Patrick Roy mérite sa statue... à Montréal

Été 2022: petit lunch d’amitié et de belles discussions à Québec. Attablé avec Patrick Roy et son plus fidèle ami et complice, Jacques Tanguay, on discute à bâtons rompus de la suite.

Ses rêves, ses ambitions encore inachevées, mais aussi son legs, son héritage au hockey amateur québécois. Patrick témoigne à nouveau de son amour profond pour la LHJMQ, du chemin parcouru sous la direction de Gilles Courteau afin de la rendre plus adaptée au développement souhaité de nos jeunes joueurs de hockey élite.

Plus tard, Patrick part pour se rendre à une réunion. Terminant le lunch avec Jacques Tanguay, ce dernier affirme qu’il souhaite honorer Patrick à Québec, soit avec une statue de bronze érigée au Centre Vidéotron.

Deux ans plus tard, nous y sommes, avec une concertation public-privé visant à pourvoir 400 000$, soit le coût de l’œuvre qui montrera Patrick avec la coupe Memorial au bout des bras. Patrick honoré à Québec c’est un naturel, une évidence. Ce sera beau et bien fait, la cérémonie de dévoilement sera émotive.

Et à Montréal?

À l’autre bout de l’autoroute 20, le Canadien a retiré le célèbre numéro 33. Personne n’oubliera ce samedi soir où les caméras ont suivi Patrick de son entrée au Centre Bell jusqu’au centre de la glace. Son célèbre «Ce soir, je rentre à la maison» a marqué l’imaginaire des gens, avec raison. Il y avait beaucoup de la réconciliation dans cette cérémonie qui a instantanément fait rêver les amateurs du CH.

Et si Patrick venait diriger l’équipe? Ou s’il en devenait le directeur général? Ou mieux, le président des opérations hockey? L’occasion n’est toujours pas venue. Patrick a obtenu une nouvelle chance dans la Ligue nationale, mais à New York. Son travail à la direction générale et derrière le banc des Remparts devait être reconnu au plus haut niveau sur la planète.

La quatrième étoile

Le Canadien doit-il s’inspirer de Jacques Tanguay et offrir à Patrick, outre son numéro retiré, sa plus haute distinction? Le 33 mérite-t-il de se retrouver à côté de la cathédrale du hockey aux côtés de Maurice Richard, Jean Béliveau et Guy Lafleur? C’est facile de répondre non. Mais aux côtés des trois plus grandes légendes de l’histoire du CH, les trois étoiles incontestables de la concession, se trouve la statue de bronze d’Howie Morenz; ce n’est pas moi qui vais la profaner en la remettant en cause ici. Toutefois, si Morenz se trouve dans cette allée des légendes, Patrick Roy doit s’y retrouver aussi. Bien entendu, les arguments du «Pourquoi Patrick et pas Ken Dryden ou Jacques Plante?» seront soulevés.

Ses exploits dans le chandail tricolore ont ce qu’il faut pour l’élever au rang des plus grands de l’histoire de la concession. Patrick est pour moi la quatrième étoile du Canadien.

Je peux donc aisément imaginer Geoff Molson lui rendre cet ultime hommage; pourquoi pas à l’occasion d’une visite des Islanders au Centre Bell?

Et comme l’actionnaire de contrôle du Canadien ne semble pas vraiment enchanté à l’idée d’embaucher un jour Patrick pour travailler à la reconquête de son équipe, au moins, par le geste de lui ériger une statue sur la place du Centenaire, il confirmerait que sa décision de ne pas travailler avec Patrick n’a rien de personnel!