Pas de stages rémunérés dans la fonction publique, confirme la ministre Déry
Le contexte de restrictions budgétaires la force à reculer


Daphnée Dion-Viens
La ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry, a confirmé mardi qu’elle n’ira pas de l’avant avec la rémunération des stages dans la fonction publique, même si elle s’est déjà prononcée en sa faveur.
C’est ce qu’elle a affirmé mardi avant-midi à l’Assemblée nationale, en réponse aux questions de la députée péquiste Catherine Gentilcore et de la députée libérale Michelle Setlakwe lors de l’étude des crédits en enseignement supérieur.
«On a fait des choix, c’est vrai que j’avais l’intention de rémunérer les stages», a reconnu la ministre Déry d’entrée de jeu.
«On ne les rémunérera pas, je n’arriverai pas à l’automne avec la rémunération de stages, a-t-elle poursuivi. Tout le monde sait très bien qu’on a fait des choix qui sont nécessaires, on est venu bonifier substantiellement les conventions collectives.»
Les finissants en santé et en éducation pourront eux aussi profiter des hausses salariales et de l’amélioration des conditions de travail dans ces deux secteurs «mal-aimés», a fait valoir la ministre, qui avait appuyé une motion unanime en faveur de la rémunération des stages dans le secteur public, en mars 2023.
Or l’automne dernier, Le Devoir rapportait que la ministre Déry et son collègue à l’Éducation, Bernard Drainville, avaient ouvert la porte à la rémunération du dernier stage en enseignement, et ce bien après la signature des conventions collectives avec les profs au début 2024.
Des cégépiens en grève pour les stages
Les associations étudiantes ont par ailleurs dénoncé l’absence de financement pour la rémunération des stages lors du dépôt du budget provincial, à la fin mars.
Quelques jours plus tard, au début avril, environ 25 000 cégépiens étaient en grève pour réclamer que le gouvernement Legault réinvestisse les 250 millions de dollars liés à la fin prématurée du programme de bourses Perspectives sous la forme d’une compensation financière pour les étudiants en stage.
Selon les associations étudiantes, 84% des étudiants ne sont pas rémunérés lors de leur formation en milieu de travail dans le secteur public.
La rémunération des stages dans ces domaines est une mesure évaluée entre 500 et 600 millions $, a indiqué la ministre Déry mardi.
De son côté, le député solidaire Sol Zanetti dénonce une «trahison générationnelle». «Au moment où la crise du logement fait rage et que presqu'un étudiant sur deux a besoin des banques alimentaires, la rémunération des stages devrait être une priorité», a-t-il affirmé.