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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

Patience, ténacité et courage

L’Association des joueuses professionnelles présentera un tournoi de démonstration les 2 et 3 avril à l’Auditorium de Verdun.
L’Association des joueuses professionnelles présentera un tournoi de démonstration les 2 et 3 avril à l’Auditorium de Verdun. Photo d’archives, Didier Debusschère
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Photo portrait de Marc de Foy

Marc de Foy

2022-03-24T09:00:00Z
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Danièle Sauvageau a eu un coup de cœur avant le match qui mettait en vedette Ève Gascon, samedi dernier à Gatineau. Pendant l’échauffement, une jeune fille debout derrière le filet n’avait d’yeux que pour la gardienne de but.

La petite était ravie par ce qu’elle voyait. Elle tapait dans la baie vitrée pour tenter d’attirer l’attention de Gascon, qui était occupée à recevoir les tirs des joueurs des Olympiques.

Cette image montre la place que le hockey féminin occupe dans l’imaginaire de la jeunesse québécoise.

À leurs débuts, France St-Louis et Danielle Goyette n’avaient pas de modèles féminins à qui s’identifier. Ce sont elles qui sont devenues des sources d’inspiration. 

Goyette s’est frayé un chemin jusqu’au Panthéon du hockey. Kim St-Pierre y a été intronisée l’an dernier et on peut penser que Marie-Philip Poulin les y rejoindra un jour.

Manon Rhéaume, Nancy Drolet, Caroline Ouellette, Charline Labonté, Gina Kingsbury, Catherine Ward, Mélodie Daoust, Thérèse Brisson et Sarah Vaillancourt ont écrit aussi leur nom dans l’histoire.

Le travail se poursuit

Cela dit, le hockey féminin a encore beaucoup à gagner en termes de structure et de visibilité. 

L’Association des joueuses professionnelles, qui est née de la dissolution de la Ligue canadienne en 2019, travaille dans le but de créer une ligue professionnelle, qui regrouperait les meilleures hockeyeuses au monde.

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Montréal en ferait partie, elle qui a déjà été acceptée au cours des derniers mois au sein de la Premier Hockey Federation, qui regroupe des concessions à Toronto, à Boston, à Danbury (Connecticut), à Buffalo, à St. Paul (Minnesota) et à Monmouth Junction (New Jersey).

Rendez-vous à Verdun

Pour le moment, l’Association des joueuses professionnelles maintient sa visibilité par la présentation de mini-tournois appelés Vitrine Quartexx.

Le prochain événement aura lieu les 2 et 3 avril à l’Auditorium de Verdun, à Montréal, qui abrite le Centre de hockey de haute performance 21.02 fondé et dirigé par Danièle Sauvageau depuis sa création en 2015.

Étant au repos, la majorité des médaillées d’or des Jeux de Pékin n’y seront pas. Mais la gardienne Ann-Renée Desbiens, qui a été phénoménale devant le filet de l’équipe canadienne, rehaussera l’événement de sa présence.

Ce sera l’occasion de revoir en action les Geneviève Lacasse, double médaillée olympique, Catherine Dubois, Karell Émard, Ann-Sophie Bettez, Alexandra Labelle, Catherine Daoust et Lauriane Rougeau, elle aussi détentrice de deux médailles olympiques.

Des commanditaires se sont donné la main pour appuyer l’événement. L’équipe de Montréal sera parrainée par la chaîne de restaurants Harvey’s ; celle de Calgary par la Banque
Scotia ; celle de Boston par la compagnie d’équipements de hockey Bauer ; et celle du Minnesota par Adidas.

Pour chaque 500 $ de commandite, l’organisation distribue 25 billets aux différentes associations de hockey mineur.

Sauvageau prévoit de bonnes foules.

Quartexx, qui est la firme de représentations d’athlètes où Kent Hughes œuvrait avant de devenir directeur général du Canadien, facilitera les déplacements des joueuses de Calgary et des États-Unis.

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Pour le plaisir et l’honneur

La première journée mettra à l’affiche les demi-finales, qui seront suivies le lendemain de la finale consolation et de l’affrontement ultime entre les vainqueurs des demi-finales.

« Un prix symbolique sera décerné à l’équipe championne », indique Sauvageau.

« Peu importe le contexte, les filles demeurent compétitives en tout temps. Leur implication est louable. »

« Récemment, elles ont joué à Ottawa, à Washington et à Pittsburgh, où les Penguins ont apporté leur contribution en prêtant leur centre d’entraînement pour la circonstance. »

Association possible avec la LNH

De l’avis de plusieurs, la mise sur pied d’une nouvelle ligue féminine ne serait possible que par le parrainage de la Ligue nationale de hockey.

Sauvageau ne demanderait pas mieux, mais elle doute que cela puisse se réaliser. Ce qui ne veut pas dire qu’il faut oublier toute association avec la LNH.

« Je pense qu’une forme de collaboration et de partenariat est possible au niveau commercial, » dit-elle.

« C’était le cas pour les Canadiennes de Montréal, qui bénéficiaient de l’appui du Canadien au niveau du marketing et des relations publiques. »

« Les Canadiennes étaient très populaires, mais elles n’étaient pas rémunérées. C’est l’une des choses sur lesquelles l’Association des joueuses professionnelles travaille en ce moment. Karell Émard, qui est la représentante des joueuses à Montréal, est très active. »

« Ça demande de la vision. Il faut regarder ce qui se fait ailleurs dans les sports professionnels féminins. Voir ce qui fonctionne et chercher à l’appliquer dans ce qu’on veut faire. »

Bâtir de la bonne façon

Pour les intervenantes du milieu, les choses ne vont pas assez vite. Mais Sauvageau estime qu’il vaut mieux avancer lentement mais sûrement.

« La marche sera haute à monter, prévient-elle, mais les filles sont patientes. »

« Les organisations devront former des clubs de développement. Il faudra voir ce que les filles ont l’intention de faire entre aller à l’université ou faire autre chose à l’extérieur du hockey. »

La patience des joueuses est à l’égal de leur ténacité sur la glace. Elles sont combatives et courageuses. Elles adorent leur sport.

La création d’une ligue professionnelle destinée aux meilleures joueuses de la planète est un beau projet. Elles méritent d’être encouragées.

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