Peine record de 18 ans pour un pédophile qui a acheté une fillette
Il avait acheté une fillette de 8 ans en Afrique pour en faire son esclave sexuelle

Michael Nguyen
Un Montréalais qui avait acheté une fillette en Afrique pour en faire son esclave sexuelle a écopé d’une peine record de 18 ans de pénitencier, même s’il estimait devoir être libéré aujourd’hui pour renouer avec sa victime.
« Cette intention avouée de revenir dans la vie de la victime démontre [...] une incompréhension des torts et des séquelles qu’il a causés », a déploré le juge Pierre Labelle en envoyant à l’ombre Sylvain Villemaire, mercredi, au palais de justice de Montréal.
- Écoutez le commentaire de Gilles Proulx au micro de Richard Martineau sur QUB radio:
L’homme de 60 ans est un psychoéducateur retraité qui avait acheté une fillette de huit ans en Afrique, en 2015.
La mère de l’enfant avait accepté de la laisser partir en échange d’argent pour avoir accès à de l’eau potable.
Et dès l’arrivée de la petite au Canada, le pédophile lui avait fait signer un « contrat » stipulant qu’elle devait se soumettre.
Ainsi, jusqu’à ce qu’elle soit sauvée en 2018, elle a vécu les pires sévices sexuels tandis que Villemaire tentait de lui faire croire que tout était normal en lui faisant visionner de force de la pornographie juvénile, à même sa collection de 8000 photos.
« Il est difficile d’imaginer des gestes plus intrusifs », a laissé tomber le magistrat.
- Écoutez la chronique de Sophie Durocher au micro de Philippe-Vincent Foisy sur QUB radio:
Coupable de crimes en lien avec la pornographie juvénile, de contacts sexuels, mais surtout de traite de personne mineure, Villemaire souhaitait écoper de trois ans de pénitencier, afin de pouvoir sortir de prison aujourd’hui et reprendre contact avec la victime.
Sauf que le juge n’a pas été de cet avis, le condamnant plutôt à 18 ans de pénitencier, comme le demandait Me Amélie Rivard de la Couronne.
DPJ
De mémoire judiciaire, il s’agit d’une peine record pour un cas d’abus d’enfant avec une seule victime.
La fillette, de son côté, est maintenant prise en charge par la Direction de la protection de la jeunesse.
Si elle peut maintenant espérer une vie meilleure, le juge est conscient qu’il reste beaucoup de travail à faire.
Avenir hypothéqué
« Je ne veux pas être alarmiste ou particulièrement pessimiste, mais l’avenir de cette jeune femme apparaît lourdement hypothéqué, je lui souhaite du courage, de la résilience et qu’elle puisse avoir la chance de croiser des gens bienveillants sur son chemin », a énuméré le juge.
Sans commenter directement la cause, la directrice générale de la Fondation Marie-Vincent, qui apporte un soutien complet aux enfants victimes d’abus sexuels, rappelle qu’il est toujours possible d’aider ceux-ci.
« Ils passent au travers de choses inimaginables, mais il y a un espoir de se rebâtir afin qu’ils puissent se développer », a assuré Stéphanie Gareau.
Selon elle, il est essentiel de protéger les plus vulnérables. « On a tous un rôle à jouer », a-t-elle résumé.
- Écoutez la chronique judiciaire de l’ex-juge Nicole Gibeault à QUB radio:
Ce que le juge a dit
« Force est de constater que la victime commence sa vie avec un très lourd fardeau, fardeau qui a été placé sur ses épaules uniquement par les gestes posés par le délinquant. »
« [Villemaire] minimise autant ce qu’il a fait que les conséquences de ses gestes chez la victime. Il ne semble pas comprendre le caractère hautement répréhensible de s’attaquer à une enfant de cette façon. »
« En déracinant la victime de son milieu et de sa famille, il l’a rendue orpheline, en plus de toutes les autres conséquences que cette dernière a vécues et continuera de vivre. »
« Il ne semble y avoir aucune reconnaissance des torts qu’il a causés à la victime. »
« Il n’existe qu’une seule sanction adéquate, soit une peine d’emprisonnement significative. Les tribunaux doivent se montrer plus sévères que dans le passé. »