Pas assez bilingue, une autre infirmière refusée au 811?
TVA Nouvelles
Une infirmière en invalidité fonctionnelle longue qui pourrait avoir l’opportunité de revenir au travail en œuvrant au service 811 s’est fait refuser le poste.
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Selon le syndicat, sa candidature n’aurait pas été retenue en raison de son niveau d’anglais qui ne serait pas assez avancé.
«Pour nous c’est inacceptable. Cette dame peut faire un retour au travail. Elle est en assurance-salaire, elle est payée à ne rien faire à la maison. Elle est tannée, elle veut revenir et l’employeur l’empêche de revenir» dénonce à TVA Nouvelles, Dérek Cyr, du Syndicat des infirmières, inhalothérapeutes, et infirmières auxiliaires de Laval (CSQ).
Cette situation est «très ordinaire» selon lui, surtout que 350 postes d’infirmières, d’inhalothérapeutes, et d’infirmières auxiliaires sont vacants actuellement au CISSS de Laval.
«En plus, au 811 on a des agences de placement qui sont présentes. Je ne crois pas qu’on peut se permettre de ne pas avoir d’infirmières qui peuvent donner un service à la population lavalloise», ajoute M. Cyr.
M. Cyr reste par ailleurs dubitatif quant à la raison alléguée par le CISSS de Laval.
«Ils nous ont sorti quelque chose qu’on avait jamais entendu disant qu’il y avait 40 % des postes qui devaient être en anglais, et 60 % en français», a-t-il expliqué.
La travailleuse serait ainsi tombée dans les postes concernant le 40 % anglophone, nécessitant un anglais avancé.
«Il lui exigerait d’aller faire des cours d’anglais le soir à l’université McGill en dehors de ces heures de travail, ce qu’on trouve inacceptable parce que pour nous la loi 96 est claire, on peut travailler en français au Québec, on n’est pas obligé de travailler en anglais», détaille encore M. Cyr.
Des échos regrettables
L’histoire se répète puisqu’une situation similaire s’était produite au même endroit.
En décembre dernier, deux infirmières s’étaient fait refuser un poste à Info-Santé, car elles ne maîtrisaient pas suffisamment bien l’anglais.
«On a besoin de toutes les infirmières qui vont s’offrir», avait déclaré Christian Dubé à ce moment.
«Il y a eu un petit malentendu, je vais le dire comme ça. Ce n’est pas acceptable (...), avait-il dit. J’ai demandé au PDG de revoir la décision du cadre ou de la personne qui a pris cette décision-là. Ça va être renversé, et ces gens-là vont être considérés.
Malgré cette déclaration, une situation semblable se produit à nouveau quelques mois plus tard, allègue le syndicat.
Mardi, le cabinet de M. Dubé a réitéré sa politique dans un communiqué: «Nous le dirons jamais assez, nous avons besoin de plus de personnel dans notre réseau de la santé, notamment à la ligne 811 et dans plusieurs autres services, afin d’améliorer les soins pour les patients. C’est au cœur de notre Plan santé.»
«Nous avons demandé au ministère de communiquer avec le CISSS de Laval afin d’obtenir rapidement des explications sur cette situation et nous allons laisser le CISSS donner les explications précises publiquement», pouvait-on encore lire.
Le CISSS de Laval nie la version du syndicat
Contacté par TVA Nouvelles, le CISSS de Laval a dit se questionner «quant à l'affirmation syndicale», puisque de son côté, le CISSS n'a aucun dossier correspondant à la situation décrite par TVA Nouvelles.
«Aucun poste n'a été refusé à un salarié en retour au travail suite à une invalidité en raison de son niveau d'anglais», assure le CISSS qui ne peut toutefois commenter aucun dossier de ressources humaines particulier.
Le CISSS de Laval dit respecter les limitations de «tous les employés lors de leur retour au travail.»
«Dans un contexte d'accommodement et dans une optique de réintégration au travail, quand un employé ne rencontre pas le niveau d'anglais exigé, l'employeur offrira une formation rémunérée, sur les heures de travail, pour rencontrer les exigences du poste», détaille-t-il.
«Les formations sont offertes sur une base volontaire. Afin d’assurer la sécurité de la population, l’employé effectuera son travail dans la langue jugée fonctionnelle», ajoute le CISSS.
Le CISSS de Laval fait par ailleurs savoir que selon ses dossiers, «aucune assignation ni embauche n'a été refusée au 811 depuis décembre dernier.»