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L'article provient de Le Journal de Montréal
Justice et faits divers

Peine de 20 ans pour avoir brûlé vive son ex-conjointe

Jaloux et contrôlant, Frej Haj Messaoud avait tenté de tuer sa femme en pleine rue à Québec, en août 2019

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Photo portrait de Pierre-Paul Biron

Pierre-Paul Biron

2022-05-03T14:03:49Z
2022-05-03T22:56:31Z
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Horrible, indescriptible, atroce. C’est dans ces termes sans équivoque que Frej Haj Messaoud a été condamné à 20 ans de prison mardi pour avoir tenté de tuer son ex-conjointe en l’immolant en 2019, une des peines les plus sévères en la matière au Québec et qui servira à envoyer un message clair.

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«Personne, dans un couple, ne possède un droit de contrôler l’autre et de le punir en cas de résistance. Toute personne, quelle qu’elle soit, a le droit de quitter une relation sans craindre d’être victime de violence», a insisté le juge Guy De Blois lors du prononcé de la peine mardi matin, qualifiant la violence conjugale de «fléau qui se doit d’être fermement dénoncé».

Dans une décision dure envers l’accusé, le magistrat a rappelé l’horreur que Haj Messaoud a fait vivre à sa victime. Autant durant leur relation toxique où le contrôle était total que dans son accès de folie du 9 août 2019, l’homme aujourd’hui âgé de 42 ans aura cherché le contrôle de son ex-épouse.

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«L’emprise exercée par l’accusé sur la victime pendant leur vie commune [...] est absolue. Il est difficile d’imaginer qu’un tel scénario soit possible au Canada à notre époque», s’est désolé le juge De Blois, ajoutant qu’une tentative de meurtre d’une atrocité indescriptible comme celle-ci ne pouvait qu’émerger d’une personne «animée de haine et de vengeance à un niveau tel que toute tentative pour [...] le comprendre est illusoire».   

  • Écoutez la juge Nicole Gibeault au micro de Geneviève Pettersen sur QUB radio:    

Message fort

Les 20 ans d’emprisonnement imposés à Haj Messaoud s’inscrivent dans les peines les plus sévères pour une tentative de meurtre dans un contexte conjugal. L’avocat de la couronne a d’ailleurs salué le message envoyé par le tribunal mardi.

«C’est une décision au Québec qui est majeure en matière de tentative de meurtre sur une ex-conjointe. C’est un message sans équivoque qui est lancé par le juge à quiconque voudrait s’en prendre à son ex-conjointe», a confié Me Matthieu Rochette.

La Couronne demandait l’emprisonnement à perpétuité pour Frej Haj Messaoud. De son côté, l’avocat de la défense, Me Luc Picard, avait proposé au juge une peine entre 7 et 15 ans, soulignant notamment que la décision de son client de plaider coupable devait être prise en compte.

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Pires souffrances

Présente dans la salle, la victime s’est effondrée en larmes lors du prononcé de la peine. L’avocat de la Couronne, Me Rochette, a mentionné qu’elle était satisfaite de la décision, pouvant «enfin tourner la page».

Wiem Haj Amor avait courageusement témoigné au procès des impacts de l’atrocité de l’accusé sur sa vie. Son récit a fait partie des circonstances aggravantes retenues par le juge De Blois dans sa décision.

«La souffrance qu’elle a dû supporter pendant tous ces mois où elle a subi des opérations et des traitements ainsi que durant sa convalescence est, suivant les témoignages de ses médecins traitants, la pire douleur qu’un être humain puisse ressentir», a fait remarquer le magistrat dans sa décision de 17 pages.

Parmi les autres facteurs aggravants retenus par la cour, le crime en lui-même aura choqué.

«Tenter de tuer un être humain, son ex-conjointe, par le feu, témoigne du désir de lui faire subir une souffrance atroce, tout en voulant la marquer pour la vie», a retenu le juge.

Rappel des événements

Haj Messaoud, qui a eu 42 ans dimanche, avait attaqué son ex-conjointe à l’été 2019, dans le quartier Saint-Sauveur. Il s’était présenté chez elle le soir du 9 août après avoir passé plusieurs jours à la suivre par les déplacements GPS de son cellulaire.

Pendant qu’elle était penchée dans le coffre de sa voiture, l’accusé l’avait saisie par-derrière en lui couvrant la bouche avant de lui verser de l’essence sur le corps. Ignorant les cris de détresse et de supplication de sa victime, il avait allumé un briquet, l’enflammant en l’espace d’une fraction de seconde.

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Il s’agissait alors du cruel point final d’une relation basée sur le contrôle, la haine et la vengeance.

Le drame s’était de plus joué sous les yeux horrifiés de la mère de la victime et de la fillette de l’ancien couple, séparé depuis un an environ.

Wiem Haj Amor avait réussi à se sortir de ses vêtements en feu grâce à l’aide d’un voisin, le tribunal précisant que sans cette intervention rapide, elle n’aurait pas survécu à l’attaque.

Elle a été brûlée au troisième degré sur 30% de son corps, majoritairement au dos, au cou et aux bras. Elle a confié lors du procès garder encore aujourd’hui de nombreuses séquelles physiques et psychologiques de l’agression.

Extraits de la décision du juge Guy De Blois  

«Les facteurs aggravants sont nombreux, et le degré de responsabilité de l’accusé est au plus élevé. Il s’est à nouveau senti légitimé de prendre le contrôle, a planifié ses gestes, a délibérément choisi d’immoler madame, puis s’est enfui la laissant pour morte.»

«Le rapport présentenciel dresse un portrait sombre de l’accusé. [...] Le tribunal fait sien les propos de l’agent de probation qui affirme que "le risque de récidive apparaît important" étant donné que "l’analyse met en lumière un individu au potentiel de violence important en contexte relationnel".»

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