Palmarès 2025: une petite école réussit tout un exploit et voici pourquoi
L’école secondaire des Lacs, à La Pêche, est passée du 351e au 86e rang provincial du Palmarès du «Journal»

Daphnée Dion-Viens
L’école secondaire des Lacs, située en Outaouais, a réussi tout un exploit: gravir les échelons du Palmarès du Journal alors que la majorité de ses élèves ont des besoins particuliers.
En 2018, ce petit établissement situé dans le secteur de Sainte-Cécile-de-Masham, à La Pêche, était au 351e rang du classement provincial. Il se retrouve maintenant au 86e rang dans la nouvelle édition du Palmarès des écoles secondaires présenté par Le Journal.
École secondaire des Lacs
| Nombre d'élèves | 225 |
| En retard | 24% |
| EHDAA | 59,1% |
| Résultats (%) | 2024 | Tend. |
|---|---|---|
| Langue d'enseignement | 74,3 | equal |
| Langue seconde | 90,0 | equal |
| Science et technologie | 71,8 | arrow_outward |
| Mathématiques | 76,1 | arrow_outward |
| Taux d'échec | 10,7 | arrow_outward |
| Autres facteurs (%) | 2024 | Tend. |
|---|---|---|
| Surestimation | 1,4 | equal |
| Écarts sexes : langue | F 2,0 | nd |
| Écarts sexes : math. | M 9,9 | nd |
| Taux de retard | 17,9 | equal |
Nombre d’élèves : Le nombre d’élèves inscrits à l’école en 2023-2024. En général, les résultats des petites écoles fluctuent davantage d’une année à l’autre que ceux des grandes écoles. Il faut donc faire preuve de prudence lorsqu’on interprète leurs résultats.
En retard (%) : La proportion d’élèves ayant 16 ans ou plus au début de la 4e secondaire, soit le pourcentage d’élèves plus âgés que la plupart de leurs camarades de classe. Cet indicateur de retard scolaire permet de caractériser la clientèle d’un établissement au moment où elle entame les deux dernières années du secondaire. Un haut taux d’élèves en retard au début de la 4e secondaire peut expliquer en partie une moindre performance de l’école.
EHDAA (%) : La proportion d’élèves de 4e et de 5e secondaire considérés comme «handicapés ou en difficulté d’adaptation et d’apprentissage», qui ont un plan d’intervention avec ou sans diagnostic. Un taux élevé d’EHDAA peut expliquer en partie une moindre performance de l’école.
Classement : La position de l’école dans le classement provincial, soit comment l’école se classe par rapport à l’ensemble des autres écoles de la province. Un classement élevé sur cinq ans signifie que l’école obtient systématiquement de bons résultats. Le classement est fondé sur la cote globale sur dix.
Résultats aux épreuves (%) : Moyenne, en pourcentage, des notes obtenues par les élèves aux épreuves ministérielles de chacune des cinq matières évaluées à la fin du secondaire. La langue d’enseignement et la langue seconde sont évaluées en 5e secondaire; les mathématiques, l’histoire et la science le sont en 4e secondaire.
ND : La mention « nd » apparaît lorsque les données disponibles sont insuffisantes pour le calcul d’un indicateur.
Échec (%) : Cet indicateur présente le taux d’échec dans les cinq matières.
Surestimation (%) : Points de pourcentage par lesquels la moyenne des notes obtenues à l’école dans les cinq matières dépasse la moyenne des résultats aux épreuves uniformes. Une grande différence indique une éventuelle inflation des notes.
Écart sexes (%) : Pourcentage par lequel les garçons réussissent mieux que les filles aux épreuves ministérielles en langue d’enseignement et mathématique, ou inversement. Quand les filles réussissent mieux que les garçons, un F précède la valeur; quand les garçons réussissent mieux que les filles, un M précède la valeur. Un E indique qu’il n’y a pas d’écart entre les notes des garçons et celles des filles. De faibles écarts indiquent que l’école répond bien aux besoins de l’ensemble de ses élèves.
Taux de retard (%) : Proportion d’élèves qui n’ont pas terminé le secondaire dans les délais prévus.
Cote globale (sur 10) : La cote globale permet de mesurer la performance de tous les élèves de l’école sur le plan de l’ensemble des indicateurs. Elle répond à la question suivante : «En général, comment l’école réussit-elle par rapport à l’ensemble des autres écoles figurant dans le Bulletin?» Puisqu’elle est fondée sur des résultats normalisés, la cote globale sur 10 est une mesure relative. Autrement dit, une école doit s’améliorer plus rapidement que la moyenne des établissements pour que sa cote globale progresse. Si l’école s’améliore à un rythme plus lent que la moyenne, sa cote globale reculera.
Tendance : Il s’agit de tout changement statistiquement significatif dans la performance de l’école à l’égard des indicateurs et de la cote globale. Une tendance n’est déterminée que lorsqu’au moins cinq ans de données sont disponibles. Si la performance de l’école s’améliore, une flèche orientée vers le haut arrow_outward apparaît dans cette colonne. Si la performance de l’école se dégrade, une flèche vers le bas arrow_outward y apparaît. Un symbole égal equal indique qu’aucune tendance statistiquement significative n’existe.
«C’est très, très positif pour une petite école comme la nôtre», se réjouit le directeur Stéphane Desjardins.
Son établissement accueille environ 260 élèves cette année, dont près de 60% ont un plan d’intervention.
Un bond de géant en français
Le bond de géant de cette école dans le classement est grandement attribuable aux résultats des élèves en français, qui ont grimpé en flèche depuis huit ans.
La moyenne obtenue à l’épreuve uniforme de français de cinquième secondaire est passée de 61% à... 74% au cours de cette période.
«C’est hot comme résultat!», lance l’enseignante de français Chantal Matthews, arrivée dans cette école en 2017 et qui mise beaucoup sur l’écriture en classe.

Toutes les deux semaines, ses élèves de quatrième et cinquième secondaire rédigent un texte de 200 mots qui sera corrigé par l’enseignante.
Le cours suivant, ils devront réviser leurs erreurs en identifiant des règles de grammaire ou en cherchant des mots dans le dictionnaire. Le «tableau de justification» rempli par les élèves sera alors évalué.
«Je me donne beaucoup, beaucoup de travail, mais je sais que c’est payant. Je pense que ça fait vraiment une différence», affirme Mme Matthews.
Des élèves rencontrés par Le Journal trouvent l’exercice exigeant, mais y voient tout de même du positif. «Ça m’aide de justifier mes erreurs parce qu’après, tu ne peux pas vraiment refaire les mêmes erreurs», affirme Gabriel Girard, un élève de cinquième secondaire.
Au fil des ans, l’équipe d’enseignants a aussi créé des outils pour aider les élèves à développer de meilleures compétences en lecture, qui peuvent les aider dans toutes les matières, ajoute le prof d’univers social Sébastien Lebeau.
«Ça les aide à savoir qu’est-ce qu’on cherche, dans un texte», explique-t-il.
Une équipe-école dévouée
De manière plus générale, cette remontée dans le Palmarès peut être attribuable au dévouement de toute l’équipe-école, ajoute M. Lebeau.
«Les changements majeurs, ce sont beaucoup les actions des profs. Les enseignants en général connaissent bien les jeunes. La clé magique, c’est beaucoup la disponibilité du personnel en général», dit-il.
Des élèves le confirment. «Ici, tu connais tout le monde, lance Sophie Maisonneuve, qui y a obtenu son diplôme en juin. Tu as la possibilité d’interagir autant avec ton directeur qu’avec ton prof de français. Ça aide à créer des liens et ça t’aide dans ton parcours scolaire parce que tu te sens beaucoup plus apprécié.»
Un suivi serré est d’ailleurs fait avec les élèves afin de s’assurer qu’ils sont en bonne voie d’obtenir leur diplôme, ajoute la secrétaire Anne Gervais. «On n’en échappe pas beaucoup», dit-elle.

Depuis quelques années, des familles provenant de l’extérieur du territoire de l’école décident même d’y inscrire leurs enfants en raison de sa petite taille et de ses groupes d’élèves plus restreints, souligne Stéphane Desjardins.
«Pour moi, l’éducation, ça se résume en quatre lettres: le lien avec les élèves, affirme le directeur. Une fois qu’on a des liens avec des jeunes, on peut les amener à peu près n’importe où.»