Patrick Emmanuel Abellard s’est éclaté à ce festival
On peut voir Patrick Emmanuel dans la série «Dernière seconde», sur illico+, et dans «Complètement lycée», disponible sur Crave.
Samuel Pradier
En quelques années, l’acteur a su se tailler une place dans le milieu de la télé et du théâtre. Caméléon à ses heures, il peut livrer avec brio le monologue de King Dave aussi bien que jouer l’ami homosexuel dans Complètement lycée. Il a gentiment accepté de nous livrer quelques secrets.
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1) Enfant, j’avais plein de rêves
J’ai eu plusieurs envies lorsque j’étais jeune. Je rêvais d’être un athlète. Il y a un moment où j’ai voulu faire comme mon père et devenir ingénieur. Ces gens-là bâtissent notre monde, c’est quand même puissant! Ensuite, comme j’adorais les autos, j’ai souhaité devenir designer de voitures. J’ai aussi envisagé de devenir avocat quand j’étais au secondaire... Mais rien de tout ça n’est arrivé! Ce sont tous des métiers dont peu d’enfants rêvent, alors je crois que j'étais surtout influencé par ma famille. En même temps, j’ai un cerveau assez cartésien et je pensais vraiment devenir ingénieur.
2) J’ai toujours pu compter sur le soutien de ma mère
Comme beaucoup de monde, j’ai vécu pas mal de choses, à l'adolescence, qui ont forgé la personne que je suis aujourd'hui. Mes parents ont investi beaucoup d’argent dans ma scolarité. Ils auraient pu avoir une grosse maison, mais ils ont plutôt priorisé notre éducation, à ma sœur et moi. À partir de la prématernelle, j’ai été inscrit dans des écoles privées. Mes parents sont incroyables, mais en tant qu'Haïtiens, ils ont un certain état d’esprit. Ils ne me faisaient pas sentir qu’ils comptaient sur moi, mais il y avait quand même quelque chose comme ça. Quand la famille a su que j’allais à l’école de théâtre, ça n’a pas fait l’unanimité auprès de mes tantes et de ma grand-mère, par exemple. Allant à l'encontre de la famille, ma mère a misé sur moi. Tous les parents veulent voir leurs enfants avoir du succès et être bien.
3) J’ai déjà été vendeur en entretien de pelouses
J’ai travaillé pour Weed Man, qui n’est pas une compagnie de cannabis, mais d’entretien de pelouses. Je faisais du porte-à-porte pour offrir aux gens des soumissions gratuites pour l’entretien de leur pelouse pour l’été. Ce job m’a permis de découvrir que j’avais plus de détermination que je le croyais. À l’époque, j’étais un petit garçon dodu, anxieux et peu motivé. Je devais travailler pendant de longues heures, je marchais toute la journée, c’était pénible. En plus, certaines personnes étaient déjà fâchées en ouvrant la porte. Tu dois réagir à des émotions très différentes, parfois violentes, pour essayer de faire une vente. Cet emploi m'a appris à négocier. J’ai aussi découvert que la marche était bonne pour perdre du poids. Quand j’ai déménagé en ville, je n’avais pas d’argent et pas de voiture: je prenais les transports en commun et je marchais énormément. C’était devenu méditatif.

4) Je crois aux bonnes actions
J’ai été élevé dans le christianisme, je suis baptisé et confirmé. J’ai donc allégoriquement cette base dans mon imagination. Pendant longtemps, j'ai prié devant un vieil homme blanc avec une grosse barbe, des cheveux longs et des yeux bleus. Ma mère a toujours été cool avec nous; passé un certain âge, elle ne nous obligeait plus à aller à l’église. Au cégep, j’ai ouvert les yeux en accédant à ma propre spiritualité, qui a beaucoup évolué. Je dirais qu’aujourd’hui, je crois en une force plus grande que nous. Je crois au karma, aux bonnes actions et aux bonnes énergies. Je pense que notre monde intérieur se reflète à l’extérieur. La bonté, le pardon et le don de soi sont des valeurs importantes pour moi.
5) L’amour est de la bienveillance
On dirait qu’il est plus difficile d’être un jeune adulte aujourd’hui que ça pouvait l’être il y a 20 ou 30 ans, à cause des réseaux sociaux, du côté éphémère des choses et des relations. J’ai fait beaucoup de travail sur moi. J'ai vu un psychologue pendant des années pour m'aider à comprendre ce que ça voulait dire que d'aimer, comment aimer correctement... J’étais plein de bonne volonté, mais mes relations ne fonctionnaient pas et j’avais toujours le sentiment que c'était de ma faute. Je vois quelqu’un actuellement, et c'est la relation dont j'avais besoin. Pour moi, l'amour, c'est de la bienveillance. C'est un espace où l'on sent qu'on peut se poser, être soi-même, et où l’on sera accepté, écouté et considéré. L’amour, ce n’est pas juste ce qu'on aime recevoir; c'est aussi notre capacité à donner et à comprendre ce dont l'autre a besoin, afin de subvenir à ces besoins dans la limite du possible. Quand les choses vont mal autour de toi, tu dois pouvoir te replier sur l'amour. Ça donne une énergie, une joie de vivre et un laisser-aller.
6) La Thaïlande habite mon cœur
J’ai fait pas mal de voyages, mais la Thaïlande reste une place chère à mon cœur et à mon esprit. J’aime son ambiance générale. C'est un endroit où la fréquence spirituelle est beaucoup plus élevée que partout ailleurs. La façon dont les gens se traitent, la manière dont ils se parlent; on est complètement ailleurs. Mon autre voyage inoubliable, c’est ma participation à Burning Man. C’est une expérience que je n’oublierai jamais. Faire du camping dans le désert, c’est vraiment intense! En plus, il n’y a rien là-bas, donc tu dois tout prévoir. J’étais avec mon ami Joey Scarpellino, et on a eu la chance d’aller dans le campement de Guy Laliberté. Les tentes étaient incroyables: chaque intérieur était décoré différemment. Tu fais la fête jusqu’à 5 ou 6 heures du matin, tu vas te coucher quand le soleil se lève, puis tu recommences quelques heures plus tard.
7) J’ai fondé une entreprise avec ma mère
Je suis quand même très satisfait de la vie que je mène en ce moment, mais il y a plein de choses que j’aimerais faire, comme prendre des cours de chant – pour des raisons personnelles et spirituelles. J’ai développé ma voix au point où l’on voulait m’engager pour que je parte en tournée avec un groupe, mais j’ai refusé. Je ne voulais pas nécessairement aller dans cette direction, mais je pense que j’ai eu peur aussi... J'ai envie de pouvoir bien chanter en privé. Quand je m’entends chanter parfaitement, il y a une espèce de résonance au fond de moi, qui m'apaise et me réconforte. Ça me fait du bien. Je voudrais aussi développer mon côté business. Ma mère et moi, on a fondé une entreprise sur laquelle j’aimerais mettre plus de temps. On a créé une bière à l'ananas, qui est finalement plus comme un cidre puisqu’elle ne contient pas de levure. C’est un produit qu’on vend au détail, en commandes privées pour le moment. On essaie de développer notre produit pour que ça devienne plus grand public.