Peine clémente pour un coup de poing fatal: la famille de la victime craint qu’un tel drame se reproduise
Ariane Desgroseillers-Lafrance pourra purger sa peine dans le confort de sa maison


Valérie Gonthier
La famille de l’homme tué d’un coup de poing donné par une serveuse à la sortie d’un bar de danseuses craint qu’un autre événement du genre se produise, sachant que l’accusée a évité une peine de prison.
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«Pour être dans la communauté, elle doit faire un travail sur elle. Mais je ne suis pas convaincue de l’absence de risque de récidive», a réagi Anaïs, la fille de Pierre Landry, au lendemain du jugement sur sentence pour celle qui a causé la mort de son père en juin 2022.
Ariane Desgroseillers-Lafrance a écopé mercredi d’une peine de deux ans moins un jour à purger chez elle plutôt que derrière les barreaux.
Il s’agit d’une sentence clémente, comparativement à celle de quatre années d’incarcération suggérée par le ministère public.
Le soir du drame, l’accusée a croisé la victime dans le stationnement du bar Le Vegas, à Longueuil. Fortement intoxiqué, l’homme de 70 ans devait prendre appui sur les véhicules pour maintenir son équilibre.

«Ça m’inquiète»
Desgroseillers-Lafrance se trouvait dans sa voiture, prête à partir. Mais elle avait malgré tout décidé d’en sortir, contourner son véhicule et rejoindre Pierre Landry, avant de lui asséner un coup de poing au visage.
L’homme avait chuté et s’était cogné la tête au sol. Cette blessure lui a été fatale.

Mais cet événement tragique n’aura pas été suffisant pour raisonner l’accusée.
En effet, elle est présentement accusée d’avoir une fois de plus été impliquée dans une altercation à la sortie des bars, quelques mois à peine après le décès de M. Landry.
«Je trouve ça dérangeant de savoir ça, ça m’inquiète», a laissé tomber sa fille.
Mais le juge de la Cour supérieure Daniel Royer a pour sa part félicité l’accusée, qui depuis ce deuxième événement a quitté le domaine des bars, se dit sobre et a entamé une thérapie.
«Le chemin parcouru depuis est remarquable», a noté le magistrat.
Des propos qui ont «heurté» Anaïs, qui estime que ces efforts sont «le minimum».
Aucune attente
«Je ne voudrais pas qu’on l’excuse d’avoir fait ça», a dit la femme de 34 ans.
Elle n’avait pourtant aucune attente quant à la peine et n’espérait pas à tout prix qu’Ariane Desgroseillers-Lafrance soit incarcérée. Mais elle se dit déçue des justifications qu’a données le juge pour le choix de la sentence.
Notamment l’imposant gabarit de la victime par rapport à celui de l’accusée. Selon le juge, bien que M. Landry n’ait pas provoqué l’altercation, il était alors un «intrus sur le bien» de l’accusée et il est «raisonnable pour une personne de défendre son bien».
«Ça donnait presque l’impression qu’il avait des reproches à faire à mon père et qu’on passe à côté du fait qu’un coup de poing a causé sa mort», a dénoncé la fille de Pierre Landry.

Ariane Desgroseillers-Lafrance a, dans le passé, purgé quatre ans de détention pour avoir traversé la frontière avec 182 kilos de cocaïne dans une voiture.
Un antécédent qui n’a pas été pris en compte par le juge, puisqu’il s’agit d’un événement éloigné qui n’est pas violent.
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