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L'article provient de Le Journal de Québec
Santé

Pas de purificateur d’air pour un prof, malgré un billet du médecin

En pleine pandémie, un enseignant immunosupprimé doit se débattre pour enseigner en classe

L'école secondaire Sophie-Barat, où enseigne le prof Michel Stringer, est l'une des plus vétustes de la province. Plusieurs fenêtres ne s'ouvrent pas parce qu'elles sont en mauvais état.
L'école secondaire Sophie-Barat, où enseigne le prof Michel Stringer, est l'une des plus vétustes de la province. Plusieurs fenêtres ne s'ouvrent pas parce qu'elles sont en mauvais état. Photo Daphnée Dion-Viens
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Photo portrait de Daphnée  Dion-Viens

Daphnée Dion-Viens

2022-08-30T04:00:00Z
2022-08-30T13:21:26Z
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En pleine pénurie d’enseignants, un prof d’expérience immunosupprimé se heurte à un véritable parcours du combattant alors qu’il veut retourner enseigner. Son centre de services scolaire lui refuse un purificateur d’air en classe et un masque N95, malgré la recommandation de son médecin spécialiste.

• À lire aussi: Un manque d'enseignants criant à l'aube de la rentrée

Michel Stringer enseigne le français depuis 25 ans à l’école secondaire Sophie-Barat, à Montréal. Immunosupprimé et atteint de fibrose pulmonaire, il a été retiré de son milieu de travail par son médecin en janvier 2022, en plein raz-de-marée Omicron. Il a pu continuer à enseigner à partir de la maison. 

Son état de santé s’est amélioré depuis et son pneumologue a autorisé récemment son retour à l’école cet automne, à certaines conditions. 

Le médecin lui recommande l’installation d’un purificateur d’air portatif dans son local, l’achat de masques N95 pour une utilisation en classe et l’installation d’un panneau de plexiglas à son bureau. 

Il s’agit pour M. Stringer de la seule façon de continuer à enseigner puisque les profs ne sont plus autorisés à donner leurs cours en ligne à partir de la maison cette année. 

  • Écoutez l'entrevue avec l'enseignant Luc Papineau à l’émission de Richard Martineau diffusée chaque jour en direct 9 h 05 via QUB radio : 
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Un premier refus

Or la semaine dernière, l’enseignant a appris avec stupeur que son retour à l’école était refusé, puisque le centre de services scolaire de Montréal (CSSDM) rejette les recommandations réclamées par son médecin. 

Après avoir multiplié les démarches, M. Stringer a finalement appris lundi qu’il pourra retourner en classe, à ses risques. Il pourra être protégé par une cloison de plexiglas, mais on lui refuse toujours l’achat de masques N95 et l’installation d’un purificateur d’air. Selon le ministère de l’Éducation, ces appareils sont «à éviter» en classe. 

Décision dénoncée

La déléguée syndicale de l’école Sophie-Barat, Vicky Blumenthal, dénonce haut et fort cette décision qui provient du Bureau des services-conseils en assiduité au travail du CSSDM. «Ça n’a pas de bon sens, on a un bureau de santé (de la CSSDM) qui obstine des médecins. C’est inconcevable», lance-t-elle, tout en affirmant qu’il ne s’agit pas d’un cas isolé. D’autres enseignants ont aussi eu à faire face à de telles situations récemment, selon la déléguée syndicale. 

Dans un document de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) concernant la protection de travailleurs immunosupprimés, on peut lire que «le jugement du médecin traitant face à la vulnérabilité de son patient demeure essentiel et devrait avoir prépondérance».  

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Une école vétuste

L’école Sophie-Barat est par ailleurs l’une des plus mal en point de la province, ce qui fait craindre pour la mauvaise qualité de l’air, ajoute Mme Blumenthal. Une partie du bâtiment a été condamnée il y a deux ans parce qu’il menaçait de s’effondrer et plusieurs fenêtres ne s’ouvrent pas, parce qu’elles sont en mauvais état.  

De son côté, Michel Stringer a refusé de nous accorder une entrevue, par crainte de représailles de la part de son employeur. 

L’enseignant envisage un possible retour en classe derrière un plexiglas et muni de masques N95 qu’il aura payé de sa poche, mais il continuera de réclamer un purificateur d’air afin de réduire les risques pour sa santé. 

«On dirait qu’il n’y a plus de jugement, affirme Mme Blumenthal. On devrait au moins s’occuper de ceux qui ont la santé un peu plus fragile.» 

Le CSSDM a quant à lui refusé de répondre à nos questions à ce sujet, affirmant ne pas commenter les dossiers personnels de ses employés. 

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