Panne nationale de Rogers: un Québécois de 23 ans obtient l’autorisation d’une action collective contre le géant des télécoms


Julien McEvoy
Un Québécois de 23 ans obtient le feu vert pour poursuivre le géant des télécoms Rogers, une première manche remportée trois ans après la panne majeure qui a paralysé le pays.
Le 8 juillet 2022, le Canada s’est figé. Plus d’internet, plus d’appels, plus de paiements électroniques. La panne massive chez Rogers a plongé le pays dans le noir numérique.
Près de 12 millions de clients touchés, des services d’urgence inaccessibles, des commerces paralysés... et une réponse jugée minable: de deux à cinq jours de crédit en guise de compensation. Pour Arnaud Verdier, 23 ans, c’en était trop.
«C’est absolument fou, une compagnie qui fait un crash de 12 millions de clients et qui s’excuse à moitié», raconte le jeune Montréalais, ex-client de Rogers. À l’époque, il payait 100$ par mois pour son forfait cellulaire.
«On mérite mieux que cinq jours de crédit pour un service aussi essentiel.»
il passe à l'action
Furieux, Arnaud ne s’est pas contenté de râler sur les réseaux sociaux. Il a appelé un avocat. Trois ans plus tard, sa détermination porte ses fruits.
La Cour supérieure du Québec a autorisé son action collective contre Rogers dans une décision tombée mardi.
«Je ne pensais pas que ça prendrait autant de temps juste pour avoir une autorisation», confie Arnaud, soulagé.
L’affaire est menée par les avocats Joey Zukran (LPC Avocats) et David Assor (Lex Group). Pour Me Zukran, l’enjeu dépasse largement le simple dédommagement.
«Rogers a été négligente dans l’entretien de son réseau. Elle a mis le pays en danger», dit-il en entrevue au Journal.
Il rappelle que même le service 911 était inaccessible pour certains Canadiens.
«Et aujourd’hui, l’entreprise préfère se battre en cour plutôt que d’assumer ses responsabilités envers ses clients. »
Parmi les milliers de Québécois concernés par le recours, Alex Levkovsky, 58 ans, n’a pas digéré l’annulation de dernière minute du concert de The Weeknd... au Rogers Centre de Toronto.
«Même Pink Floyd a joué ce soir-là [au Scotiabank Arena], à 100 mètres de là!» s’étonne-t-il
La colère est donc collective. Et le combat juridique, lancé par un jeune citoyen indigné, s’annonce comme un test important pour la responsabilité des géants des télécoms au Canada.
Rogers, elle, garde le silence.
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