait terminé sa saison de hockey avec une seule mention d’assistance en 15 matchs.
«À la fin de la saison, il est venu me voir pour me dire que les dirigeants de l’équipe de football souhaitaient l’avoir à temps plein, qu’ils étaient convaincus qu’il pourrait jouer dans la LCF», a raconté celui qui entraîne aujourd’hui les Gaulois du Richelieu de la Ligue M17 AAA.
«Il m’a demandé si je pensais qu’il pourrait connaître une carrière professionnelle au hockey. Je lui ai répondu que je ne pouvais rien lui garantir, mais qu’il s’en donnerait la chance s’il s’investissait à temps plein», a-t-il poursuivi.
Une explosion
Darche a réfléchi pendant une semaine puis a rappelé Raymond.
«Il m’a dit qu’il avait décidé de jouer au hockey: “Je sais que tu n’as pas confiance en moi, mais je vais te montrer ce que je peux faire.” Cette année-là, il en a mis autour de 25 dedans dans un calendrier d’environ 35 matchs.»
Il a terminé sa carrière universitaire deux ans plus tard, avec une récolte de 72 points en 33 matchs et une invitation pour participer au camp des Blue Jackets de Columbus.
Au cours de cette même saison, il avait aidé une formation de joueurs étoiles universitaire à vaincre l’équipe nationale canadienne avec une récolte de deux buts. Ce qui a attiré les réflecteurs sur lui.
«Sa plus grande force était de performer quand ça comptait. Il était fort mentalement, il pouvait gérer la pression, a énuméré Raymond. Dans la LNH, c’est la qualité la plus importante. Parce que jouer, dans la LNH, c’est difficile.»
Travailler avec Roy
Parlant de chose difficile, plusieurs sont d’avis que d’être le patron de Patrick Roy n’est pas de tout repos. Raymond, qui connaît les deux hommes, est persuadé que le courant va passer.
«Même si ce sont deux gars qui ont des personnalités différentes, ça va bien aller. Ce sont deux gars passionnés, mais posés et réfléchis. Je suis tellement content pour eux.»
Et comme les Québécois sont peu nombreux dans ces postes, c’est à souhaiter que ça fonctionne.
«Il est allé à la bonne école», Jacques Martin
Martin Raymond l’a dit: ce n’est pas facile de jouer dans la LNH. Pourtant, Darche y est arrivé. En 12 ans dans le hockey professionnel, il s’est accroché suffisamment pour être en mesure de disputer 250 matchs dans le circuit Bettman.
D’entre eux, 179 l’ont été dans l’uniforme du Canadien, sous les ordres de Jacques Martin. L’ancien entraîneur-chef du Tricolore, qui a dirigé Darche sur trois saisons, est persuadé que son ancien poulain fera de l’excellent travail dans ces nouvelles fonctions.

«C’est pleinement mérité. Ce n’est pas pour rien que ça fait plusieurs fois que son nom est mentionné quand des postes sont disponibles, a indiqué Martin, qui agit maintenant comme conseiller auprès du groupe d’entraîneurs de l’organisation des Sénateurs. Il est allé à la bonne école en travaillant avec Julien Brisebois.»
«Il sait ce que ça prend pour construire une équipe. Il a joué un rôle important dans celles du Lightning, a-t-il ajouté. C’est une expérience cruciale. Il va pouvoir l’amener à New York en ajoutant sa propre philosophie.»
Les qualités requises
Évidemment, le passage de Darche sous les couleurs bleu-blanc-rouge n’a rien de celui d’un futur membre du Temple de la renommée. Néanmoins, Martin soutient qu’il possédait des qualités propres à lui.
«C’est un gars qui allait à la guerre tout le temps, qui faisait preuve de beaucoup de persévérance. Il avait une bonne compréhension du jeu, un bon jugement et ils portaient attention aux moindres détails» a énuméré celui qui a lui-même occupé les fonctions de directeur général, avec les Panthers.
Des attributs qui lui serviront dans son nouveau rôle.