Patrick Masbourian restera-t-il no1?


Guy Fournier
Lundi prochain, Patrick Masbourian tentera de demeurer l’animateur de radio numéro un dans le grand Montréal.
Indélogeable de la première place depuis des lunes, Paul Arcand rejoignait près de 90 000 auditeurs à la minute. Ni Masbourian ni Radio-Canada ne doivent se faire d’illusions. Si Arcand n’avait pas accroché son micro, ICI Première n’aurait pas rattrapé les cinq parts de marché qui séparaient jusque là la radio publique du 98,5.
Masbourian jouissait pourtant d’un avantage indéniable sur son plus proche rival. Alors que la publicité ne cessait d’interrompre Arcand, qui ne se gêna jamais pour s’en plaindre, Masbourian pouvait s’exprimer à son aise sans que les pubs lui coupent le sifflet. C’est un luxe que n’avaient même pas les prédécesseurs de Masbourian à la radio publique, encore à la solde de la publicité.
Joël Le Bigot comme René Homier-Roy contrôlaient leur équipe d’une main ferme. Pas toujours avec un gant de velours, d’ailleurs. L’un et l’autre n’auraient jamais toléré la dissipation sur laquelle Masbourian ferme les yeux, quand il n’y participe pas lui-même! C’était devenu une routine pour Le Bigot de couper court aux palabres de Francine Grimaldi, pour qui il avait pourtant beaucoup d’affection.
Débordé par son équipe
Il y aurait peu à redire sur la façon dont Masbourian anime Tout un matin s’il ne se laissait pas souvent déborder par son équipe. L’homme est intelligent et vif, il est chaleureux, cultivé et curieux. Il a de l’à-propos, n’a pas de prétention et a juste l’humour qu’il faut pour pimenter à l’occasion ses propos.
Mais ses collaborateurs et surtout ses collaboratrices donnent l’impression d’être plutôt des groupies. C’est une dérive qui n’est pas facile à esquiver quand un animateur est aussi gentil que Masbourian. N’écoutant que leur admiration, elles s’esclaffent chaque fois qu’il ouvre la bouche et se pâment à son premier mot d’esprit. S’ensuivent des bavardages dont on ne comprend que des bribes tant est grande la cacophonie. Bon prince et oubliant les auditeurs, Masbourian n’ose mettre fin à cette joyeuse cour.
Depuis que Pierre-Yves McSween, un rescapé du 98,5, tricote à Tout un matin ses analyses financières alambiquées, il joint souvent en prime quelques jeux de mots quand ce ne sont pas de discrets doubles sens. Il a droit alors, lui aussi, à des rires groupés qui nous font perdre le fil de son propos.
L’image de marque d’ICI Première
Le verbiage incessant et les éclats de rire de couventines en excursion sont devenus l’image de marque de plusieurs émissions d’ICI Première. La formule fleurit chez Pénélope McQuade, Franco Nuovo et les autres animateurs qui pratiquent «la radio de groupe» comme si le nombre d’invités pouvait masquer la vacuité du propos ou l’insignifiance du sujet.
Il suffirait de peu de choses pour que Patrick Masbourian devienne le «vrai» successeur de Paul Arcand. L’animateur qui est numéro un, quelle que soit la qualité de la concurrence. Peut-être faudrait-il à Masbourian juste un patron (ou une patronne) capable de faire preuve de jugement et d’autorité. S’il en existe à la radio de Radio-Canada...