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L'article provient de Le Journal de Montréal
Affaires

Où vont vos impôts: les frais administratifs de l’aide internationale coûtent des milliards à Ottawa

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Gabriel Côté

2025-11-03T05:00:00Z
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Ottawa a versé plus de 73,5 milliards de dollars en aide internationale depuis une dizaine d’années... dont plus de trois milliards en «frais administratifs» seulement.

• À lire aussi: Où vont vos impôts: la Chine a reçu 123 M$ d’Ottawa en aide internationale depuis 2015

Ces derniers temps, ces dépenses ont beaucoup augmenté, passant de 3,6 G$ en 2015-2016 à 12,2 G$ en 2023-2024, après avoir atteint un sommet de 16 G$ l’année précédente.

Les données du fédéral montrent que la guerre en Ukraine est l’un des facteurs déterminants de cette augmentation. Depuis trois ans, ce pays a en effet reçu plus de 7,7 G$ d’Ottawa, alors qu’il recevait auparavant entre 50 et 70 M$.

Parmi les autres gros bénéficiaires pendant cette période, on compte notamment l’Éthiopie (1,8 G$), la République démocratique du Congo (1,2 G$), le Nigéria (1,2 G$), l’Afghanistan (1,6 G$) et le Bangladesh (1,5 G$).

Mais des dizaines de millions sont aussi envoyés chaque année à des pays qui sont pourtant des puissances économiques, comme l’Inde ou la Chine.

Dans l’ensemble, les frais administratifs qui accompagnent les initiatives appuyées par le Canada coûtent assez cher (environ 3,3 G$ depuis 2015).

Générosité et pouvoir d’influence

Même si le budget d’aide internationale d’Ottawa ne représente bon an mal an qu’entre 0,3 et 0,4% du PIB, ce sont là des montants considérables. À titre de comparaison, le déficit du fédéral était de 61,9 G$ en 2023-2024.

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Pour le directeur de l’Institut d’études internationales de Montréal (IEIM) de l’UQAM, François Audet, ces dépenses ont toutefois leur importance.

François Audet, de l’Observatoire canadien sur les crises et l’aide humanitaire.
François Audet, de l’Observatoire canadien sur les crises et l’aide humanitaire. Courtoisie, Photo d'archives

«Pour les pays comme le Canada, l’aide internationale est une manière de démontrer une forme de solidarité envers d’autres pays qui font face à des drames humanitaires ou à des catastrophes naturelles, mais aussi de préserver un pouvoir d’influence à l’échelle mondiale», explique-t-il.

«Ça sert une multitude d’intérêts, et ça peut avoir des impacts jusque dans les négociations commerciales. Il y a d’ailleurs un retour sur investissement, car quand on a été là pour d’autres pays, ils peuvent éventuellement nous rendre la pareille.»

Une baisse en vue?

Par ailleurs, il se peut fort bien que l’on assiste à une diminution des dépenses d’Ottawa en aide internationale dès le prochain budget.

«Depuis le nouveau mandat du président américain Donald Trump et la fermeture de l’agence des États-Unis pour le développement international (USAID), il y a moins de pression pour mettre de l’argent sur la table quand des catastrophes surviennent», souligne le professeur.

«Puis, avec les gros investissements en défense, il y a nécessairement moins d’argent pour autre chose... Il faut espérer que la solidarité internationale continue tout de même», conclut-il.

Avec la collaboration de Charles Mathieu

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