Pas de séries sans Patrik Laine? Un instant!
Vérification faite: le CH a été meilleur sur le jeu de puissance sans lui cette année

Jean-Nicolas Blanchet
«Nous ne sommes pas en séries sans Patrik Laine», a lancé le directeur général du Canadien, Kent Hughes, lundi matin, lors de son bilan de fin de saison. Je suis loin d’être sûr. Vérifions les faits, pas les «feelings».
Pour ceux qui me lisent moins, je vous le rappelle, je suis devenu publiquement un pourfendeur de Laine le 11 avril quand j’ai publié une chronique qui exposait à quel point il fallait que son passage à Montréal achève.
Il avait raté deux matchs en pleines courses aux séries en raison de symptômes grippaux pendant que David Savard, Brandon Gallagher et Joel Armia, cassés de partout, jouaient malgré tout.
Et il y avait eu un petit accrochage que j’estime encore loin d’être anodin, survenu le 5 mars. Juraj Slafkosvsky l’avait fait tomber à l’entraînement et Laine était tellement fâché qu’il est allé casser son hockey sur le banc avant de revenir sur la glace. Il boudait quand Slafkovsky est allé s’excuser.
Je regardais son jeu aussi et tout ça donnait un beau mélange qui ne laissait rien présager de bon pour la fin de saison.
Dégringolade
C’est pas mal ce qui est arrivé. Pour finir la saison, lors des neuf derniers matchs, quand ça comptait beaucoup, Laine a marqué un seul but. Son temps de jeu a dégringolé justement après l’incident avec Slafkovsky.
Revenons sur la déclaration de Kent Hughes selon laquelle le Canadien n’aurait pas fait les séries sans Laine, car il avait marqué plusieurs gros buts.
Oui, ç’a du sens. J’étais le premier à capoter quand il est revenu et avait l’air d’un mélange entre Brett Hull et Alex Ovechkin.

Kent Hughes n’allait surement pas commencer à planter Laine. C’était évident qu’il allait répondre quelque chose du genre.
Mais si Laine n’avait pas été là, ça n’aurait pas été Peter Popovic à sa place sur le jeu de puissance (en tout respect pour M. Popovic).
Meilleur en avantage numérique sans Laine
C’est Cole Caufield qui aurait pris le fameux point rouge convoité par les tireurs droitiers. Il est quand même capable d’en marquer des buts, lui aussi.
Malgré toute la bouette qu’on m’accuse d’avoir lancée contre Patrik Laine, j’aurais pensé que le Canadien avait été meilleur avec lui sur l’avantage numérique cette saison sur le plan statistique.
Mais ce n’est même pas le cas.
Sans Laine, le Canadien est 19 en 93 (20,4%).
Avec Laine, le CH est 28 en 141 (19,9%). Merci à mon collègue maniaque de sports et de données Charles Mathieu pour la recherche.
Autrement dit, Montréal aurait marqué plus de buts en jeu de puissance cette saison si Laine n’avait pas été là.
Oui, il a marqué de gros buts de Laine à son retour au jeu, en décembre. Huit à ses neuf premiers matchs. Mais il y en a cinq dans trois matchs à sens unique.

Ça ne m’en prenait pas autant pour me convaincre. Mais ça commence à être tellement évident dans mon esprit.
Si Montréal est moins bon avec Laine sur le jeu de puissance, et que Laine est seulement utile sur le jeu de puissance, ça sert à quoi de le garder?
De l'espoir à cinq contre cinq?
Je n’ai pas besoin de souligner à quel point son travail, lorsqu’il n’est pas en avantage numérique, est exécrable.
Pour le nombre de points par minutes jouées, il est 324e sur 362 attaquants dans la LNH parmi ceux qui ont joué autant que lui.
Je ne vais pas vous brûler le cerveau avec les statistiques avancées. Surtout pas le cerveau à mon collègue Jean-Charles Lajoie, grand partisan de Laine.
Mais quand il est sur la glace, son club a près de 10% de chances de moins de compter que lorsqu’il ne l’est pas. C’est affreux. Il est 355e sur 362 à ce chapitre.
Si vous êtes un grand amoureux du Canadien, j’espère que vous réalisez à quel point Montréal doit se débarrasser du contrat de Patrik Laine cet été. Si le club était encore loin d’une place en séries, on s’en ficherait, gardons-le et jouissons quand il s’élance en avantage numérique.
Mais le CH est rendu ailleurs. Si tu développes une culture, que ton noyau est jeune, que ton entraîneur-chef veut se montrer intransigeant, ça devient tellement inévitable de ne pas conserver ce cadeau empoisonné.
Un rachat permettrait au CH d’avoir 6,3 M$ de plus cet été pour aller chercher du renfort pour le deuxième trio, mais il faudrait payer 2,4 M$ dans le beurre l’année suivante, alors que Montréal aura beaucoup de flexibilité.
À moins d’être capable d’échanger Laine, ça me semble la solution la plus logique pour avancer.
- Avec la collaboration de Charles Mathieu et MoneyPuck