Paralysée depuis 18 ans: une Canadienne retrouve sa voix grâce à l’intelligence artificielle

Agence QMI
Une Canadienne paralysée a pu retrouver sa voix après 18 ans de silence grâce à un système utilisant l’intelligence artificielle pour décoder et traduire les signaux de son cerveau, retransmis par une voix construite à partir de son discours de mariage.
«Mon cerveau se sent drôle quand il entend ma voix synthétisée. C'est comme entendre un vieil ami», a relaté mercredi la Canadienne Ann, par message écrit à l’aide d’une machine qu’elle utilise pour communiquer, dans une entrevue pour l’Université de Californie à San Francisco (UCSF).
La vie de la femme a été chamboulée du jour au lendemain quand, à 30 ans, elle aurait été victime d’un accident vasculaire cérébral (AVC) la laissant entièrement paralysée, au point de ne plus être capable de respirer par elle-même.
Heureusement, au fil des années, elle aurait regagné quelques habilités, comme celles de respirer par elle-même, bouger le cou, rire et sourire, de lire, pleurer et faire un clin d'œil.
Elle parviendrait également à souffler quelques mots, mais utilise surtout une machine traquant son regard grâce un pointeur posé sur des lunettes pour composer des messages, à un rythme de 14 mots par minute.
Sauf qu’en 2021, elle aurait appris qu’une étude de l’UCSF tentait de «restaurer une manière de communiquer pleine et incarnée [...] la manière la plus naturelle de parler avec les autres», comme a décrit mercredi le chercheur Dr Edward Chang, président de chirurgie neurologique pour l’université.
À l’aide de 253 électrodes implantées sur la surface de son cerveau pour intercepter les signaux qui auraient dû se rendre aux différents muscles de la parole, la femme aurait ainsi répété durant des semaines différentes phrases à partir d'un vocabulaire conversationnel de 1024 mots, pour apprendre à l’intelligence artificielle (IA) à décoder son langage.
Entraînée ensuite sur une vidéo d’Ann prononçant un discours à son mariage, l’IA serait ainsi en mesure de générer sa propre voix pour répondre à sa place lors d’une conversation, à une vitesse de 80 mots par minute.
«Quand j'étais à l'hôpital de rééducation, l'orthophoniste ne savait pas quoi faire de moi. Faire partie de cette étude m'a donné un but, j'ai le sentiment de contribuer à la société. J'ai l'impression d'avoir à nouveau un travail», s’est réjouie Ann, à l’UCSF mercredi.
Les chercheurs espèrent que l’étude, publiée mercredi dans Nature, pavera la voie vers un système approuvé par la Food and Drug Administration (FDA) américaine, afin de le rendre éventuellement plus accessible.