«Oui, j’ai entendu beaucoup de choses sur Montréal» - Martin Necas
Nicolas Cloutier
Alors qu’à peu près tout le monde le voyait changer d’adresse cet été, et malgré tout ce qui s’est dit sur son avenir avec les Hurricanes de la Caroline, Martin Necas apparaît sincère quand il se dit excité de revenir à Raleigh la saison prochaine. N’empêche, on sent qu’il aurait bien accueilli un échange l’envoyant aux Canadiens de Montréal.
Chandail de sport sur le dos, chaîne au cou, bague noire sur un doigt, Necas s’est entretenu avec TVA Sports dans une ruelle en Tchéquie, le visage en sueur. Interrompions-nous son entraînement? Allez savoir. Le principal intéressé était dans un bon état d’esprit en vue de la prochaine saison.
Il était bien au fait des rumeurs persistantes qui l’ont lié au Tricolore au cours de l’été.
«Oui, j’ai entendu beaucoup de choses sur Montréal, a-t-il admis. Je crois qu’il y avait des discussions entre les deux équipes.»
Les visites dans la métropole québécoise lui ont toujours plu depuis son arrivée dans la Ligue nationale de hockey (LNH).
«Montréal est l’une des plus grandes équipes de la LNH, a souligné Necas. Tu vois la passion des partisans. J’ai vu beaucoup de rumeurs, mais je reste ici [en Caroline]. Je dois dire que le Centre Bell est l’un de mes amphithéâtres préférés. C’est toujours bruyant et la glace est d’excellente qualité.
«Vous savez, la glace n’est pas belle dans tous les arénas, particulièrement là où il fait chaud.»
Au début de l’été, un retour avec les Hurricanes pour Necas apparaissait impossible. La relation entre les deux parties semblait avoir atteint le point de rupture. Trop de rumeurs avaient circulé, trop d’encre avait coulé au sujet de sa volonté de jouer ailleurs.
Contre toute attente, Necas et les Hurricanes ont réussi à sauver leur couple. Ça n’a pas toujours été facile entre Necas et l’entraîneur-chef Rod Brind’Amour la saison dernière. Si les deux hommes ont toujours entretenu de bons rapports à l’extérieur de la glace, leurs divergences d’opinions quant à la façon dont le hockey doit être joué semblaient irréconciliables.
«Je dois lui donner un plus de ce qu’il veut et, en retour, il me donnera la liberté dont j’ai besoin pour pratiquer mon style de jeu, a expliqué Necas, prêt à mettre de l’eau dans son vin. La saison dernière n’a pas été fantastique pour nous deux, disons.
«Avant de prolonger mon contrat avec les Hurricanes, on a eu de longues discussions pour tenter de trouver un terrain d’entente.»
Ce fut un été étrange pour Necas, qui a passé beaucoup de temps avec son agent au téléphone et qui s’entraînait pour être «prêt pour la saison, peu importe où [il allait] jouer».
Il nie avoir refusé une transaction qui l’aurait fait passer aux Sabres de Buffalo, contrairement à ce qui a circulé.
«En fait, on ne m’a même pas parlé de Buffalo, alors... toutes ces rumeurs que vous voyez passer aux nouvelles ne sont pas fondées», a-t-il fait savoir.
Avec «KK» ?
Necas s’est efforcé de le répéter au cours de l’entrevue: «Je suis content et fébrile d’être de retour en Caroline.»
Il trépigne d’impatience à l’idée de rebondir après une saison en deçà de ses standards, tant pour lui qui s’est contenté de 53 points, que pour les Hurricanes qui ont vu leur chemin s’arrêter trop tôt, au deuxième tour des séries éliminatoires.
Les Hurricanes ne présenteront plus le même visage à l’attaque. Jack Guentzel a choisi le Lightning de Tampa Bay. Teuvo Teravainen s’est lui aussi prévalu de son autonomie pour rejoindre les Blackhawks de Chicago.
Pour Necas, cela pourrait signifier des responsabilités accrues. Il croit pouvoir amasser 82 points s’il parvient à jouer au sommet de son potentiel.
«C’est toujours difficile à dire, car tu as besoin de l’aide de tes compagnons de trio et de temps en avantage numérique, a-t-il nuancé. Je peux être un joueur d’un point par match. C’est à moi d’en faire la démonstration à tout le monde.»
Et si c’était avec Jesperi Kotkaniemi? Les projections du site web Daily Faceoff placent justement Necas à droite de l’ancien joueur de centre des Canadiens, au sein du deuxième trio.
«Nous avons joué ensemble il y a deux ans, a rappelé Necas. Nous formions un trio avec Andrei Svechnikov. Je trouve que nous étions plutôt efficaces. Évidemment, Kotkaniemi a eu une saison un peu difficile, mais son potentiel est encore assez bon. Il est gros, il peut jouer physique. Il a un très bon tir, qu’il doit seulement utiliser davantage.
«Il est certainement meilleur que ce qu’il a montré jusqu’ici. Je ne suis pas inquiet pour lui.»
Sur le bord de la piscine, contre son gré
Fin février, Necas sera en vacances. Détrompez-vous, ça ne l’enchante pas outre mesure.
C’est que, Necas aurait préféré participer au tout nouveau tournoi des 4 Nations de la Ligue nationale de hockey, mais la Tchéquie ne fait pas partie des quatre puissances que sont le Canada, les États-Unis, la Suède et la Finlande.
Le principal intéressé fait tôt de rappeler, d’ailleurs, que les Tchèques sont pourtant champions du monde, eux qui ont gagné le dernier Championnat mondial de hockey de l’IIHF au mois de mai.
«J’imagine que je regarderai le tournoi sur le bord d’une piscine, verre à la main. Ce n’est pas fantastique. Évidemment, on voulait être là-bas. On est champions du monde, n’est-ce pas?
«Ç’aurait été bien de nous inclure avec la Slovaquie, pour qu’on forme la Tchécoslovaquie comme à l’époque. On aurait été assez compétitifs, je crois.»
Il admire Kovalev, son mentor
L’éclosion de Necas en 2022-2023, saison durant laquelle il a empilé 71 points, coïncidait avec le début d’une collaboration à distance avec l’ex-magicien des Canadiens Alex Kovalev, qui lui donnait des trucs par visioconférence.
«Il a toujours insisté pour que je joue davantage à l’intérieur des points de mises au jeu, a confié Necas. J’avais souvent l’habitude de traîner le long des rampes. Lors des deux dernières années, j’ai marqué plus de buts dans l’enclave, d’ailleurs.»
Même si, par les temps qui courent, Kovalev est tenu occupé par ses fonctions d’entraîneur adjoint avec le Spartak de Moscou dans la KHL, Necas est reconnaissant des précieux conseils prodigués par son mentor.
Necas, lui-même un joueur très talentueux et électrisant en possession de la rondelle, voue un profond respect à l’artiste.
«La raison pour laquelle j’ai travaillé avec lui est fort simple. C’était un joueur incroyable. [...] Je l’ai rencontré quelques fois en personne à New York. C’est fou à quel point il est fort. Je me souviens des vidéos de lui qui décochait des tirs à une main, à l’époque où il jouait avec les Canadiens.»