Les oublis ponctuels sont un phénomène fréquent, qui va par ailleurs croissant avec l’âge; leur intensification est source d’inquiétudes pour beaucoup, puisqu’elle peut annoncer les premiers signes d’une démence.

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Perdre la mémoire, c’est aussi perdre sa subjectivité, son identité. Pour plusieurs, il s’agit de l’un des scénarios les plus redoutés.

Certains oublis ponctuels, tout à fait normaux peuvent de fait devenir indument inquiétants. En effet, qui n’a jamais eu du mal à se souvenir d’un nom pourtant connu, d’un détail autrefois très bien su.

Qui encore n’est jamais entré dans une pièce sans se souvenir pourquoi il s’y était rendu?

S’il convient de ne pas s’alarmer à tort de ces oublis ponctuels, qui n’ont généralement rien d’alarmant, il importe tout autant de ne pas ignorer les premiers signes de la démence.

Heureusement, certains signes ne mentent pas lorsqu’il s’agit de savoir si, concernant sa propre santé mentale ou celle de proches, ces oublis sont inoffensifs, ou au contraire conséquents.

Des oublis systématiques

La professeure Hana Burianova rappelle l’importance de ne pas systématiquement stigmatiser les personnes âgées.

En effet, une grande partie des «oublis» typiques des personnes âgées, par ailleurs en bonne santé, pourrait être due au fait qu'elles ne sont pas attentives en premier lieu, explique la neuroscientifique à l'université de Bournemouth et conseillère pour la marque britannique de compléments alimentaires Healthspan.

«Une personne peut oublier des conversations qu'elle vient d'avoir, se perdre dans un endroit qu'elle connaît bien ou oublier l'itinéraire pour rentrer chez elle, bien qu'elle l'ait fait un nombre incalculable de fois auparavant», détaille Dr Burianova.

La différence réside toutefois dans la fréquence accrue de ces oublis, pointe la professeure.

«N'importe qui peut oublier d'éteindre la cuisinière, mais chez une personne atteinte de la maladie d'Alzheimer, cela se reproduit sans cesse», explique-t-elle.

Une répétition compulsive

La plupart d'entre nous connaissent des proches qui racontent les mêmes histoires depuis des années.

Cependant, contrairement à tel proche qui raconte la même histoire chaque fois que vous lui rendez visite, une personne atteinte de la maladie d'Alzheimer répétera les mêmes informations encore et encore, souvent dans un court laps de temps.

«Une personne atteinte de la maladie d'Alzheimer répétera quelque chose trois fois de suite. C'est un symptôme de sa perte de mémoire à court terme», explique la Dr Burianova.

De soudains changements d'humeur

Si votre proche, par ailleurs calme, devient soudainement anxieux ou déprimé, il pourrait s'agir de bien plus qu'une crise de la quarantaine.

«Les premiers signes de la démence frontotemporale (DFT), dont souffre Bruce Willis, comprennent des changements de personnalité. C'est très difficile, car les gens deviennent déprimés et anxieux», explique la professeure.

Quelqu'un essaiera de comprendre pourquoi son bien-aimé souffre de troubles mentaux, mais c'est plus que cela: c'est parce qu'une partie du cerveau se détériore.

De brusques difficultés à parler

Si une personne qui parlait couramment auparavant se met soudain à trébucher sur ses mots, il convient de s’interroger, signale la professeure.

«Il peut s'agir d'une aphasie, c'est-à-dire d'une difficulté à parler et à comprendre le langage, qui peut être causée par la DFT», explique-t-elle.

Bruce Willis a récemment mis en lumière cette forme de démence, en révélant que c'est sa difficulté à parler qui lui a permis de savoir qu'il était atteint de cette maladie.

«Vous pouvez être en train de leur dire quelque chose et vous rendre compte qu'ils ne comprennent pas. Ou bien ils commencent à bégayer ou à trébucher lorsqu'ils essaient de produire du langage», ajoute la spécialiste.

Des changements de personnalité 

Si un proche, normalement prude et réservé, commence à raconter des blagues grossières, il pourrait s’agir d’un signe de démence.

«Selon le type de démence dont vous souffrez, votre personnalité peut changer une fois que le cortex préfrontal commence à être affecté», explique la professeure.

«Il peut y avoir beaucoup de peur ou de TOC (troubles obsessionnels compulsifs), vous pouvez devenir particulièrement obsessionnel et certaines personnes deviennent désinhibées», ajoute-t-elle.