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L'article provient de Le Journal de Montréal
Affaires

PDG de Bombardier et menaces tarifaires de Trump: «À la Maison-Blanche, personne ne sait ce qui va arriver!»

Éric Martel, PDG de Bombardier, au 400 Côte-Vertu Ouest, siège social de Bombardier à Dorval, Montréal, Québec, Canada, le vendredi 21 février 2025.

PHOTO: MARTIN ALARIE /  JOURNAL DE MONTREAL
Éric Martel, PDG de Bombardier, au 400 Côte-Vertu Ouest, siège social de Bombardier à Dorval, Montréal, Québec, Canada, le vendredi 21 février 2025. PHOTO: MARTIN ALARIE / JOURNAL DE MONTREAL Photo MARTIN ALARIE
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Photo portrait de Pierre-Olivier Zappa

Pierre-Olivier Zappa

2025-02-22T05:00:00Z
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De retour de Washington, le grand patron de Bombardier me livre ses impressions.

Cinq ans aux commandes de Bombardier, et Éric Martel a remis l’avionneur sur le droit chemin. L’entreprise reprend de l’altitude, les investisseurs embarquent. Mais à l’horizon, une tempête: Donald Trump menace de frapper avec de nouveaux tarifs. Son retour à la Maison-Blanche placera-t-il Bombardier en zone de turbulence?

Q.: Vous revenez d’une visite à la Maison-Blanche avec des proches de Donald Trump! Qu’est-ce qui vous a marqué?

R: Ces gens-là sont en période d’attente. À huis clos, plusieurs reconnaissent que ces mesures pourraient nuire autant aux entreprises américaines qu’à nous. Il y a une volonté de dialogue, mais aussi beaucoup d’incertitude sur la direction que prendra l’administration américaine.

Q.: Même l’entourage de Trump est sceptique?

R.: Personne ne sait ce qui va arriver! Ça fait partie d’une stratégie de négociation de la part de Donald Trump. Est-ce que c’est un bluff? On verra... Moi, je pense que oui! Il faut rester calme et ferme. Je pense que Donald Trump a un agenda pour renégocier l’Accord Canada-États-Unis-Mexique d’ici les prochaines élections de mi-mandat.

Q.: Sur 10, quel est votre niveau d’inquiétude?

R.: Je dirais 3 sur 10. Il y a de l’imprévisibilité, mais les relations économiques entre le Canada et les États-Unis sont trop imbriquées pour que des surtaxes durent longtemps.

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Q.: Bombardier pourrait-elle déplacer sa production aux États-Unis?

R.: Ce n’est pas dans les cartons du tout... mais ça vous aurait fait un beau titre! (rires)

Q.: Pour éviter les tarifs, pourriez-vous livrer des avions à des clients américains via un autre pays?

R.: C’est une possibilité, mais la réglementation complique ce genre de stratégie. Nous attendons les détails du décret américain pour ajuster notre approche.

Q.: Depuis 2020, l’action de Bombardier a bondi de 750%. Contrairement aux Canadiens de Montréal, votre reconstruction a été rapide et payante!

R.: (rires) Les premières années ont été très difficiles. Mais j’avais une bonne connaissance de l’entreprise, et nous avons pris des décisions stratégiques claires: recentrage sur les jets d’affaires, croissance du service après-vente et développement du secteur de la défense. On a exécuté le plan avec rigueur, et les résultats sont au rendez-vous.

Q.: La situation actuelle complique-t-elle vos affaires avec le Pentagone?

R.: Pas du tout. Nos collaborations stratégiques avec le Pentagone sont essentielles pour eux comme pour nous. Nous développons des technologies critiques, et ce secteur continue de croître.

Q.: Bombardier vend-il des jets aux oligarques russes malgré les sanctions?

R.: Non. Depuis 2022, nous avons cessé toute vente en Russie. Même les pièces de rechange ne peuvent plus y être livrées. Nous avons 150 avions utilisés par des clients russes. C’est un gros marché sur lequel nous avons tiré un trait. Un jour, je présume que la situation s’améliorera. J’ai une équipe de plusieurs dizaines de personnes qui effectuent des vérifications à temps plein sur nos clients pour s’assurer du respect des règles.

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Q.: Davos est critiqué pour ses jets privés. Comment répondez-vous aux critiques environnementales?

R.: L’industrie aéronautique a toujours visé l’efficacité énergétique. Nos nouveaux avions consomment jusqu’à 50% moins de carburant qu’il y a quelques décennies. Nous investissons massivement dans des technologies plus propres et utilisons du carburant aviation durable sur nos vols d’essai.

Q.: Quand vous voyez l’avion Airbus de Justin Trudeau fabriqué en France et nos trains du REM achetés en Inde, pensez-vous qu’on manque de vision au Canada?

R.: On est parfois trop naïfs. On a dépensé des milliards de dollars pour attirer des compagnies étrangères. Pour les compagnies d’ici, on pourrait peut-être s’asseoir et se demander: «Qu’est-ce qu’on peut faire de plus?» Un siège social, c’est une valeur inestimable! Un vrai siège social, pas une succursale.

Par exemple, je dépense 15 M$ par année dans les bureaux d’avocats à Montréal. Une compagnie étrangère ne fera pas ça. Il nous faut une stratégie importante sur l’industrialisation.

Q.: Vous avez dirigé Hydro-Québec de 2015 à 2020. Aujourd’hui, nous anticipons une pénurie d’électricité. Avez-vous pris les bonnes décisions?

R.: Je ne veux pas jouer à la belle-mère! C’est sûr que j’ai mes opinions. C’est une organisation extraordinaire. Concernant les pénuries d’électricité dans 10 ans, l’Histoire nous le dira!

  • Ne ratez pas La rencontre Zappa-Martineau, tous les jours 17h, en direct sur la plateforme multimédia de QUB radio et au 99,5 FM :

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