Panne informatique majeure: la SAAQ contrainte de fermer ses succursales
Le ministre de la Cybersécurité et du Numérique, Gilles Bélanger, a pointé du doigt la multinationale américaine. «Ça n’a rien à voir avec SAAQclic, c’est chez Microsoft!»

Geneviève Lajoie
Un petit air de déjà-vu pour les citoyens: la panne informatique majeure qui paralyse les services à la population s’est poursuivie une seconde journée à la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ), qui a même été forcée de fermer ses succursales. Québec met la faute sur la multinationale américaine Microsoft.
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«Les clients qui avaient un rendez-vous seront contactés pour se voir offrir un nouveau rendez-vous dans les jours à venir», a précisé mercredi la SAAQ par communiqué de presse.
Seuls les examens de conduite pratiques prévus mercredi pouvaient avoir lieu. Les autres services ne sont actuellement pas disponibles.
La SAAQ, qui a opéré un virage numérique ayant tourné au vinaigre l’an dernier, a tenu à rassurer les clients quant à leurs informations personnelles.
«Cette panne, liée à un parc de serveurs soutenant plusieurs services de soutien et de mission, empêche actuellement l’accès à plusieurs services. La défaillance empêche l’accès à la solution SAAQclic, même si celle-ci est fonctionnelle. La SAAQ tient à rassurer sa clientèle: les données des clients ne sont pas touchées», peut-on lire.
Le porte-parole Gino Desrosiers a précisé que pour atténuer les impacts de la panne, la société d’État entrevoyait actuellement la possibilité d’allonger les heures d’ouverture et de donner des rendez-vous le samedi.
La faute attribuée à Microsoft, Guilbault évite la presse
La ministre des Transports, Geneviève Guilbault, a évité les journalistes durant toute la journée dans les couloirs de l’Assemblée nationale. Lors de l’étude des crédits, elle a assuré que «tout le gouvernement [était] mobilisé» pour rétablir le système.
«C’est la priorité», a-t-elle dit, soulignant toutefois qu’elle n’était pas «la ministre du cybernumérique». «Ce n’est certainement pas moi qui va régler une panne de serveur chez Microsoft», a-t-elle déclaré.
C’est donc le ministre de la Cybersécurité et du Numérique, Gilles Bélanger, qui a pris la chaleur et pointé du doigt la multinationale américaine. «Ça n’a rien à voir avec SAAQclic, c’est chez Microsoft, Microsoft Azur, qui héberge la solution SAAQclic», a-t-il dit. «C’est pas un hacking!»
Le Québec n’aurait-il pas avantage à laisser tomber l’entreprise fondée par Bill Gates? Le ministre a précisé que des ententes contractuelles liaient actuellement le gouvernement à Microsoft. «Ça ne se fait pas du jour au lendemain», a-t-il insisté. «Il y a des pénalités» prévues lorsqu’on déchire un contrat.
Gilles Bélanger a convenu que cette nouvelle paralysie des services de la SAAQ était «inacceptable». Il ne s’est toutefois pas montré très rassurant quant au moment où les Québécois pourraient à nouveau y avoir accès. «J’espère [jeudi] matin», a-t-il glissé, avant de tourner les talons pour se rendre au Conseil des ministres.
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Les partis d’opposition à Québec ont tour à tour déploré la situation. «C’est un fiasco! À quelle heure la ministre [Geneviève Guilbault] devient[-elle] responsable?» a lancé le chef intérimaire libéral, Marc Tanguay. Pour Québec solidaire, les Québécois ont déjà «surpayé» pour des services qui ne sont pas à la hauteur.
Rappelons que le fiasco de la transformation numérique SAAQclic, qui a forcé la société d’État à fermer ses portes durant trois semaines il y a un peu plus d’un an, coûtera aux contribuables québécois un demi-milliard de dollars de plus que prévu.
Les déboires à la société d’État ont eu raison d’Éric Caire, qui a perdu son poste de ministre de la Cybersécurité et du Numérique. Une commission d’enquête a même été déclenchée pour faire toute la lumière sur ce dépassement de coût monstre, financé à même l’argent public.
– Avec la collaboration de Nicolas Lachance.