Nouvelles conditions pour le tramway: le gouvernement ne veut pas d’une rue partagée sur René-Lévesque

Geneviève Lajoie | Journal de Québec
Le projet de tramway de Bruno Marchand a du plomb dans l’aile. Le gouvernement Legault ne veut rien savoir d’une rue partagée sur René-Lévesque, le scénario privilégié par le maire de Québec, qui risquerait d’augmenter le temps de parcours de nombreux automobilistes, a appris Le Journal.
• À lire aussi: Budget du Québec: Marchand espère que ses demandes seront entendues
• À lire aussi: Troisième lien contre tramway: «Je ne suis pas à vendre», lance Bruno Marchand
Selon nos informations, le décret tant attendu permettant à la Ville d’aller en appel de propositions devrait être adopté le 6 avril. Mais attention, il sera assorti de nouvelles conditions.
À la CAQ, on juge que les derniers développements dans le dossier du tramway sont difficilement compatibles avec la vision gouvernementale du réseau express de la capitale. Les projets doivent bénéficier à l’ensemble de la population métropolitaine de Québec. Ils doivent également profiter autant aux automobilistes qu’aux utilisateurs du transport collectif.
«Ce n’est pas vrai que le tramway de Québec va se faire seulement pour les habitants de la ville de Québec et au détriment des automobilistes qui partent des banlieues ou de la périphérie pour se rendre au centre-ville», insiste une source bien informée.
Au gouvernement, on n’a pas digéré les récentes déclarations de Bruno Marchand au sujet des municipalités avoisinantes.
«On ne construit pas un tramway pour les gens de Portneuf [...], de Château-Richer [ou de] de Saint-Apollinaire [...] Et si eux autres sont déçus que, peut-être, leur temps [de déplacement] s’allonge, ce sera ainsi parce qu’on construit un tramway pour les habitants de Québec», a fait valoir le numéro un de la Ville il y a quelques jours à peine.
Le boulevard Laurier est une artère économique vitale pour la grande région de Québec et une des principales approches vers les ponts. Ajouter du trafic à la file d’attente déjà saturée pour se rendre sur la Rive-Sud n’est pas la bonne solution, selon le gouvernement.
«Le transfert de 80% du trafic de René-Lévesque vers la Grande allée et le boulevard Laurier, ce n’est pas acceptable», plaide-t-on en coulisses.
Principal bailleur de fonds du projet de tramway, le gouvernement estime devoir poser de nouvelles conditions à la Ville, surtout que l’acceptabilité sociale n’est pas optimale. En janvier dernier, un sondage Léger montrait que l’appui au tramway plafonnait à 41%.
Les citoyens auront d’ailleurs l’occasion de se positionner sur ces nouvelles conditions de la CAQ aux élections générales de l’automne, souligne une source.
Rappelons qu’un document produit par la Ville de Québec et dévoilé récemment par Le Journal montre «un accroissement significatif» des débits de circulation et des temps de parcours sur la Grande Allée si le scénario privilégié par l’administration Marchand est appliqué.
L’administration municipale anticipe que le nombre de véhicules sur le boulevard René-Lévesque sera réduit de moitié et passera de 12 600 à 6400 quotidiennement. Par contre, la Ville calcule que «79 % des débits de circulation délaissant le boulevard René-Lévesque (seront) réassignés vers la Grande Allée».