Papa Trump est content que les alliés de l’OTAN aient accepté de rehausser leurs budgets militaires

Guillaume St-Pierre – analyse
OTTAWA | Papa Trump est content, il a mis au pas ses enfants. Les pays membres de l’OTAN, dont le Canada, ont accepté de fixer une nouvelle cible de dépenses militaires aussi ambitieuse qu’éloignée dans le temps.
Il n’en fallait pas plus pour que le président crie victoire. Enfin, les Européens apporteront leur juste contribution pour assurer leur propre protection au lieu de compter sur les Américains qui en ont marre d’être leur vache à lait.
«C’est un succès monumental pour les États-Unis parce qu’on dépensait bien plus que notre juste part», a déclaré Donald Trump devant la presse, mercredi, en clôture du sommet annuel qui se tenait à La Haye, aux Pays-Bas.
Flatter le président
Quelques heures avant le sommet, Trump a fait sa danse habituelle en envoyant des menaces à peine voilées, laissant planer le doute sur une éventuelle protection américaine en temps de guerre.
C’est pourtant la pierre angulaire de l’OTAN: une attaque sur un des membres est une attaque sur tous. Ses commentaires ont évidemment consterné les esprits dans les capitales européennes.
Mais, à ce point-ci, on connaît la chanson.
C’était sans doute pour mettre de la pression et voir les alliés mettre la main à la poche.
C’est ce qu’ils se sont engagés à faire, en fixant à 5% du PIB (produit intérieur brut) les dépenses militaires directes (3,5%) et indirectes (1,5%) d’ici 2035.
Pour le Canada, cela signifie 150 milliards $ en défense annuellement, une somme colossale.
Réaliste ou non, l’objectif ultime de ce sommet était de protéger l’unité de l’alliance militaire la plus puissante de l’histoire, qui regroupe les pays occidentaux au moment où les États-Unis sont dirigés par un président qui rêve de sortir de ce genre de pacte.
Il fallait en priorité flatter son ego, lui concéder très publiquement une victoire.
Le grand patron de l’OTAN lui a même trouvé un petit nom flatteur: «papa», daddy en anglais.
Papa a raison de lever le ton lorsque l’Iran et Israël ne veulent pas laisser tomber les armes, ou quand les alliés refusent de payer plus en défense, a laissé entendre Mark Rutte.
Le petit sourire de Trump à cette remarque disait toute sa satisfaction.
Une petite vite?
Mais 2035, c’est loin. Surtout que cette cible de 5% d’ici une décennie devra être réévaluée en 2029, l’année de la retraite politique du président américain, comme par hasard.
Un moment savoureux est d’ailleurs survenu lors du point de presse de Mark Carney, lorsqu’il s’est fait demander si l’année 2029 avait été choisie parce qu’elle coïncidait avec la retraite de Trump.
«Il ne sera plus en fonction? Ah, je ne le savais pas», a-t-il lancé en tentant, sans succès, de réprimer un sourire.
Le premier ministre semble plus ou moins croire en cette nouvelle cible ambitieuse, même s’il souhaite réellement se servir des dépenses militaires pour stimuler l’économie canadienne.
«Est-ce que c’est trop? On verra. On verra en 2029», a-t-il laissé tomber.
Pendant ce temps, la guerre commerciale se poursuit entre les États-Unis et ses soi-disant amis canadiens et européens.
Ce n’est pas demain la veille que les États-Unis redeviendront un partenaire fiable.