Pendant ce temps, au Canada


Guillaume St-Pierre
Steven Guilbeault a dû parfois se sentir petit dans ses souliers à la COP26.
Le Canada n’est plus la risée qu’il était sous Stephen Harper.
Mais la vérité assombrit certainement les bonnes intentions du ministre.
La vérité, c’est que le Canada n’a jamais atteint ses cibles de réduction des GES.
Le Canada est le seul pays du G7 qui a haussé ses émissions de 2015 à 2019.
Sa délégation est l’une des 27 à avoir fait de la place à des industriels du pétrole.
Il est le quatrième plus gros producteur au monde, et ça ne risque pas de changer avant longtemps.
Une industrie en expansion
Si vous ne le saviez pas, l’Alberta connaît en ce moment une véritable renaissance de son industrie pétrolière.
La pandémie a été très bonne pour elle.
Les investissements dans les sables bitumineux sont à la hausse, une première en sept ans.
Les revenus du pétrole atteignent des records.
Le Financial Post rapportait il y a quelques jours que la plus grande entreprise pétrolière au pays avait foré 586 puits cette année, en hausse de 18 % par rapport à 2020.
Les redevances à l’Alberta ont explosé de 400 % par rapport à ses projections.
Bref, l’industrie pétrolière se porte à merveille.
Plus largement, le Canada prévoit augmenter sa production de gaz naturel de 18 % et de 17 % d’ici 2040.
Que pense le ministre Guilbeault de cette hausse dans les années à venir ?
Pour l’essentiel, il s’en lave les mains.
Le fédéral s’occupe de limiter la pollution. Les provinces, elles, ont la responsabilité de la production des énergies fossiles, a-t-il dit en substance en point de presse, vendredi, à Glasgow.
Paroles
Le Canada croit ainsi être en mesure de compenser sa hausse de production de pétrole en plafonnant les émissions de cette industrie, pour ainsi atteindre la carboneutralité d’ici 2050.
Plus de pétrole, mais du pétrole moins polluant.
Comment y arrivera-t-on ? On ne sait toujours pas.
L’industrie est à la recherche de technologies de captage et de stockage du CO2.
Il y a aussi la plantation d’arbres. Mais ceux-ci ne vivent malheureusement pas aussi longtemps que le CO2 émis dans l’atmosphère.
Le Parti libéral a promis de belles choses en matière d’environnement pendant la dernière campagne électorale.
Mais ses bonnes intentions sont trouées de contradictions. Ainsi va la vie, pour l’État pétrolier que nous sommes.