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L'article provient de Le Journal de Québec
Politique

Pendant ce temps, Poilievre ne profite pas des gaffes de Trudeau...

Poilievre ne parvient pas à tirer son épingle du jeu, malgré les problèmes dans lesquels Trudeau est empêtré.
Poilievre ne parvient pas à tirer son épingle du jeu, malgré les problèmes dans lesquels Trudeau est empêtré. Photo AFP
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Photo portrait de Thomas  Mulcair

Thomas Mulcair

2023-03-02T05:00:00Z
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Comme une mouche qui accepte l’invitation d’une araignée à visiter son salon, Pierre Poilievre s’est bêtement aventuré sur le territoire identitaire libéral qu’il aurait pu éviter. Trudeau en sortira avantagé.

Pierre Poilievre est un phénomène politique.

Entendons-nous bien, il serait difficile d’être plus éloigné des idées de Poilievre que je le suis. Ce que je veux dire en affirmant qu’il est un phénomène politique, c’est que le fait même pour lui d’éviter, voire de mépriser tout ce qui est correct et admis en politique canadienne fait de lui une bête rare avec laquelle il est très difficile de composer, tant pour ses adversaires que pour les médias.

Ainsi, le voir dévorer tout rond Jean Charest lors des débats de la course à la chefferie conservatrice me faisait penser à un vieux film japonais dans lequel Godzilla croquait un passant... Bref, Poilievre est un carnassier. 

La classe politique et médiatique tout entière vilipende « le convoi de la liberté » ? Poilievre leur apportera des beignes et du café.

Et lorsqu’il deviendra clair que des illuminés entendent bloquer l’accès au parlement à Ottawa jusqu’à ce que le gouvernement soit remplacé, il ne les dénoncera pas, mais il prendra ses distances... du bout des lèvres. Comme aimait dire l’ancien chef conservateur Brian Mulroney, il faut bien danser avec celui qui t’a amené au party...

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Occasions ratées

Pourtant, un million de votes à la fois, Trudeau est en train de gommer les chances électorales des conservateurs, dans une toile tissée par les libéraux depuis des générations et dont eux seuls maîtrisent tous les recoins.

La saga entourant la nomination d’Amira Elghawaby comme représentante spéciale du Canada chargée de la lutte contre l’islamophobie est peut-être chose du passé pour la majorité des gens. Mais pour un bon nombre des quelque deux millions de Canadiens qui composent la communauté musulmane, ce souvenir est très vif. Ils considèrent que Trudeau les a défendus, mais que Poilievre n’était pas là pour eux.

Même chose pour les quelque 1,5 million de Canadiens issus des Premières Nations, les Inuits ou les Métis : Poilievre a récemment fait l’erreur de s’adresser à un institut de droite de Winnipeg qui nie les horreurs des pensionnats autochtones.

Lorsque l’on ajoute cela à des propos honteux qu’il a déjà tenus dans le passé au sujet de la supposée paresse des Autochtones – pour lesquels il s’est excusé –, disons que les conservateurs n’ont aucune chance de percer au sein de ces communautés. Trudeau en profitera un maximum.

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Ingérence chinoise

Les conservateurs pensent qu’il n’y a du mal que pour les libéraux dans le dossier de l’ingérence chinoise lors des élections fédérales. Mais ils font erreur.

Il faut porter attention à Justin Trudeau lorsqu’il vole à la défense de la communauté chinoise. Des membres de cette communauté disent se sentir attaqués et déplorent les commentaires de ceux qui confondent Chinois et gouvernement chinois. Ils sont alors potentiellement 1,8 million de Canadiens d’origine chinoise à apprécier l’attitude du chef libéral.

Au même moment, le CIJA, le très respecté lobby de la communauté juive au Canada, a sonné l’alarme, la semaine dernière, lorsque trois députés de Poilievre ont décidé de s’asseoir pour le lunch avec une députée néonazie du Parlement européen.

Allô le jugement ! Et bye bye l’appui d’une communauté influente avec laquelle le chef conservateur avait travaillé très fort pour tisser des liens...

Trudeau maîtrise l’art de côtoyer les communautés culturelles et d’obtenir leurs votes. Mais Poilievre n’en a toujours pas compris l’importance.

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