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Culture

Pascale Picard célèbre 14 ans de sobriété

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Marjolaine Simard

2025-04-24T10:00:00Z
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La chanteuse Pascale Picard a rencontré un succès immédiat avec son premier album, Me myself & us, en 2007. Aujourd’hui, elle revient avec son cinquième album, Bigger kids, bigger problems, ainsi qu'un premier roman, La note de passage, une fiction inspirée de sa jeunesse qui a la ville de Québec en toile de fond. Rencontre avec une femme talentueuse, sobre depuis 14 ans, qui allie avec passion l’écriture, la radio et sa vie de maman.

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Nous faisons notre entrevue dans un restaurant La Belle Province. Peux-tu nous expliquer pourquoi?

Dans mon roman La note de passage, je raconte six mois dans la vie d’Audrey, une jeune cégépienne qui travaille au restaurant La Belle province. C’était donc une belle façon de faire un lien entre mon livre et l’histoire de mon personnage de faire l'entrevue ici.

À quel point ce personnage est-il inspiré de ton vécu?

Ce roman s'inspire à peu près à 50 % de ma propre vie. J'avais envie de raconter six mois dans la vie d'une jeune fille de 19 ans, Audrey, en plein passage à l'âge adulte. C'est une période d'incertitude, entre le premier appartement et les sorties dans les bars avec des amis. La ville de Québec joue un rôle clé dans mon livre. Et oui, Audrey travaille à La Belle Province, où j'ai moi-même travaillé pendant un an et demi.

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Ça nous plonge dans l’univers des jeunes du début des années 2000...

À l’époque, les emplois étaient rares. Comme mon personnage, je rêvais de travailler dans un magasin de musique ou de souvenirs du Vieux-Québec, mais ces jobs étaient pratiquement inaccessibles. En 2001, il fallait se contenter de travailler pour six piasses de l’heure, laver la vaisselle et sortir les poubelles. N’importe qui ayant vécu dans ces années-là se reconnaîtra.

Photo fournie par ÉDITIONS QUÉBEC AMÉRIQUE
Photo fournie par ÉDITIONS QUÉBEC AMÉRIQUE

Tout comme toi, Audrey chante et joue de la musique...

Oui, absolument. Le personnage principal est clairement inspiré de moi pour ce segment. Elle a 19 ans. Elle joue de la guitare sans trop espérer qu'il lui arrive de grandes choses avec sa musique.

Quand as-tu écrit tes premières chansons?

Je les ai écrites au secondaire, quand j’ai découvert la guitare et que je vivais mes premières grandes peines d’amour. À la fin de mon secondaire, je devais avoir 70 chansons, toutes aussi nulles les unes que les autres. Cependant, mes amis les adoraient! Je leur enregistrais des cassettes. Ils ont été mes premiers grands fans.

Comment as-tu développé cet engouement pour la musique?

Ma grand-mère et mon grand-père chantaient de l'opérette. Il y avait un piano à la maison, sur lequel je pianotais. Ma famille est mélomane, alors j’ai écouté beaucoup de musique. Tout a basculé quand j'ai pris une guitare entre mes mains, à l’âge de 13 ans. Mon père en jouait et il en possédait quelques-unes. J'ai eu une véritable révélation. J'ai commencé par quelques accords et j'ai fait mon chemin avec ça.

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Tu as d’ailleurs écrit un très bel article sur ton père, où tu parles de sa passion pour les guitares...

Oui, j’ai écrit pour Radio-Canada un texte intitulé Perdre mon père, où je parle de son décès pendant la pandémie et de son amour pour les guitares. Mon père était doué en informatique. Il maîtrisait les logiciels d’enregistrement et adorait le karaoké. Grâce à lui, on a eu des soirées très animées en famille. Il possédait aussi des livres de partitions pour la guitare. Je prenais donc ses cahiers de partitions des Beatles, où les accords étaient dessinés. C’est comme ça que j’ai appris, de manière autodidacte.

Quel a été le déclic qui t’a poussée à continuer dans le domaine de la chanson?

J'ai commencé à chanter dans les restaurants et les bars. À force d'accumuler les expériences, j'ai commencé à gagner ma vie en travaillant presque cinq soirs par semaine pendant mon cégep. J’ai ensuite étudié en enseignement à l'université, mais le cursus était assez demandant. C’était difficile de concilier le travail et l’université, alors j’ai fini par arrêter les études. Puis, en 2004, on m’a appelée pour participer à l’émission Les pourris... de talent, à MusiquePlus. Ça a marqué mes débuts. C’était animé par Les Denis Drolet et Izabelle Desjardins. Je ne m’étais pas inscrite, j’ai été repérée par un gars que je ne connaissais pas. Ce show était une sorte de tribune parallèle à Star Académie, sans gagnant. Je suis allée toute seule avec ma guitare, en me demandant: «Qu'est-ce que je fais ici?» Ensuite, il y a eu la création d’un album avec les participants de l’émission, réalisé par Serge Fiori. C’était fou de travailler avec lui! Puis, un label m’a proposé d’enregistrer mon premier album, et j’ai foncé. J’ai eu de la chance, j’étais à la bonne place au bon moment.

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Photo Agence QMI, Dominick Gravel
Photo Agence QMI, Dominick Gravel

Tu es devenue populaire rapidement! Comment ça s'est passé, pour toi?

Je pense que personne n'est vraiment prêt à ça! Quand tout est arrivé, j’avais 24 ans. Heureusement que j’avais un band avec moi, parce que si j’avais été seule, je me serais fait complètement avaler! Dans ce domaine, on presse le citron à fond. Quand ça marche, on dit oui à tout, parce qu’on a peur que ça s’arrête, puis on se rend jusqu’au bout du rouleau... J’ai eu de la chance: j’ai fait deux ans de grosses tournées au Québec. Puis, je suis partie en France pendant deux ans, à faire de la tournée en autobus. J’ai joué au Bataclan, à La Cigale et à L’Olympia de Paris. Il faut battre le fer tant qu’il est encore chaud, mais à un moment donné, on tombe dans les excès. En 2007, je sortais mon deuxième album, et j'avais une pression énorme venant des Français qui avaient acheté mon contrat. Tout le monde attendait que je sorte encore des hits, mais j’étais fatiguée. J’ai vendu environ 30 000 albums, alors que le premier album en avait vendu 350 000... 30 000, c’est déjà beaucoup, mais vu le précédent, ça pouvait paraître comme un échec. Ça m’a permis de relativiser. À partir de mon deuxième album, j'ai choisi de dire non à bien des affaires.

Tu as continué ta carrière avec une nouvelle approche...

Oui. J'ai continué de faire des albums, mais avec un pas de recul. Ça m'a permis de reprendre un beat, de respirer et de faire des choix. J'ai aussi arrêté de boire. Ça fait 14 ans que je suis sobre. Mon père était quelqu’un d’exceptionnel, qui buvait de manière récréative, mais avec le temps, ça a changé. J’ai toujours senti que je pourrais aussi perdre le contrôle, alors à 27 ans, j’ai choisi d’arrêter. Aujourd’hui, à 42 ans, je ne suis plus la même personne. Arrêter m’a permis d'apporter des changements positifs et d’avoir une meilleure hygiène de vie. Si je fais cinq spectacles dans une semaine, je m'assure quand même de bien manger mes trois repas par jour, que ma fille soit prête pour l'école et que j'ai fait mon jogging.

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Ton cinquième album, Bigger kids, bigger problems vient tout juste de sortir. Peux-tu nous en parler?

J’ai réalisé cet album avec le bassiste Alexandre Lapointe, qui a été un véritable pilier dans cette aventure. J'y aborde des thèmes comme mon passage à la quarantaine, les ruptures, mes forces et mes faiblesses, et le lâcher-prise. Deux vidéoclips sont déjà sortis pour mes chansons Jaded et Your Jacket. C’est un album principalement en anglais, qui mêle le soul, le blues, le rock... Mon style a été façonné par la musique anglophone. Je ne chante pas de la même façon en français. C'est peut-être parce que, en venant de Québec, qui est un petit milieu, j'avais envie de marquer une rupture. Je ne sais pas... Toutefois, il y a une chanson en français sur l'album. Elle s'intitule: Merci, non merci.

Ton album précédent est sorti en 2018. Qu’as-tu fait pendant ces sept années?

Lors de l’éclosion de la pandémie, en 2020, j'étais en pleine tournée de mon album The Beauty We've Found, et tout s’est arrêté subitement. Je me suis dit que j'allais préparer mon prochain album, mais j’ai réalisé que j’avais besoin d’une pause. Je n'avais plus envie de faire de la musique. C’est à ce moment-là que le livre est arrivé. J’écrivais tous les jours. En parallèle, j’ai suivi un cours de radio. C’était un rêve et ça a porté ses fruits!

Effectivement, puisque tu animes à la radio en ce moment...

Oui! Je suis dans le show du retour Le Monde de P-A au FM93. Je coanime avec P-A Méthot et Paul-Raphaël Charron tous les jours, du lundi au vendredi. J’aime communiquer avec les gens. J'aime les relations. J'aime partager mes expériences. Tous les jours, je m'assois, et on jase de n'importe quoi. C'est incroyable!

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