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L'article provient de Le Journal de Montréal
Culture

Pas de télé pour Karl Tremblay

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Photo portrait de Guy Fournier

Guy Fournier

2023-11-28T00:30:00Z
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Les journalistes seront admis au Centre Bell mardi soir pour l’hommage à Karl Tremblay, mais les caméras de télévision n’y seront pas.

Une décision de la famille qui me laisse perplexe. À ma connaissance, depuis que la télévision a les moyens de diffuser en direct, les funérailles de la plupart des personnalités qui ont eu droit à des funérailles nationales ou à des funérailles d’État furent télévisées. Je ne connais pas les raisons qui ont motivé la famille du chanteur, mais que les 14 000 ou 15 000 billets qu’on pouvait obtenir gratuitement pour assister à la cérémonie se soient envolés en moins de 30 minutes démontre bien que la décision laissera des milliers d’admirateurs malheureux.

Une diffusion de la cérémonie aurait jeté un peu de baume sur leur deuil et leur aurait fait oublier qu’ils n'avaient pu obtenir de billets. Elle aurait aussi permis à des centaines de milliers de Québécois d’avoir le sentiment de «suivre» leur idole jusqu’à la fin. Les 90 000 amateurs présents sur les plaines d’Abraham, l’été dernier, sont bien la preuve que Karl Tremblay et son groupe avaient conquis le cœur des Québécois.

Une grande frustration

La cérémonie de mardi soir sera relayée par les médias sociaux, mais ce ne sont pas seulement les médias sociaux qui ont fait la réputation des Cowboys Fringants ici et dans toute la francophonie. La télévision n’est tout de même pas étrangère à leur succès. On ne vend pas plus d’un million d’albums sans qu’un média comme la télévision n’y soit pour quelque chose. Toutes les fois où la télévision a été présente à des funérailles nationales ou une cérémonie de cette envergure, elle ne les a jamais transformées en cirque ou en foire.

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  • Écoutez l'entrevue que Guy Fournier a accordé à Richard Martineau sur sa chronique via QUB radio :

Il est trop tard pour revenir sur l’affaire, mais Mathieu Lacombe, le ministre de la Culture et des Communications, qui n’avait caché ni ses larmes ni sa tristesse quand il est apparu à la télévision le jour du décès de Karl Tremblay, était, il me semble, l’homme tout désigné pour prévenir la famille que pareille décision créerait une frustration «nationale».

Quelle question de Masbourian!

À la suite de Pierre Karl Péladeau, Mirko Bibic, grand patron de BCE (Bell et Bell Média), était, lundi, à Tout un matin, l’émission matinale de Radio-Canada qu’anime Patrick Masbourian. Comme PKP l’avait fait la semaine dernière, Bibic a plaidé la cause des diffuseurs privés, réclamant qu’on réduise leurs coûteuses obligations réglementaires, qu’on force les plateformes étrangères à contribuer à la production d’émissions canadiennes et à en diffuser, comme on l’exige de nos câblodistributeurs et de nos diffuseurs. Enfin, qu’un certain pourcentage des milliards de revenus que réalisent au Canada les plateformes étrangères soit versé à nos médias d’information, aussi fragilisés que l’est la télévision.

En terminant, Bibic a répété, comme l’avait fait PKP, que nos réseaux de télévision sont en grande difficulté. Là-dessus, Patrick Masbourian a demandé pourquoi les diffuseurs privés continuent d’exister si leur situation est si difficile. Il faut vraiment travailler pour une société que l’argent public met à l’abri de toute faillite pour poser une question pareille. Au début des années 1960, si aucun entrepreneur n’avait été audacieux, il n’y aurait encore que CBC/Radio-Canada et l’Office national du film, mais très peu de producteurs indépendants et beaucoup moins de créateurs. Avant même d’avoir fini de formuler sa question, j’ai cru percevoir que Masbourian la regrettait déjà. Non sans raison.

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