Pékin 2022: Charles Hamelin évincé de la finale du 1500 mètres


François-David Rouleau
PÉKIN | À travers le pays, la date du 9 février était encerclée sur le calendrier des amateurs de sports pour regarder Charles Hamelin devenir le meilleur patineur de vitesse de tous les temps. L’athlète n’a pas accompli sa mission comme prévu, avec une médaille. Elle n’est toutefois pas terminée pour autant.
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On sentait, mercredi soir, avant la course du 1500 mètres, qu’un long chapitre de l’histoire canadienne du patinage de vitesse sur courte piste se tournait au Palais omnisports de la capitale de Pékin.
Sur la scène individuelle, celle d’un athlète accompli maintenant âgé de 37 ans qui tourne en rond sur un petit ovale olympique depuis les Jeux de Turin en 2006.
Hamelin, décoré de cinq médailles auréolées des anneaux, avait l’opportunité de réécrire l’histoire en remportant une sixième médaille, et ce, dans cinq Jeux différents. Ç’aurait été une première dans le livre olympique. À sa portée, il pouvait surpasser Marc Gagnon, qui est aussi l’un de ses entraîneurs à Pékin, et François-Louis Tremblay.

Pas l’heure du bilan
Ce beau scénario ne s’est toutefois pas écrit sur la surface glacée. Pénalisé en raison du coltaillage dans une costaude dernière vague en demi-finale, le Québécois n’a pu se qualifier à la finale.
Plutôt que de s’apitoyer sur son sort et fondre en larmes, il est resté droit en pensant à l’avenir à très court, court et moyen terme.
Parce que son travail n’est pas terminé en Chine. Mercredi prochain, il a toujours cette opportunité de devenir l’athlète masculin le plus décoré des Jeux d’hiver lors du relais 5000 mètres.
Tout n’est pas perdu. Le bilan des Jeux et de sa carrière attendra le retour au bercail.
« Individuellement, c’est terminé. Mais ce n’est pas une finalité. Il reste encore beaucoup de travail à faire. Il y a le relais masculin et toutes les autres courses féminines et masculines. Ce n’est vraiment pas fini », a martelé le leader de la formation canadienne de patinage.
Une locomotive
Dans cette équipe, il est bien plus que le patineur participant à deux épreuves. Il en est le cœur.

Il fallait écouter et observer sa coéquipière Kim Boutin, peinant à retenir ses larmes, le trémolo dans la voix, parler de la locomotive de l’équipe.
« C’est le plus grand athlète qu’on n’a jamais eu. C’est un cheval sans frein. Il nous a permis à tous de croire qu’on pouvait écrire notre propre histoire, a relaté avec émotion la patineuse. Le voir terminer de cette façon ne justifie pas l’athlète qu’il est. Je lui souhaite énormément l’or avec le relais. Tout est possible. Il finira sur une bonne note. »
Hamelin l’a évidemment admis. Le résultat de cette dernière course individuelle n’est pas celui auquel il s’attendait. Sans avoir fixé d’objectifs quantitatifs précis, son unique présence en Chine était en soi une victoire.
Grâce à sa conjointe Geneviève et sa fille Violette qui l’ont fidèlement soutenu dans les hauts et les bas du dernier cycle olympique, il s’est rendu à bon port. Il leur a d’ailleurs parlé immédiatement après la course alors que sa petite puce, de bientôt deux ans, continuait à l’encourager. Un moment qui a apaisé sa douleur.
Épauler son équipe
Amoureux de son sport et capable de repousser ses limites, l’athlète ne visait pas un résultat sur le podium ou les records. Dans ses plus grands rêves sportifs, « oui, peut-être », comme il l’a signalé en point de presse à sa sortie de la patinoire.
Avec cinq médailles olympiques, dont deux d’or (2010 et 2014), il voulait profiter de sa dernière présence aux Jeux.
D’ici la fin du programme de patinage sur courte piste, il continuera à endosser son rôle de vétéran en épaulant et encourageant son équipe à chacune des épreuves. Qui sait, dans six jours, sera-t-il devenu sans contredit le plus grand patineur canadien et l’un des plus grands au monde.