Pas de «vague» républicaine aux élections américaines de mi-mandat
Agence France-Presse
Les républicains étaient bien placés mercredi pour prendre de justesse le contrôle de la Chambre des représentants, au lendemain d'élections de mi-mandat où les démocrates de Joe Biden ont mieux résisté que prévu, conservant même leurs chances de garder le Sénat.
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Les conservateurs ne bénéficient donc pas d'une «vague rouge», la couleur de leur parti, comme escomptée lors du scrutin de mardi, privant sans doute Donald Trump d'un tremplin dans sa volonté de reconquête de la Maison-Blanche.
Silencieux toute la matinée, l'ancien président s'est fendu d'un rare aveu reconnaissant sur son réseau social des résultats «sans doute décevants».
Par contraste, le président démocrate, qui devait tenir une conférence de presse à 16h, tweetait tout sourire avoir passé du bon temps à féliciter différents candidats de son parti à travers le pays.
Just got off the phone with some of tonight’s winners — including some folks I saw on the road this year.
— President Biden (@POTUS) November 9, 2022
If you’re in line to vote, remember to stay in line! pic.twitter.com/43CF4rSFrP
«Ce qui ressort des élections de mi-mandat est assez mauvais pour Donald Trump», résumait à l'AFP Jon Rogowski, professeur de sciences politiques à l'université de Chicago.
«Non seulement les électeurs ont rejeté de nombreux candidats adoubés par Donald Trump, mais ils ont aussi rejeté ses idées», a-t-il relevé, en citant par exemple une série de référendums sur le droit à l'avortement.
Plus de quinze heures après la fermeture des derniers bureaux de vote, l'Amérique attendait encore de connaître le sort de plusieurs scrutins décisifs et disputés comme en Arizona ou dans le Nevada.
Et, prudents, les grands médias américains se gardaient d'annoncer leurs projections pour le contrôle des 435 sièges à la Chambre des représentants, la majorité se situant à 218.
Malgré cela, le ténor républicain Kevin McCarthy, qui devrait en cas de victoire devenir le prochain président de la chambre basse, succédant à la «speaker» Nancy Pelosi, se voulait confiant.
«Il est clair que nous allons reprendre la Chambre des représentants», a-t-il assuré dans la nuit de mardi à mercredi.
S'ils l'emportent, les républicains ont déjà annoncé la couleur: ils tenteront de mettre en pièces le programme de Joe Biden, sur le changement climatique ou la loi sur l'inflation et ont promis d'ouvrir des enquêtes sur sa gestion du pouvoir.
Écoutez l'entrevue avec Tristan Cabello, professeur à l’université Johns Hopkins de Richard Martineau diffusée chaque jour en direct 10 h 20 via QUB radio :
Incertitude au Sénat
Au Sénat, où les démocrates détenaient une très mince majorité avant l'élection, il faudra sûrement plusieurs jours, voire plusieurs semaines, avant qu'une majorité ne se décide.
L'Arizona et le Nevada n'étaient pas encore décidés à 15h30. Longtemps indécis, le Wisconsin a lui réélu le républicain Ron Johnson.
Et en Géorgie, comme en 2020, le scrutin est si serré qu'il faudra attendre une nouvelle élection le 6 décembre pour départager le pasteur Raphael Warnock, sénateur sortant, et l'ancienne vedette du football américain Herschel Walker.

Le camp démocrate du président de 79 ans ne cachait pas sa satisfaction d'avoir plus que sauvé les meubles, même s'il devra composer avec un Congrès qui s'annonce divisé.
«Ne sous-estimez jamais à quel point la "Team Biden" est sous-estimée», a tweeté, goguenard, le directeur de cabinet du président américain, Ronald Klain.
Les démocrates ont ainsi arraché aux républicains l'un des sièges les plus disputés de ce scrutin, en Pennsylvanie, remporté par John Fetterman.
Cette campagne acharnée était notamment centrée sur l'inflation, qui s'est affichée comme la principale préoccupation des Américains selon les sondages sortis des urnes.
Organisées deux ans après la présidentielle, les élections de mi-mandat font quasiment systématiquement office de vote sanction pour le pouvoir en place.
Mais les électeurs américains ne l'ont pas entendu ainsi, et le «Grand Old Party», à qui l'on prêtait jusqu'à peu une percée de 10, 25, voire 30 sièges à la Chambre, s'est vu obligé de revoir ses ambitions à la baisse.
Sensation DeSantis
Du côté des gouverneurs des États, après avoir arraché deux postes aux républicains (dans le Maryland et le Massachusetts), le camp démocrate n'avait pas non plus dit son dernier mot dans l'Arizona, où le dénouement de la course entre la trumpiste Kari Lake, donnée favorite, et la démocrate Katie Hobbs restait inconnu.

Les élections dans cet État n'ont pas été truquées, malgré les problèmes techniques rencontrés par certaines machines électorales, ont insisté mercredi les autorités locales, en avertissant que les résultats définitifs ne seraient pas connus avant plusieurs jours.
Par ailleurs, selon des résultats provisoires, les défenseurs du droit à l'avortement ont enregistré plusieurs victoires lors de référendums organisés après l'arrêt historique de la Cour suprême en juin.
Au final, nombre des lieutenants de Donald Trump ont été battus. Et l'un de ces potentiels rivaux à l'investiture républicaine, le gouverneur de Floride Ron DeSantis, 44 ans, lui a volé la vedette.
Réélu de manière triomphale, ce dernier a assuré qu'il ne faisait que «commencer le combat».