Oubliez Québec: la LNH s’en va à Houston et Atlanta, prédit l’agent Allan Walsh

Nicolas Cloutier
Dans l’absolu, les tarifs douaniers imposés au Canada ne changent rien aux chances des Nordiques de Québec ou d’une quelconque expansion de la Ligue nationale de hockey (LNH) au Canada. Ça ne change rien, car on ne peut aller plus bas que 0%, qui était essentiellement le statu quo.
«J’ai toujours appuyé un retour de la LNH à Québec. C’est un marché de hockey, ils ont l’amphithéâtre. Mais Gary Bettman a été assez clair, il n’en veut pas, d’expansion là-bas. Si j’avais à faire une prédiction, la ligue s’en va à Houston et Atlanta», affirme avec une certaine confiance le très influent agent de joueurs Allan Walsh, reconnu pour sa férocité et sa passion singulière, lorsque vient le temps d’aller au front pour ses clients.
«Non, ce n’est pas du tout [encourageant pour Québec], se prononce de son côté Allain Roy, autre agent d’importance de la LNH. Tu imagines, si on avait 12 équipes canadiennes dans la ligue en ce moment? Eh, boy!»
«Pour qu’on dise qu’il y ait moins d’intérêt pour une expansion au Canada, le prérequis, c’est qu’il y ait de l’intérêt à la base, analyse froidement Kevin Gilmore, ancien vice-président exécutif et chef de l’exploitation chez les Canadiens de Montréal. Pour que l’appétit augmente, il faut qu’il y ait un appétit pour commencer...»
Voilà qui met la table. Pas que vous étiez surpris, mais enfin.
Atlanta, vraiment
Non, la surprise vient plutôt de la déclaration de Walsh, qui nous prépare à un deuxième retour de la LNH dans la ville d’Atlanta après les échecs des Flames (1972 à 1980) et des Thrashers (1999 à 2011).
La folie, n’est-ce pas refaire les mêmes erreurs en s’attendant à des résultats différents? Manifestement, le circuit Bettman ne voit pas les choses du même œil.
Et c’est à travers ces expansions à Houston et Atlanta que les coffres de la LNH pourraient être remplis à ras bord, assez pour mitiger tout impact néfaste des tarifs sur les finances de la ligue.
«Disons que la LNH a pratiquement mis en place un plan d’expansion pour la prochaine convention collective, indique Walsh. Je m’attends à des frais de 1,5 G$ par équipe pour rejoindre le country club. C’est 3 G$ dans les poches des propriétaires.
«Alors, si les tarifs font mal, tout devrait être absorbé par l’expansion.»
Si vous vous demandez à quel point un retour à Atlanta est concret dans les ambitions de Bettman et ses sbires, la réponse est: plus que vous ne le pensez.
«Ce que je sais, c’est que la LNH s’est rendue à Atlanta. Des dirigeants de la ligue ont assisté à une présentation faite par un groupe d’investisseurs et en sont ressortis soufflés.»
Ce groupe d’investisseurs milliardaires aurait désigné comme représentant l’analyste de TNT et ancien attaquant de la LNH Anson Carter.
«Je laisserai à ce groupe le loisir de se présenter, s’il le veut bien», répond Walsh, lorsqu’on lui demande de révéler l’identité de ces milliardaires.
Ça ne prend pas un détective pour trouver les acteurs cependant. Le groupe en question, Alpharetta Sports & Entertainment Group, est composé de Neil Leibman, actionnaire des Rangers du Texas dans la Major League Baseball, Peter Simon, PDG de la firme d’investissement sportive Simon Sports, et Aaron Zeigler, président du Zeigler Automotive Group, qui possède plus de 80 concessionnaires automobiles dans le Midwest américain.
Les joueurs voudront leur part
Walsh ne peut s’empêcher de rire, quand on demande à ce fervent défenseur des droits des joueurs si ces derniers recevront une part de l’immense gâteau de 3 G$.
Comme c’est le cas actuellement, les frais d’expansion sont partagés entre les propriétaires. Et ça chicote un peu les agents et le syndicat en coulisses.
«Les joueurs devraient toujours recevoir une part des frais d’expansion, plaide Walsh, sans surprise, mais en accordant son entière confiance au syndicat mené par Marty Walsh. Le point de vue des proprios, c’est que les frais bénéficient aux joueurs, qui obtiennent ensuite des contrats plus onéreux.
«Et chaque nouvelle équipe représente 23 nouveaux contrats, un autre élément bénéfique. Mais ce n’est pas suffisant pour que ce soit équitable et pour justifier que les proprios conservent l’entièreté des frais d’expansion.»
Son collègue Allain Roy abonde naturellement dans le même sens.
«Dans une ligue où les revenus sont partagés 50-50 entre les proprios et les joueurs, pourquoi on ne partage pas les frais d’expansion? s’interroge-t-il. Je ne comprends pas ça.»
«Les joueurs qui ont contribué à la croissance du sport doivent être récompensés, lorsque la ligue élargit ses cadres, ajoute Walsh. Une façon de les récompenser est de partager les frais d’expansion. Mais encore là... c’est une question pour la LNH.»