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L'article provient de TVA Nouvelles
Monde

Pékin freine sa coopération avec Washington, qui dénonce une décision «irresponsable»

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Agence France-Presse

2022-08-06T02:31:24Z
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La Chine a suspendu vendredi sa coopération avec les États-Unis sur le réchauffement climatique et dans d’autres domaines, une décision «irresponsable» selon Washington, qui a enjoint à Pékin de cesser ses exercices militaires autour de Taïwan en vue d'apaiser les tensions. 

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Pékin va «suspendre les négociations sino-américaines sur le changement climatique» et annuler un entretien entre les dirigeants militaires ainsi que deux réunions sur la sécurité, a déclaré le ministère chinois des Affaires étrangères quelques jours après la visite à Taïwan de la présidente de la Chambre des représentants des États-Unis, Nancy Pelosi.

AFP
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Il a reproché à cette dernière d’avoir traité avec «mépris» l’opposition de la Chine à sa visite.

La Chine et les États-Unis, les deux plus importants émetteurs de gaz à effet de serre du monde, avaient conclu un accord surprise sur le climat lors du sommet de la COP26 à Glasgow l’an dernier. 

Ils s’étaient engagés à travailler ensemble pour accélérer les actions pour le climat dans la prochaine décennie et à se réunir régulièrement pour «s’attaquer à la crise climatique».

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Le ministère des Affaires étrangères a également dit suspendre la coopération avec Washington sur le rapatriement des migrants illégaux, ainsi qu’en matière de justice, de criminalité transnationale et de lutte antidrogue.

La suspension du dialogue sur le changement climatique est «foncièrement irresponsable», a réagi le porte-parole du département de la Défense des États-Unis, John Kirby. «La Chine ne punit pas seulement les États-Unis, elle punit le monde entier», a-t-il ajouté.

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a de son côté affiché sa consternation. Pour lui, «il est impossible de résoudre les problèmes les plus pressants dans le monde sans un dialogue et une coopération efficaces entre les deux pays», a déclaré son porte-parole.

  • Écoutez Stéfanie Tougas, directrice – Affaires publiques et gouvernementales chez Tact au micro de Yasmine Abdelfadel sur QUB radio:

«Calmer le ton»

Les États-Unis ont aussi appelé la Chine à cesser les manœuvres militaires qu'elle a entreprises depuis la visite controversée de Nancy Pelosi à Taïwan.

«Les Chinois peuvent beaucoup faire pour réduire les tensions en cessant leurs exercices militaires provocateurs et en calmant le ton», a déclaré John Kirby.

Mobilisant avions et navires de guerre, les plus grands exercices militaires jamais organisés par la Chine près de Taïwan, en réaction au voyage de Mme Pelosi cette semaine, se sont poursuivis vendredi pour la deuxième journée d’affilée, Taipei fustigeant son «voisin malveillant», dont les manœuvres l’ont littéralement encerclé depuis trois jours.

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La Maison-Blanche avait auparavant convoqué l’ambassadeur de Chine à Washington, condamnant «les opérations militaires de la Chine qui sont irresponsables, contraires à notre objectif de longue date de maintien de la paix et à la stabilité dans le détroit de Taïwan», selon M. Kirby. 

Le chef de la diplomatie chinoise, Wang Yi, a répliqué en reprochant aux États-Unis d’avoir «pour habitude de créer un problème et d’utiliser ensuite ce problème pour parvenir à leurs fins». 

Les exercices militaires doivent se poursuivre jusqu’à dimanche midi.

«Ligne médiane»

Selon Taipei, à 17h vendredi, un total de 68 avions et 13 navires de guerre chinois avaient franchi depuis le début de la journée la «ligne médiane» du détroit de Taïwan, qui sépare l’île du continent.

La veille, Pékin avait déjà tiré une dizaine de missiles balistiques et déployé son aviation et sa marine dans les six zones maritimes choisies pour les manœuvres tout autour de Taïwan, s’approchant jusqu’à 20 km des côtes et perturbant des routes commerciales parmi les plus fréquentées du monde.

La chaîne publique CCTV a affirmé que des missiles chinois avaient même survolé Taïwan pour la première fois. Taipei n’a pas confirmé.

«Nous ne nous attendions pas à ce que notre voisin malveillant fasse étalage de sa puissance à notre porte et qu'il mette arbitrairement en péril les voies navigables les plus fréquentées du monde par ses exercices militaires», a déclaré à la presse le premier ministre taïwanais, Su Tseng-chang.

À Pingtan, une île chinoise située non loin des manœuvres en cours, des journalistes de l’AFP ont aperçu vendredi en mi-journée un avion de chasse dans le ciel.

Portant des parapluies pour se protéger d’un soleil de plomb, des touristes tentaient de photographier l’appareil tandis qu’au loin, dans le détroit de Taïwan, on apercevait un navire militaire chinois.

Le Japon a exprimé une protestation diplomatique formelle contre Pékin, estimant que cinq des missiles chinois étaient tombés à l’intérieur de sa zone économique exclusive.

À Tokyo, dernière étape de sa tournée asiatique mouvementée, Mme Pelosi a affirmé que les États-Unis «ne permettr[aie]nt pas» à la Chine d’isoler Taïwan, assurant que son déplacement «ne visait pas à changer le statu quo ici en Asie, à changer le statu quo à Taïwan».

Les manœuvres chinoises empiètent sur certaines des routes maritimes les plus fréquentées de la planète, par lesquelles des équipements électroniques essentiels provenant des usines d’Asie orientale sont acheminés vers les marchés mondiaux.

Les analystes s’accordent pour dire que, malgré ces exercices militaires, Pékin ne souhaite pas pour l’instant une confrontation armée.

«La dernière chose que Xi souhaite est le déclenchement d’une guerre accidentelle», commente auprès de l’AFP Titus Chen, professeur de l’Université nationale Sun Yat-sen à Taïwan.

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