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L'article provient de Le Journal de Montréal
Politique

Ouf ! Quelle campagne exténuante !

François Legault lors du Face-à-Face à TVA.
François Legault lors du Face-à-Face à TVA. Photo d’archives, Martin Chevalier
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Photo portrait de Denise Bombardier

Denise Bombardier

2022-10-01T09:00:00Z
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La campagne électorale nous a renvoyé l’image d’un Québec enragé, agressif et perturbé. Les chefs de parti nous ont bombardés de promesses dont on a vite compris qu’elles étaient souvent improvisées et sans queue ni tête.

De toute ma vie de journaliste, depuis les années soixante en fait, je n’ai jamais assisté à un spectacle pareil. Je ne me souviens pas d’avoir éprouvé autant d’émotions négatives en voyant des leaders s’insulter, se mépriser, s’exprimer dans une langue à la fois grossière et si formatée sur le modèle technocratique qu’elle nous laissait devant un contenu indéchiffrable. 

Pour tout dire, cette campagne a été une expérience épuisante pour les passionnés de la politique. 

Paul St-Pierre Plamondon, un homme habité par sa foi en l’indépendance, s’exprime avec intelligence et politesse. Rien d’étonnant qu’il ait si bien tiré son épingle du jeu et sorte grand gagnant de l’exercice. Il a laissé dans l’esprit de l’opinion publique l’image d’un Québec sérieux, éduqué, respectueux des autres et modéré. 

Violence

Je n’ai jamais connu une campagne électorale où le clash des générations a été aussi violent. À vrai dire, les attaques sans merci contre le « vieux » François Legault, « l’homme d’un autre siècle », ont fini par le toucher et à l’évidence le blesser au point de lui faire perdre ses moyens et l’entraîner sur des voies de traverse où il semblait errer à certains moments. 

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Gabriel Nadeau-Dubois, grisé par la ferveur de ses supporters dont une partie ressemble aux fans des vedettes du show-business, s’est révélé encore plus agressif et plus coriace qu’il ne le souhaitait sans doute. 

Le jeune homme caustique et arrogant devra s’amadouer lorsqu’il se retrouvera à l’Assemblée nationale. Si d’aventure il se retrouve chef de l’opposition, il aura intérêt à ne pas devenir l’irritant officiel du parlement et à se comporter en politicien humble et ouvert plutôt qu’en donneur de leçon. 

L’on peut sans exagération décrire Dominique Anglade du PLQ comme la battante en chef de cette campagne. Malgré des sondages aussi inquiétants que dévastateurs, elle a réussi à passer à travers cette campagne avec une énergie croissante. 

L’image qu’elle projette est à l’opposé de l’état d’esprit des libéraux francophones, incapables de cacher leur découragement en attendant l’issue des résultats de lundi soir prochain. 

Mystère

La vitalité de Mme Anglade, au contraire, donne l’impression que, quoi qu’il arrive, elle demeurera la cheffe de son parti en train de se déliter. On se demande si Dominique Anglade, qui a changé son fusil d’épaule sur tant de sujets au cours des années, vit dans le réel ou pratique l’automotivation. Il faut croire que la politique est un virus mystérieux pour qui l’attrape.

Quant à Éric Duhaime, il demeure le même provocateur radiophonique qui lui valait sa notoriété. Il dirige le PCQ où se retrouvent à la fois ses fans de Québec et des complotistes dont on pourrait croire qu’il les instrumentalise électoralement. Ou est-ce plutôt ces derniers qui, en s’abreuvant aux sources de la droite radicale, trouvent en lui le guide pouvant leur ouvrir les portes de l’Assemblée nationale ? 

La CAQ de François Legault, si réélue lundi en début de soirée, sera condamnée à tendre la main à ses adversaires si elle veut éviter de provoquer une crise politique d’envergure.

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