Québec affirme avoir atteint le premier objectif de son entente avec les omnipraticiens, grâce aux 288 000 Québécois supplémentaires désormais inscrits à un groupe de médecine de famille. Mais le vrai test demeurera l’accès pour les patients au moment opportun, préviennent des experts.  

L’entente conclue en mai avec la Fédération des médecins omnipraticiens prévoyait la prise en charge de 250 000 personnes au 31 juillet dernier. Ce sont finalement 288 709 Québécois qui avaient été inscrits en date du 3 août (269 873, le 1er août), a appris notre Bureau parlementaire. 

Chacun d’entre eux recevra une lettre de la Régie de l’assurance maladie indiquant le groupe de médecine de famille (GMF) auquel il est désormais rattaché. « Vous n’avez aucun geste supplémentaire à poser », précise la missive. 

Lorsque la personne aura besoin de consulter, elle devra contacter le Guichet d’accès à la première ligne, nouvelle porte d’entrée du réseau. Le patient sera alors orienté vers le professionnel de la santé approprié. 

Par exemple, une femme qui souhaite simplement renouveler sa pilule contraceptive pourrait être dirigée vers un pharmacien, plutôt qu’un médecin. 

La lettre de la Régie rappelle également que la prise en charge par un GMF ne signifie pas qu’un patient verra chaque fois le même médecin.

Si un omnipraticien accepte d’inscrire un patient de façon permanente, celui-ci ne sera plus suivi par le GMF, précise la Régie.  

Écoutez l’entrevue d’Alexandre Dubé avec Maude Laberge, professeure en économie de la santé à l’Université Laval et chercheuse en Santé des populations et pratiques optimales en santé sur QUB radio:

La clé, l’assiduité

Deux experts consultés se réjouissent de cette première étape, mais affirment qu’il faudra attendre de voir si les patients auront réellement accès à un professionnel de la santé, avant de parler d’un succès. 

« L’atteinte de l’objectif d’inscription est une meilleure nouvelle que l’inverse. Mais inscrire est plus facile que de suivre », souligne Damien Contandriopoulos, professeur à l’École des sciences infirmières de l’Université de Victoria. 

Le taux d’assiduité, qui mesure l’accessibilité d’un médecin pour ses patients, demeure le meilleur indicateur, fait-il remarquer. 

Des impacts à court terme

Spécialiste des soins de première ligne en santé, Maude Laberge estime d’ailleurs que ces indicateurs devraient être rendus publics, afin d’avoir une meilleure idée du succès de la prise en charge. 

« S’il y a des patients qui sont déjà inscrits, mais qui se retrouvent quand même à l’urgence, qui vont consulter ailleurs, ça va se voir dans les indicateurs de continuité des soins, dit la professeure à la faculté des sciences de l’administration de l’Université Laval. Donc, on devrait savoir s’il y a une prise en charge effective ou pas relativement rapidement. » 

OBJECTIFS DE L’ENTENTE AVEC LA FMOQ

► 250 000 patients supplémentaires pris en charge au 31 juillet

► Un total de 500 000 patients pris en charge au 31 mars 2023